Evidemment la question de l’existence d’un gène de l’écriture est sciemment provocatrice. On n’a rien trouvé de tel dans les revues scientifiques. Mais, par contre, il existe bel et bien des familles d’écrivains. Et d’écrivains dont les titres remportent des succès certains. Un des exemples les plus frappants est celui donné par les sœurs Brontë dans la première moitié du XIXème siècle. Leur destinée a tellement frappé les esprits que le presbytère de Haworth où elles ont vécu est visité chaque années par des dizaines de milliers de visiteurs. Leur cas est-il unique ? Eh bien non ! Quand on examine la question, on se rend vite compte que l’histoire littéraire fourmille d’histoires de ce genre et même de beaucoup d’histoires familiales. Ces quelques observations justifient qu’on essaie d’en dresser un bref panorama et d’en déduire, si possible, quelques constantes.
Exemples de quelques de grandes familles d’écrivains
Les Brontë
Elles sont trois. Trois sœurs, Charlotte, née en 1816, Emily, née en 1818, et Anne, née en 1820. Elles ont aussi un frère, Branwell, né en 1817 et une sœur ainée, née en 1814. Maria. La première est l’auteur de Jane Eyre, Shirley, Villette et le Professeur, la seconde, des Hauts du Hurlevent, la dernière, de Agnès Grey et de la Dame du manoir de Wildfell Hall.
Quant au frère, c’est aussi un écrivain, mais son œuvre est restée limitée et anecdotique. Malgré de réels talents de peintre, il sombrera dans l’alcool et la drogue. Rien à voir avec ses trois sœurs dont les romans, très différents les uns des autres, font partie des grands classiques de la littérature anglaise.
Sont-elles les seules de la famille à avoir écrit, en plus de leur frère Branwell ? Non. Le père aussi, Patrick Brontë, est aussi un écrivain. D’origine modeste, il parvient, quand même, grâce à ses talents à être admis au St John’s College, de Cambridge.
Outre son érudition, sa piété et l’amour partagé qu’il porte à sa femme, Maria Branwell, Patrick Brontê est un excentrique. Tout cela forme un univers naturellement romanesque. Auquel il ne manque que la touche tragique.
Elle prendra la forme de la mort précoce de sa femme, en 1821, à peine arrivée à Haworth, puis de ses enfants en 1848, 1849 et 1854. L’ainée, Maria, meurt peu après ses 12 ans, suite aux mauvais traitements reçus en pension. La cadette, Elizabeth, meurt tout aussi précocement, la même année, à 10 ans, en 1825. D’une tuberculose contractée dans la même pension que sa sœur aînée.
Et Patrick Brontë finira seul, en 1861, dans son presbytère avec, pendant un temps, comme seule compagnie, la sœur de sa femme, Elizabeth Branwell qui meurt en 1842.
Les Mann
On ne compte pas moins d’une dizaine d’écrivains dans l’entourage immédiat de Thomas Mann (1875-1955), fils de riches commerçants de Lübeck et prix Nobel de littérature en 1929 avec son premier roman « Les Buddenbrock », paru en 1901, à l’âge de 26 ans.
Dans cet entourage, les écrivains se comptent « à la pelle ». D’abord, ceux de sa génération, sa femme Katia et son frère Luiz Heinrich Mann. Ce dernier n’est pas un écrivain moindre que son frère cadet. Il est notamment l’auteur de Professor Unrat qui a servi de trame au film « L’ange bleu », avec Marlène Dietrich comme actrice principale.
A la génération suivante, les écrivains se bousculent. On y trouve cinq sur six des enfants de Thomas Mann et un du côté de Heinrich Mann, Ludvick Askenazy. Après le courant littéraire semble se tarir. Ne reste plus à la troisième génération qu’un petit-fils de Thomas Mann, Fridolin Mann, écrivain et fils de Mickael Mann et Jindrich Mann, petit-fils de Heinrich Mann et fils de Ludvik Askenazy.
Ce dernier est l’auteur du roman Poste restante qui retrace l’histoire de la saga familiale au travers de sa propre histoire. L’origine de sa vocation d’écrivain est pour lui très claire comme il a eu l’occasion de le dire dans une émission de radio :
Dans mon enfance, je pensais avec orgueil, peut-être même avec une certaine insolence, que je serais écrivain. Je ne dirais pas que j’étais convaincu de mon grand talent, mais cela me semblait normal. Les gens écrivent, quelqu’un achète ce qu’ils ont écrit et c’est ainsi qu’ils gagnent leur vie. Je ne doutais pas de cette vocation et mes parents ne me décourageaient pas non plus.
Pour en savoir plus sur la famille Mann, sur ses hauts et sur ses bas, on peut lire l’excellent livre de Marianne Krüll, intitulé « Les magiciens ».
