A priori, quand on se dit prêt à écrire, c’est qu’on a une bonne idée de ce qu’on va faire. Laissons de côté les cas, fréquents, où on veut écrire, on a ça dans le sang, dit-on à qui veut l’entendre, mais où on ne sait vraiment pas quoi. le projet d’écriture reste ainsi toujours dans des limbes d’autant plus séduisantes qu’elles se referment sur un possible merveilleux qui ne voit jamais le jour.

Non, intéressons nous plutôt, au trop plein. Au trop plein de sujets. Voyons plutôt ce qu’il advient, ou peut advenir, d’idées bien réelles, voire même d’idées en partie formalisées dans des projets éditoriaux.

La difficulté ici c’est de répondre de la façon la plus juste possible à la question : quel sujet choisir pour écrire ? Faute de savoir y répondre de manière satisfaisante, cette question peut devenir lancinante et même angoissante. Alors qu’en est-il exactement. 

 

D’où vient l’abondance de sujets ?

D'où vient l'abondance de sujets - coollibri.com
D’où vient l’abondance de sujets – coollibri.com

Les grands lecteurs sont plus sujets que d’autres à l’abondance de sujets s’il leur prend l’envie d’écrire à leur tour. Mais, c’est quoi un grand lecteur ? L’approche se doit d’être à la fois quantitative et qualitative. 

 

Qui sont les non lecteurs ?

Mais avant cela, pourquoi y a t-il des non lecteurs et est-ce que des non lecteurs peuvent devenir des écrivains ? C’est surprenant, mais des personnes qui disent ne jamais lire, ça existe et même plus que jamais. La faute à la télévision, aux réseaux sociaux, etc. ? Peut-être. En tout cas, pas seulement. Il y a aussi et surtout un rejet de la lecture et de ce qui  va avec.

La lecture prend trop de temps

Tout d’abord, une certaine lenteur. Lire, quoi qu’on en dise, ça prend du temps. Et ce n’est pas tout sous ce chapitre. Il reste quand même difficile de lire n’importe où. Il faut donc choisir les moments et les lieux pour lire. Cela ne facilite évidemment pas la vitesse de la lecture. Résultat des courses, un tiers des lecteurs ne vont pas au bout de leur lecture.

La statistique ne dit pas tout. Peut-être que le livre abandonné par son lecteur est tout simplement mauvais. Mais, après tout, pourquoi faudrait il lire vite ?  Un bon livre, ça se déguste ! C’est ce qui se passe presque toujours quand ce livre est un classique. Reste cette autre catégorie de livres, celle qui se trouve entre les bons et les mauvais, celle qui concerne tous ces livres qu’on lit par obligation. Professionnelle, scolaire, pour faire bien, pour faire comme les autres, parce que les journaux en parle, etc. ..

Là, c’est simple. Sachant qu’il y a en gros 250 mots par page et qu’on lit en moyenne, justement, 250 mots par minute, le calcul est facile à faire. Pour lire un livre standard de 200 pages, il faut compter en moyenne 3 heures et quelque. Pour un non lecteur, c’est carrément déprimant. D’autant qu’on est pas sûr d’y trouver les sujets  qu’on y recherche.

 

La lecture est source d’incertitudes

Evidemment, si on doit dégager plusieurs heures de temps de cerveau disponible pour lire un livre qui ne rapporte strictement rien, on peut être tenté de justifier son rejet de la lecture en disant qu’il y a des moyens bien plus modernes aujourd’hui pour collecter des informations sur un sujet ou se divertir. 

En outre, le temps passé à lire des choses jugées sans intérêt, c’est autant de temps perdu pour voir et entendre des choses beaucoup plus enrichissantes. De ce point de vue, la lecture a ainsi un coût, auquel on pense rarement, qui est son « coût » d’opportunité. Lequel s’ajoute donc au coût du livre lui-même dont l’achat est toujours plus élevé que 3 heures à regarder un film ou une émission quelconque.

