Comment faire une description de lieu dans un roman, ou une description tout court, est d’abord une question aussi essentielle que celle qui consiste à se demander comment faire une intrigue. Le fait est que les deux choses sont liées. Une description doit être cohérente avec l’intrigue du roman où elle prend place.

Elle en accompagne les différentes circonvolutions et en soutient le rythme. Elle peut être historique, sentimentale ou géographique.

  • Oui, mais comment faire au juste ?
  • Comment éviter qu’une description, quelle qu’elle soit, ne devienne un « pensum » qui fait fuir les lecteurs ?

Les romans de Balzac paraissent bien difficiles à lire aujourd’hui autrement que dans le cadre d’études de littérature. Comment, en effet, supporter, par exemple, les 28 pages de description, ou d’exposition, qui débutent « Le lys dans la vallée » ? Pour prévenir un éventuel ennui, même à son époque, l’auteur s’en excuse, par avance, auprès de ses lecteurs en disant notamment :

Ce léger croquis d’une jeunesse, où vous devinez d’innombrables élégies, était nécessaire pour expliquer l’influence qu’elle exerça sur mon avenir. »

Bon, très bien, nous acceptons les excuses, parce que c’est Balzac. Mais, pour les auteurs d’aujourd’hui, cela n’est pas recevable. Alors, commençons par sérier les problèmes et par ne s’intéresser qu’à la description de lieu dans un roman.

Ce que nous avons appelé la description géographique. Question de sémantique.

Ce n’est là, évidemment, qu’une fraction du problème, mais, sans aucun doute, une des plus importantes. Et pour faire une super description de lieu dans un roman, les 3 recommandations suivantes sont incontournables.

Il y en a sûrement d’autres, mais celles-là, on ne peut y échapper.

1 – Décrire un lieu de façon réaliste

C’est la première chose à faire quand on écrit un roman qui se déroule dans un environnement contemporain ou passé. Dans un cas comme dans l’autre, les anachronismes sont tout simplement inacceptables. Un détail de cette sorte peut nuire définitivement à la crédibilité de l’auteur.

En tant que lecteur, par exemple, vous habitez Pau et ne voilà-t-il pas que vous tombez sur une page d’un récit contemporain, où l’auteur y décrit une action à Pau se déroulant dans le nouveau tramway. Mais quel tramway ?

Comment est-il possible de confondre bus à hydrogène et tramway ? Il n’y a plus de tramway à Pau depuis belle lurette et on n’en a remis aucun en service.

Ce n’est pas possible de décrire une chose pareille et vous allez l’écrire à l’auteur. Quant à poursuivre la lecture du roman, vous n’êtes plus aussi chaud, car le reste vous paraît désormais à l’avenant.

 

Description d’un lieu visité, touristique ou naturel

Alors, comment faire, concrètement, une description de lieu dans un roman, d’un lieu que l’on a visité ou encore qui est touristique ou naturel ?

Quand on a visité un lieu dont on va utiliser la description dans un roman, les choses sont relativement simples, surtout si on s’y est préparé. Il suffit, en effet, d’ouvrir en grand ses yeux et ses oreilles et de laisser toutes les sensations du lieu envahir vos sens, odorat, chaleurs, intensité des couleurs, compris.

Et ce n’est pas tout.

 

Décrire un lieu réaliste
Décrire un lieu réaliste

Les impressions, de mal-être ou de bien-être, sont également importantes. Quasi viscérales, elles constituent la base de la future description de lieu.

Il ne faut pas en perdre une miette. Tous les moyens sont bons pour en garder le souvenir. Appareil photo, archives, prise de notes, scrapbooking.

Cela veut-il dire qu’on ne peut pas faire une description de lieu dans un roman sans y être allé ? Non, bien sûr. Contrairement à ce qui peut être dit.

 

Description de lieu dans un roman après recherche documentaire

En effet, s’il faut avoir visité chaque lieu avant de le décrire dans un roman, cela risque d’être un peu compliqué ou restrictif. Alors oui, il est tout à fait possible de faire une description de lieu dans un roman sans y être jamais allé.

Après tout, pour décrire des arbres ou des plantes, nul besoin de se perdre dans une forêt, ni de parcourir tout un tas de champs boueux. Mais, cela demande de l’organisation et de la méthode pour que la description soit réaliste.

A défaut de s’être rendu, en vrai, sur une scène de roman, il faut être très bien documenté. Heureusement, il y a internet.

Et il y a les fiches. Il faut faire autant de fiches que nécessaires.

Comme si vous étiez allé, réellement, sur place. Si le travail a été bien fait, les lecteurs bêta de votre manuscrit n’y verront que du feu. Super, non !

Vous allez, enfin, pouvoir voyager à votre guise et voir de nouvelles contrées avec les yeux de vos personnages.