Les Hugo
Ah, Hugo, Victor ! La gloire de la littérature française ! L’écrivain dont le nom orne une multitude de places, de rues, d’avenues, de collèges et de lycées, de France et de Navarre. Le tombeur de Napoléon III, définitivement catalogué aux yeux de l’Histoire, grâce à lui, comme Napoléon le Petit.
Victor Hugo a-t-il bénéficié d’un gène familial de l’écriture ? L’a-t-il transmis à sa progéniture ? Il semblerait bien que oui. Certes, pas mal de militaires dans la généalogie familiale, mais aussi des artistes et surtout des écrivains.
La génération du père de Victor Hugo
A commencer par l’oncle Hugo, Louis-Joseph Hugo (1777-1853) maire de Tulle de 1849 à 1851, où il meurt en 1853. Il est inhumé à Chameyrat, commune de Corrèze où le ci-devant général possède un château, toujours propriété de la famille. Il a publié ses mémoires dans lesquels il raconte sa participation, en tant que capitaine, à la bataille d’Eylau en février 1807. Victor Hugo lui rend hommage dans son poème « Le cimetière d’Eylau« .
La génération de Victor Hugo
Les frères de Victor, Abel et Eugène, écrivent aussi. Abel est l’ainé et héritera du titre de comte à la mort du père, lui aussi écrivain à ses heures de petits ouvrages militaires ou politiques.
Eugène Hugo (1800-1837) atteint lui aussi du virus de l’écriture, à défaut d’en avoir le gène, composera quelques poèmes et nouvelles avant de s’éteindre douloureusement.
La génération des enfants de Victor Hugo
Reste, enfin deux enfants de Victor Hugo, connu l’un, Charles Hugo, comme journaliste et surtout comme père de Georges et de Jeanne Hugo qui inspireront à Victor Hugo les très beaux poèmes figurant dans son recueil « l’art d’être grand père« , mais qui n’écriront rien du tout. En tout cas de significatif.
Quant à l’autre, François-Victor Hugo (1828-1873), il devra l’essentiel de sa notoriété à sa traduction du théâtre de Shakespeare qui restera très longtemps une référence irremplaçable pour les comédiens français.
Mais, n’oublions pas Léopold Armand Hugo (1828-1895), neveu de Victor Hugo et fils d’Abel. Expert en géométrie descriptive, il écrira aussi quelques ouvrages mêlant formules de géométrie et ésotérisme.
Pour en savoir plus sur les Hugo et leurs descendants actuels, on peut lire avec intérêt le livre que lui a consacré Henri Gourdin, grand spécialiste de la famille Hugo à laquelle il a consacré, par ailleurs, plusieurs ouvrages.
Avantages de l’appartenance à une famille d’écrivains
Les exemples ci-dessus ne sont évidemment pas les seuls. On peut citer bien d’autres familles remarquables d’écrivains. On pense, notamment, à celle de Stephen King, de Franck Herbert, de Don Miguel Ruiz, de Tove Jansson, d’Emmanuel Todd, etc. Et c’est ce qui peut faire croire à l’existence d’un gène de l’écriture.
Ce qu’il en ressort, en tout cas, c’est que l’appartenance à une famille d’écrivains semble de prime abord plutôt un avantage. Même si elle peut être aussi un inconvénient quand le fait d’être le fils ou la fille de…. peut être très lourd à porter.
Précisons d’emblée, que pour qu’il en soit ainsi, avantage ou inconvénient, il n’est pas forcément besoin que la famille soit très célèbre. Evidemment, l’un et l’autre sont plus ou moins intenses, suivant le degré de célébrité Ou son absence.
Un esprit familial favorable à l’écriture
Si on appartient à une famille où tout le monde écrit, rien d’étonnant à ce qu’on veuille faire pareil. Les Brontë en sont une belle illustration. Mais allons plus loin. Une bonne bibliothèque et l’habitude de la lecture peuvent avoir le même effet. A force de lire les livres des autres, on se dit qu’après tout on peut aussi faire la même chose.
Ce qui change néanmoins, c’est que le fait d’appartenir à une famille d’écrivains est naturellement plus encourageant quand on se lance dans l’écriture que le fait de n’appartenir à aucune et de ne pouvoir compter que sur ses propres ressources.
Mais, il est possible de remédier à cet inconfort. Il suffit pour cela, simplement, de participer, par exemple, à des forums, à des ateliers d’écriture ou d’échanger avec des communautés de lecteurs comme celles qu’on peut trouver sur Wattpad.
Pour tout problème, il y a une solution, si on s’en préoccupe vraiment. Loïc Hurpy, fondateur du site le pouvoirdelarésilience.com en a fait son leitmotive.
Le problème ce n’est pas qu’il y ait un problème, c’est de croire qu’il n’existe pas de solution.
