Le marché de l’édition n’est pas un marché facile et les chiffres qui s’y rapportent peuvent être très trompeurs. D’autant que des évènements comme la crise sanitaire et la guerre en Ukraine n’ont rien arrangé dans ce domaine. Alors comment faire le bon choix quand on se sent prêt à écrire le livre qui apportera fortune et gloire ? Comme, par exemple, un livre technique ? Soyons honnête, une motivation grosse comme un building de Manhattan n’est pas suffisante, si elle ne s’accompagne pas de deux ou trois trucs ; ici on en propose cinq ; pour être plus sûr de gagner son pari. Car, écrire un livre et réussir à le vendre, c’est toujours un pari.
Choisir le bon thème pour son livre
Le bon thème, c’est celui qui va plaire aux lecteurs. En général, on s’en préoccupe trop ou pas assez. Quand on s’en préoccupe trop, c’est ce qui arrive, plus ou moins consciemment, quand on écrit ce que tout le monde écrit. C’est ce qu’on appelle suivre l’effet de mode.
Eviter de suivre l’effet de mode
Juste après la fin des confinements successifs, liés à la crise sanitaire, on a vu ainsi fleurir toute une « floppée » de journaux, de récits, de points de vue, etc., sur la dite crise. La très grande majorité n’a même pas réussi à franchir le bureau de réception des maisons d’édition, et pour ce qui est de la très petite minorité qui a réussi à être publiée, ses exemplaires ont déjà pratiquement tous rejoint les caisses des soldeurs ou fini, tout bonnement, au pilon.
Qui se souvient encore, par exemple, du journal de confinement de Leïla Slimani, pourtant auteur reconnu ?
Voilà pour l’effet de mode et ses conséquences les plus probables. Reste l’autre terme de l’alternative. Le cas où l’auteur se fiche comme de l’an 40 de ce que peuvent penser lecteurs, éditeurs, critiques et autres, de ce qu’il écrit.
Ce qui lui importe, c’est de se faire plaisir avant tout. Avouons-le, on a un petit faible pour cette approche. Mais, évidemment, si l’objectif reste de vendre un nombre conséquent de livres, il faut bien le dire, elle n’est pas d’une grande fiabilité.
Concilier marché et plaisir d’écrire
Alors, comment faire ? Comment faire pour, au fond, concilier marché et plaisir d’écrire ? Car, c’est bien là que réside le secret pour choisir le bon thème pour son livre. Celui qui fait vendre. Autrement dit, il faut savoir regarder où se situe la demande des lecteurs et y répondre avec ce que l’on sait parfaitement faire. Comme, par exemple, raconter des histoires ou maîtriser un savoir-faire.
Dans ce dernier cas, c’est notamment le créneau du livre technique. Sinon, il ne reste plus qu’à se fier, si on peut dire, aux oracles de la bouteille à encre. Autant acheter un ticket de loto. C’est moins cher, ça prend beaucoup moins de temps et, en plus, ça peut rapporter gros.
Bien comprendre ce qu’est un livre technique
Le Syndicat National des Editeurs, le SNE, répartit le montant des ventes de l’année observée en dix secteurs. Ainsi selon les dernières données connues, le secteur technique dans lequel on trouve, selon nous, les livres pratiques et les manuels universitaires, représente un montant total de ventes de 376 millions d’euros.
Soit environ 15 % des ventes. Et encore moins, si on ne considère que les manuels, à peine 2,5 %. A première vue, donc, pas terrible. Surtout si on compare ces ventes aux cinq secteurs qui se taillent la part du lion comme la littérature, le scolaire, les sciences humaines, la jeunesse et les BD.
Oui, mais voilà quand on maîtrise un sujet comme l’art de faire de sublimes tartes ou celui de parler l’anglais comme la reine d’Angleterre, on détient un savoir-faire qui certes n’intéressera pas une foule de lecteurs, comme peut le faire un roman policier de Bernard Minier, mais sûrement un nombre conséquent d’amateurs.
Ce qui a un double avantage. Le premier, c’est qu’il n’y a pas à faire preuve d’une imagination débridée pour l’écrire. Le second, c’est qu’étant un livre de « niche », c’est-à-dire, réservé à quelques « happy few », il permet d’espérer d’excellents rendements en autoédition. Reste à l’écrire.
Regarder une sélection de livres techniques sur le même savoir-faire
Cela peut être décourageant, c’est vrai. On croyait être unique et on ne l’est pas. Tante Marie a déjà tout dit sur ses tartes à la framboise. Miss Watson n’a pas son pareil pour que son lecteur sache parler « fluently » avant même d’avoir tourné la dernière page de son livre.
Regarder ce que font les autres, c’est ce que les professionnels du marketing appellent faire du benchmarking. C’est plus savant, mais ça ne change rien à l’affaire. Et c’est primordial. C’est en faisant du benchmarking qu’on peut voir ce qu’il ne faut surtout pas faire et ce qu’il faudrait faire.