Certes un non lecteur peut recevoir suffisamment de stimuli pour avoir envie de s’exprimer à son tour. Mais, il le fera rarement en écrivant un livre. Du moins, c’est ce qu’on peut penser. En tout cas, il n’en va pas de même pour un grand lecteur. Son problème n’est pas de se demander s’il va écrire, il en a toujours envie, mais de savoir quoi écrire. Etonnant, non ?

 

Un grand lecteur, c’est quoi ?

Un grand lecteur se définit par sa bibliothèque et son mode de lecture. Autrement dit, de manière quantitative et qualitative. Mais, ça veut dire quoi exactement ? 

 

Une bibliothèque de grand lecteur, c’est comment ?

Côté bibliothèque, un grand lecteur se distingue des lecteurs ordinaires par l’abondance des livres qui s’entassent sur les étagères d’une bibliothèque  idéale qu’il a amoureusement constituée. Elles courent sur tous les murs disponibles de son logement. En principe, bien qu’entassés, ils s’y alignent gentiment et en ordre.

Ce n’est pas toujours le cas, au fur et à mesure que le temps passe. Certains livres rebelles ont alors tendance à s’installer subrepticement sur les rangées déjà en place et à s’y superposer comme de vulgaires coucous. Quand ce n’est pas en tas dans un coin, en attendant un meilleur emplacement pour les plus déshérités. 

Le visiteur exceptionnellement admis dans l’antre d’un bibliomane, bibliomane car aux livres récents se mêlent toujours des livres anciens et rares,  ne peut qu’être effaré par le poids, au propre et au figuré, de leur  présence.  Il ne peut alors s’empêcher de demander au bibliomane, presque rituellement, s’il a eu le culot de tous les lire. Ce qui nous conduit à l’autre caractéristique du grand lecteur, son mode de lecture.

 

Comment lit un grand lecteur ?

On l’a dit plus haut, lire un livre de 200 pages prend au minimum entre  3 et 4 heures, à condition d’être bien concentré sur sa lecture et de ne pas être dérangé. C’est là la situation normale d’un lecteur moyen, mais un grand lecteur lit le crayon à la main.

C’est-à-dire qu’il lit en notant sur un cahier les phrases qui lui paraissent significatives dans ce qu’il est entrain de lire. Notes qui s’accompagnent, bien entendu, des références qui permettent d’en retrouver la trace autant que nécessaire.

Naturellement, quand on prend le temps de prendre de telles notes, on prend aussi celui d’y réfléchir un instant et de les accompagner, le cas échéant, de quelques réflexions de son cru. C’est plus efficace que de perdre ces notes ou ces réflexions en les écrivant dans un bas de page du livre qu’on est entrain de lire ou de souligner, de manière plus ou moins rectiligne, les phrases qu’on veut retenir.

Forcément, en procédant ainsi, il n’est guère possible, ni souhaitable, à vrai dire, d’avoir lu de la première page à la dernière tous les livres rassemblés dans la bibliothèque d’un grand lecteur. Est-ce grave docteur ? Y a-t-il tromperie en la demeure ? 

Qu’on se rassure. Aucune tromperie, ni aucun mal, là dedans. Pour une simple raison. Un grand lecteur lit toujours plusieurs livres à la fois. Et ce qu’il retient de ses lectures diverses s’agrège en une seule lecture. Pourquoi ? Parce que ses lectures du moment tournent toujours autour du même thème. Celui qui suscite son intérêt, d’une manière ou d’une autre.

En définitive, ses lectures multiples ne sont rien d’autre qu’une méthode efficace pour varier les points de vue sur une question dans un minimum de temps. Evidemment, ça donne envie d’y ajouter le sien. Mais vu la diversité  des thèmes et sous thèmes abordés de cette façon, cela se traduit immanquablement par une abondance de sujets possibles.