Annonce-t-il. Et on ne peut à ce stade qu’y souscrire. Ce qui nous amène à quelques remarques supplémentaires sur les effets bénéfiques de la lecture et de l’écriture.
Lire et écrire, c’est guérir
Dans son livre « bibliothérapie », Marc-Alain Ouaknin, considère que lire, c’est guérir, mais lire, selon nous, c’est aussi écrire. On va voir pourquoi. Commençons d’abord, par cette idée qu’un livre peut avoir un pouvoir guérisseur.
A vrai dire, elle n’est pas nouvelle. Des services médicaux l’ont même prise tellement au sérieux, et à juste titre, qu’ils en ont fait un élément de prescription. Inspirés sans doute par ce que disait Victor Hugo de la lecture dans son discours d’ouverture du congrès littéraire de 1878.
La lumière est dans le livre, a-t-il dit. Ouvrez le livre en grand. Laissez le rayonner, laissez le faire.
Et l’écriture, alors ? C’est pareil, car lire, c’est toujours écrire. D’où l’idée d’un gène de l’écriture. D’autant qu’une bonne lecture s’accompagne toujours, dans ce cas là, d’une prise de notes. Même sommaire. Ne serait-ce que dans un journal intime, par exemple.
En résumé, y-a-t-il ou non un gène de l’écriture ?
Ce qu’on peut dire avec certitude, c’est que, comme en toutes choses, l’exemple parental ou familial n’est pas neutre. On peut donc imaginer qu’il peut exister un gène de l’écriture.
Cependant, pour ce qui est d’écrire, on peut penser aussi que la lecture peut largement y suppléer. Il suffit de s’y laisser prendre, au moins une fois, et de comprendre pourquoi. C’est le rôle de l’éducation et de la transmission du savoir.
Car de la lecture à l’écriture, le chemin forme une ligne droite. Ajoutons, surtout quand on prend l’habitude de se référer aux grands monuments littéraires consacrés par les siècles. Ou, à tout le moins, de prendre la peine de lire, par exemple, quelque bonne revue littéraire.
Je réfute catégoriquement la notion de « gène de l’écriture ». D’abord parce que cette affirmation à caractère scientifique, ne s’appuie sur aucun début d’indice d’existence d’un tel gène, au sens scientifique du terme. Ensuite parce que l’accès à la lecture, puis l’accès à l’écriture, sont deux processus complémentaires relevant exclusivement de l’acculturation. La condition sociale et l’environnement culturel d’une personne, dès son enfance, structurent son propre univers culturel et en déterminent son rapport à lui. Ainsi, il y a plus d’enfants musiciens dont les parents le sont aussi ; il y a plus d’enfants sportifs dont les parents le sont ; il y a plus d’enfants s’exprimant artistiquement lorsque leur bain social les y invite… Et observons comment, par reproduction sociale absolue, on fabrique les prétendues « élites » politiques ou économiques aujourd’hui, loin de chimériques « héritages génétiques » !
D’accord avec Prioul Gérard.
L’environnement ,familial surtout, puisque le premier environnement social, joue un rôle essentiel. Dans tous les domaines. A noter aussi que la famille fournit les relations pour favoriser la réussite. Absolu dans le domaine du spectacle.
Ce qui fait penser à une dynastie. On case sa famille.
Pas exact dans le domaine du sport. Car les aptitudes physiques sont nécessaires. Là, l’hérédité peut avoir un rôle.
Pour l’écriture, être édité, le fait d’être connu joue un rôle essentiel. L’éditeur veut vendre, et être connu de quelque façon vous ouvre les portes des éditeurs. C’est aussi un commerce. Écrivain connu de quelque façon, sportif connu, politique, etc… Mais il y a aussi écrire et écrire. Quand même le talent existe. Parfois laissé dans l’oubli, ou publié, justifié, mais comment d’emblée le lambda talentueux peut atterrir d’emblée chez un grand éditeur? La question reste posée. J’ai qq réponses. Envoyez par la poste on ne vous lit pas. Parfois qq lignes. Maintenant , reconnaître que pas mal de prétendant n’ont pas le talent nécessaire. Même si qq. Médiocrité arrivent à être édités…Il y a pléthore d’écriture au 21e siècle. Un bien? Non, peut-être. C’est la forêt qui cache l’arbre. Dommage que l’art soit trop dépendant du profit. Signe des temps. Maintenant, je dois dire que, malgré tout, des talents réels sont publiés. Mes excuses à tous ceux- là non visés dans mes propos. Et aux éditeurs qui les publient , aussi. Mes propos seront bien compris par des entreprises telle CoolLibri qui laissent leurs rêves et leurs chances à tous . En font un métier. Sans comité de lecture (souvent peu objectifs). .De là, à chacun de prendre ses responsabilités et de se faire plaisir.