Et puis, une description de lieu dans un roman n’est pas une description ethnographique.

 

2 – Limiter la description à quelques détails clés

Une description très détaillée a de fortes chances d’être ennuyeuse. Une description de lieu dans un roman n’a pas une vie propre. Surtout à l’époque contemporaine. Elle a pour but d’appuyer et d’encadrer le cours sinueux de l’intrigue. Une bonne façon pour y parvenir est de se référer aux plans cinématographiques.

Dans un plan célèbre du film de Hitchcock, « La mort aux trousses », on voit le personnage principal, Roger Thornhill, alias George Kaplan, seul, au bord d’une longue route, sans aucun véhicule et traversant, en ligne droite, une grande plaine, avec de vastes champs de céréales, sous un ciel sans limites et sans nuages.

La solitude du personnage est ainsi accentuée par trois détails « désertiques » du paysage filmé par le cinéaste. La route, la plaine, le ciel. De sorte que, lorsque surgit un petit avion agricole, la tension monte d’un cran, alors même qu’il ne s’en est pas encore pris à Roger Thornhill, mais on comprend que c’est ce qu’il va faire, avant même qu’il l’ait fait. Du grand art !

Or, un scénario n’est jamais qu’un roman en réduction. Et penser « scénario » aide à visualiser une scène et à la retranscrire dans un roman.

 

3 – Ajouter des sensations à la description

On l’a déjà évoqué précédemment. Une description de lieu dans un roman se fait avec les cinq sens. Ce n’est pas parce que la vision est notre principal sens que nous devons ignorer tous les autres.

Un lieu, c’est donc ce que nous voyons, mais aussi ce que nous sentons, ce que nous entendons, ce que nous goûtons et ce que nous touchons. C’est également ce que nous ressentons. Par exemple :

Votre personnage de roman est sur une plage, au bord de l’océan. Cette plage est bordée de falaises aux pieds desquelles se sont accumulés les bois de flottage. La marée est basse. Il fait beau, le ciel est presque sans nuages. Et ainsi de suite. Mais ce n’est là qu’une vision des choses.

Les vagues se succèdent les unes aux autres avec un petit clapotis. Une légère brise fait frissonner votre personnage à l’instant où un petit nuage vient voiler le soleil. Deux mouettes virevoltent en poussant des cris aigus. Une odeur de lichens desséchés embaume l’air. Une multitude de sensations s’ajoutent à la vision.

Le temps est comme suspendu. Face à l’océan, les bras croisés, votre personnage a le regard fixé sur l’horizon.  A quoi pense-t-il ? Quelle décision va-t-il prendre ?

 

Un lieu, qu'est-ce que c'est ? Il s'agit d'un endroit dans lequel nous sommes et qui nous marque.
Un lieu, qu’est-ce que c’est ? Il s’agit d’un endroit dans lequel nous sommes et qui nous marque.

Ce moment, décisif dans la suite de l’histoire, est d’autant plus significatif qu’il est enveloppé et soutenu par une description qui fait jouer tous les sens.

Un lieu, qu’est-ce que c’est ? Il s’agit d’un endroit dans lequel nous sommes et qui nous marque. Nous dit la blogueuse de « La sorcière des mots ».

 

Une description de lieu dans un roman fantastique ou imaginaire

Les trois recommandations précédentes sont également valables pour un roman se déroulant dans un univers fantastique, peuplé d’elfes, par exemple. Mais, comment est-ce possible ?

Comment une description peut-elle être réaliste dans ces conditions ? Pour les deux autres recommandations, on le comprend, sans peine, mais, pour ce qui concerne le réalisme, on a du mal à le concevoir.

 

Comme on l’a indiqué, plus haut, avec l’exemple du tramway et du bus à hydrogène, ce qui gêne le lecteur, c’est l’anachronisme. Pas le manque de réalisme, en tant que tel.

  • Comment dire, en effet, par exemple, qu’un roman historique est réaliste ?
  • Qu’en sait-t-on, au juste ?

Si on décrit des lieux à l’époque de Richelieu, le réalisme consiste à ne pas y inclure des outils qui ne peuvent pas y avoir été utilisés, comme un stylo-bille. Mais, pour le reste, vous n’avez à votre disposition que des conjectures. Variables, selon les auteurs.

Il en est de même pour un roman fantastique ou complètement imaginaire. Sauf, que l’univers dans lequel il se déroule a des règles qui lui sont propres et qu’il appartient à l’auteur de préciser.

Ce sont ces règles qui vont déterminer ce qui est réaliste et ce qui ne l’est pas dans cet univers. Ce n’est plus une question d’anachronisme, mais de cohérence.