C’est comme ça qu’on peut se dire que quitte à mettre des illustrations dans son livre, il ne faut surtout pas faire comme Tante Marie et mettre des illustrations sans aucun attrait qui ne donnent pas du tout envie de manger ses tartes à la framboise. Quant à Miss Watson, ses listes de mots et d’expression sont tellement indigestes qu’elles finissent par donner la nausée.
Bref, après une bonne séance de benchmarking, en général, on se sent mieux et paré pour passer à l’étape suivante.
Rédiger une note d’intention pour un livre technique
Cette note d’intention servira de trame pour l’avant-propos final. Son but est d’aider l’auteur à bien préciser ce qu’il veut faire. Il va y mixer ce qu’il a vu et ce qu’il a en tête. Pour ne rien oublier, on a tout intérêt à utiliser la bonne vieille méthode du QQOQCP.
Bien cerner le sujet
En la suivant, on précise, entre autres, qui on est (Q) et pourquoi on est légitime pour écrire ce livre. Puis, on dit de quoi (Q) on veut précisément parler. C’est là qu’on délimite son sujet. Comme le dit l’adage bien connu, « Qui trop embrasse, mal étreint« . A noter qu’il serait du à Guillaume Coquillart, auteur du XVIème siècle, et non à Boileau, auquel on serait tenté de l’attribuer. On peut être tenté de passer rapidement sur les deux points suivants.
Mais, étant dans le cadre d’une note d’intention qui, par nature, n’est pas destinée à être publiée, ça peut être très intéressant, de se rappeler où (O) on écrit et et quand (Q) on a commencé à y réfléchir. En effet, on sera bien content d’en relire les réponses quand surviendra l’inévitable phase de démotivation.
Restent les deux derniers points, peut-être les plus importants, le comment (C) et le pourquoi (P). En répondant au premier, on indique la méthode qu’on va suivre pour exposer son savoir-faire. C’est là on peut se démarquer, plus particulièrement, de ses concurrents.
Savoir se démarquer
Par exemple, va-t-on mettre plutôt l’accent sur les liens de cause à effet, autrement dit, sur le fonctionnement de ce qu’on veut exposer, ou bien, sur les modalités à suivre, scrupuleusement, sans se poser de questions, pour parvenir à un résultat ?
Quant au tout dernier point, le P du Pourquoi, mais aussi du Pour Qui. Il est là pour rappeler, notamment, à qui on s’adresse. On n’écrit pas de la même façon selon qu’on s’adresse à un public débutant ou à un public chevronné. Entre autres.
Rédiger un sommaire détaillé
Dernier conseil, avant de se lancer dans l’écriture d’un livre technique : en faire le plan détaillé sous forme de sommaire. L’ordre est toujours le même. On part du général pour aller au particulier. On commence par les causes avant d’aller aux conséquences.
On essaie aussi, pour commencer, de respecter un rythme ternaire. Trois parties, trois sous-parties par par partie, trois paragraphes par sous-parties. Une introduction et une conclusion pour chaque grande partie. Puis, pour le livre, dans son ensemble.
Il n’est pas recommandé de vouloir faire un sommaire définitif d’emblée. Son principe est d’être avant tout un « guide line« , un « pré-texte« , du genre paratexte. Pas d’être un cadre rigide qui finit par empêcher la pensée de s’exprimer. Par conséquent, au fur et à mesure de l’écriture, des parties nouvelles vont apparaître, des paragraphes vont disparaître.
Au final, on aura, peut-être, quatre ou cinq parties, cinq ou sis sous parties, etc.
Peu importe, l’essentiel est que l’ensemble reste bien cohérent et en phase avec l’objectif poursuivi. De ce fait, un sommaire est, en général, remanié au moins une ou deux fois. Une première fois après un ou deux chapitres, et une dernière fois, quand le livre est terminé.
En tout cas, c’est suffisant pour commencer à écrire et les idées viendront au fur et à mesure.
Ecrire un livre technique et le vendre, en bref
On l’aura compris, écrire un livre technique peut être une chance pour tout auteur maîtrisant un savoir-faire et capable de faire ressortir ce qui en fait la singularité. Une fois ce préalable accompli, ne reste plus à l’auteur qu’à se jeter dans l’écriture sans se préoccuper d’autre chose que d’aller au bout de son projet. En ajustant son écriture autant que de besoin au fur et mesure de son avancement.
A partir de là commencent les opérations de promotion. Trouver un bon éditeur ou une bonne plate-forme pour s’auto-éditer. En n’oubliant pas qu’un livre technique est, en général, un livre qui s’adresse à un marché de niche. Pour mieux l’atteindre, on peut s’inspirer, par exemple, du site web de Bernard Minier cité plus haut.