 

Comment faire face à une abondance de sujets 

Comment faire face à une abondance de sujets - coollibri.com
Comment faire face à une abondance de sujets – coollibri.com

Lire beaucoup, c’est donc avoir envie d’écrire sur une multitude de sujets. C’est beaucoup plus simple quand on lit peu. Ou pas du tout. Ne pas lire ou lire très peu ne veut pas dire qu’on n’ait pas envie d’écrire un jour. Mais, dans ce cas, il n’y pas de problématique de choix du sujet. On écrit forcément sur ce qu’on connait ou sur ce qu’on aime. Ce qui peut donner des œuvres extrêmement pertinentes. Il suffit de penser une minute à tous ces livres de conseils pratiques pour cuisiner, jardiner, pécher, chasser, et bien d’autres encore. 

Cela dit, ce qui nous préoccupe ici , c’est ce qui se passe quand on a envie d’écrire sur tout. Chaque lecture, chaque expérience, devient un stimulant d’écriture. Mais, en même temps, cette stimulation « énerve » et paralyse. On ne s’intéresse ci-après que sur l’abondance de sujets née d’une abondance de lectures. 

 

Se limiter à un ou deux sujets.

En général, quand on lit beaucoup, on se limite, par la force des choses, en quelque sorte, à un ou deux sujets. Suite, par exemple, à un voyage dans un pays étranger,  on peut avoir envie d’en savoir plus et de mieux comprendre  ce qui en fait la spécificité à partir du peu qu’on en a vu. 

On va alors multiplier les lectures dans de nombreuses directions. En lisant ou en se documentant sur les auteurs qui y sont considérés comme des classiques. Ou comme des icônes nationales. Est-ce suffisant ? Non, bien sûr et pourtant, c’est déjà énorme. On peut y ajouter ce qui s’y est écrit sur son histoire, son art, sa musique, son folklore. Ou encore, son architecture. Ce n’est plus énorme, c’est plus qu’énorme !

On est bien obligé de choisir à nouveau. Non plus dans la thématique générale, le pays  visité, si on continue avec notre exemple, mais dans un ensemble de sous thématiques. C’est beaucoup plus facile qu’on ne pense. On aime la littérature ? Ou bien, on a commencé à lire un ou deux ouvrages qui comptent pour les habitants de ce pays  ?  On a alors tout ce qu’il faut pour choisir un ou deux sujets d’écriture. 

En effet, à partir de cette première lecture, il est possible d’en rajouter d’autres, dans d’autres domaines, qui vont éclairer quelques points sur lesquels se sera portée l’attention du lecteur que l’on est. Par exemple, le monument de la littérature nationale  qu’on a choisi de lire se déroule à un moment crucial de l’histoire du pays ou de la région en question ? Très bien, mais en quoi ce moment a-t-il été crucial précisément ?

Et, surtout,  quel rapport peut-on faire avec l’histoire de son propre pays  ? Comment les mêmes évènements  auraient ils  pu s’y passer ?  Ce n’est là qu’un exemple. On peut le multiplier à l’infini. Il suffit de remplacer pays par région. Ou par mer ou par air. On peut donc en imaginer un grand nombre d’autres. Quoi qu’il en soit, petit à petit, un ou deux sujets émergent et prennent progressivement forme. 

En bref, pour bien choisir un thème d’écriture, il faut d’abord laisser faire la nature. Autrement dit, faire confiance à son intuition. Ou, si on préfère, suivre les envies qui ne vont pas manquer de naître.

 

Vérifier sa faisabilité

Mais avant d’aller plus loin, il est recommandé de faire un petit « arrêt sur image » et de se demander pour qui on veut écrire. Si c’est pour soi, le feu se met automatiquement au vert et on peut passer à l’étape suivante sans attendre. 

Si c’est pour éclairer la lanterne d’un grand nombre de lecteurs et, encore plus, de les trouver grâce à la bénédiction d’un comité de lecture particulièrement bienveillant, la chose se corse grandement. La question à se poser, à laquelle il est urgentissime de répondre, c’est de se demander si ce qu’on pense écrire va pouvoir séduire plus qu’une dizaine de lecteurs.