Si dans un chapitre, l’atmosphère est toxique pour les personnages, elle l’est encore dans les chapitres suivants, sauf bouleversement des conditions de vie dans cet univers. Bouleversement qui devient alors un élément de l’intrigue.

 

Exercices de description de lieu dans un roman

Comme pour toute chose, on s’améliore en s’entrainant. Il en est de même pour les descriptions de lieu dans un roman.

A partir d’une photo quelconque, on peut commencer à s’entrainer en décrivant les lieux en s’efforçant de respecter quelques consignes simples. Le but étant d’éviter les banalités et les poncifs.

 

« Le ciel est bleu »

Dans cet exercice, il s’agit de remplacer le verbe « être » et l’adjectif « bleu ». Par exemple, « En sortant, Marcelin se tourna vers sa compagne et lui dit : – as-tu remarqué comme le ciel, aujourd’hui, a une couleur d’un indigo presque transparent. On dirait qu’il enveloppe chaque chose d’un voile de légèreté. Et en disant cela, il en profita pour l’embrasser avec tendresse. »

Bon, c’est beaucoup plus long. Mais, c’est aussi beaucoup plus agréable. Le cœur et les émotions sont de la partie.

 

Exercises de description de lieu dans un roman
Exercises de description de lieu dans un roman

« Je sens que la montagne rugit de plaisir »

Dans cet exercice, il s’agit d’oublier qu’on peut voir et que les êtres ont un état. L’idée est de faire ressentir plutôt que de photographier et de laisser les êtres s’exprimer, plutôt que de les confiner dans un état. Et là, l’emploi de métaphores est bien utile.

C’est évidemment un peu plus compliqué que d’écrire : « je vois bien que la montagne est belle. »

 

Une description fait toujours partie d’une intrigue

On peut faire bien d’autres exercices. L’important est de se rendre compte qu’on peut écrire de manière beaucoup plus plaisante quand on prend la peine de chercher à utiliser toutes les ressources qu’une langue romane comme la langue française peut offrir.

  • Faire ou ne pas faire une description de lieu dans un roman ?
  • Décrire un atelier ou décrire une maison est-ce vraiment important ?
  • La question se pose-t-elle vraiment ?

On peut bien s’amuser à éviter toute description et à ne « voir » les choses que du point de vue intérieur du narrateur. C’est ce qui se passe quand quelqu’un a l’habitude d’aller régulièrement dans un même lieu.

Mais, il n’en reste pas moins que cela reste une description et un facteur d’ambiance ou d’atmosphère. Peut-on se passer dans un roman d’ambiance et d’atmosphère ?

Bien sûr que non ! Sans quoi, on n’est plus dans un roman. On peut donc dire que la description est bien consubstantielle au roman.

9 comments

  1. Bonjour,

    Moi qui suis actuellement dans l’écriture d’un roman, je trouve vos indications tout à fait judicieuses et intéressantes.

    En vous remerciant,
    D.Matagne

  2. Vos conseils sont très intéressants. Je souhaite concrétiser le rêve de ma vie dont le but est d’écrire un roman. J’ai beaucoup d’inspiration et d’idées pour écrire, mais je n’arrive pas à démarrer mon projet, car j’éprouve toujours des difficultés à ouvrir un chantier sur le chemin de l’écriture. La raison est que je n’arrive pas à trouver une méthode adéquate me permettant de synchroniser la narration avec la description et les dialogues. Merci de bien vouloir m’apporter dans la mesure du possible une aide susceptible de me permettre de surmonter cet handicap qui ne cesse de me préoccuper. Par ailleurs, je précise que les commentaires et publications sur les réseaux sociaux sont très appréciés. Ci-joint mon E-mail, pour toute information complémentaire .

  3. Je grapille des infos sur tous les sites que je peux trouver et le votre est quasiment toujours le plus pertinent, merci pour ces précieux conseils avisés.

  4. Salut. Je suis sur l’écriture d’une œuvre où les personnages se trouvent en Egypte et bien que je sois pas douée pour les descriptions, on me l’a reproché et je sais pas trop comment faire. J’essaie mais c’est toujours pas assez. En fait je considère les nombreux détails un peu comme ‹ trop long › et que pat le style de language des différents personnages, les lecteurs sont déjà sensés deviner certaines choses. Par exemple si je dit que la scène se déroule dans un palais luxueux, ils sont déjà sensé deviner un décor extrêmement sublime . En fait j’ai vraiment du mal. Que pouvez-vous me conseiller s’il-vous-plaît ?

    1. Bonjour,

      En effet, il est important pour les lecteurs d’apporter un maximum de détail afin qu’ils puissent s’immerger complètement dans votre histoire. Pour cela, vous pouvez par exemple regarder des documentaires ou lire des articles afin d’avoir un maximum de détails à apporter.

      Bon courage

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