Pour le savoir , il faut faire une sorte de re connaissance du marché visé. Autrement dit, qu’est-ce qui s’écrit, qu’est-ce qui est publié, et qu’est-ce qui marche. Ce sont trois questionnements différents. Il faut avouer que le premier est le plus difficile à cerner. Mais, on peut quand même en avoir une idée en allant faire un tour, de temps en temps, sur les forums d’écriture

Pour ce qui est du deuxième, c’est beaucoup plus facile. Il suffit d’aller dans une grande librairie et de regarder les livres qui y sont exposés sur ses tables. Souvent, les préférés des libraires sont accompagnés d’un petit carton exprimant les raisons de leur choix. Ce ne sont pas forcément celles des revues littéraires ou autres. 

Quant au troisième, pour avoir une idée de ce qui marche, il suffit de consulter la liste des lauréats des nombreux prix littéraires et les  classements de sociétés spécialisées en meilleures ventes comme GFK.

Si cette reconnaissance ne donne rien de bon, il ne reste plus qu’à passer au plan B. Autrement dit, à choisir un autre sujet et à recommencer le processus, jusqu’à ce que son résultat soit acceptable.

 

Prendre des notes 

Toute lecture est source de références. Chacune des références répertoriées peut être utilisée dans le cadre de l’écriture en cours. Mais pour que ça fonctionne, il faut ouvrir un cahier de notes. On peut, bien sûr, le faire de manière numérique en utilisant des applications comme celle proposée par Evernote

Une chose est sûre, il ne sert à rien de crayonner sur les pages du livre dont on apprécie la lecture, ni d’en corner celles que l’on trouve intéressantes. En général, on n’y revient jamais. Et ce sont autant de références perdues. En outre, cela se traduit par une dégradation du livre dont la revente s’avère alors impossible. 

A noter, en effet, que le marché de l’occasion des livres s’est beaucoup développé au cours de ces  dernières années. Un site comme celui de Momox offre un très grand nombre d’ ouvrages d’occasion à des prix, en général, très attractifs.  On peut aussi lui vendre facilement les ouvrages dont on veut se défaire. 

 

Eviter la dispersion 

Cela dit, quoiqu’il en soit,  tout auteur grand lecteur est confronté à un afflux de nouvelles idées pas toujours facile à maitriser.  Ces nouvelles idées qui peuvent percuter ce qu’il est entrain d’écrire sont générées par les inévitables bibliographies,  articles,  émissions, etc.  auxquels il ne peut s’empêcher d’être exposé. 

 Ces nouvelles idées sont deux ordres. Il y a celles qui peuvent enrichir la thématique qu’il s’est choisie et dans ce cas, tout est bien. A condition toutefois, de bien les y intégrer. Mais, surtout, il y a celles qui en sont très éloignées. Ce sont les plus dangereuses car, si elles sont trop séduisantes, elles peuvent carrément remettre en question l’écriture en cours.

Le plus simple, à défaut de pouvoir complètement les éviter, c’est de les noter, pour une éventuelle utilisation future, dans un coin de son cahier de notes ou de références. 

 

Choisir un sujet d’écriture demande de la persévérance

Tout lecteur a, à un moment ou à un autre,  une irrépressible envie d’écrire. Le problème, au-delà même de la première phrase du futur ouvrage, c’est de savoir quelle thématique retenir. Autrement dit, de savoir ce qu’on va écrire.

De fait, se lancer dans l’écriture commence par se contraindre, car c’est réellement une contrainte, à sélectionner un sujet.  Mais, l’obstacle que cela représente est facile à surmonter si on sait faire preuve de persévérance. C’est à dire de patience et de discipline.

La persévérance, c’est la clef qui ouvre la porte du succès.

C’est ce qui figure sur la page de couverture d’un carnet de notes inspirant édité par les éditions Petits Riens.

 

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