Des livres, il en parait des tonnes chaque année. Il y a ceux dont les revues littéraires les plus connues parlent et ceux dont elles ne parlent pratiquement jamais. Les premiers font partie des gros bataillons des grands prix annuels. Difficile d’échapper à leurs lauréats. Ils saturent l’espace médiatique. Pendant quelque temps, on les voit partout.
On ne parle que d’eux et de leur maison d’édition. Sur les couvertures des magazines. Dans les émissions télé. A la radio. Et après ? On en reparle encore, plus parcimonieusement, un peu plus tard. Pour ne citer cette fois que les ventes que leur prix leur a permis de réaliser.
Et après ? A-t-on vraiment envie de les lire ? On est souvent déçu. Il ne sont que dans l’air du temps. Et cet air du temps n’est, en réalité, que la résultante multifactorielle mettant en jeu des éléments parfois bien éloignés de l’univers littéraire.
Alors à qui se fier pour choisir un livre sans se tromper ? On vous propose ici cinq revues littéraires dont les chroniques ou les dossiers ne peuvent pas vous laisser indifférent et à consulter au moins une fois dans un mois.
Pourquoi ces cinq revues littéraires et pas d’autres ?
Des chroniques et des dossiers littéraires, si on veut bien y faire attention, il y en a partout. Mais, ce n’est pas forcément génial. Comme on peut s’en douter. Pour établir notre liste de cinq revues littéraires à consulter au moins une fois par mois, il faut commencer par écarter les pages culture et les articles littéraires des journaux et des magazines généralistes. Mais, pas que.
Pages culturelles des journaux et des magazines généralistes
Ces pages répondent à une logique qui est celle de l’actualité éditoriale ou de l’actualité tout court. De plus, en paraissant dans des magazines généralistes, la place qui est réservée à la littérature proprement dite est forcément limitée. Enfin, elles se doivent de respecter d’une certaine façon le positionnement de leur support médiatique.
Fiches lecture de brochures pro domo
On peut ajouter à notre liste d’exclusion, les brochures ou les revues propres à des librairies ou à des maisons d’édition. Voire aussi les préconisations de certains blogs d’auteurs. Tous aussi ont un positionnement à respecter et à défendre.
Ces caractéristiques n’empêchent bien évidemment, ni les uns, ni les autres, d’être souvent d’une grande qualité rédactionnelle et d’être très incitative. Cependant, on peut légitimement leur préférer des dossiers ou des pages d’actualités littéraires réalisées par des revues qui ne font que ça.
Critères de choix des cinq revues littéraires sélectionnées
Sans prétendre à l’exhaustivité, ni à une totale impartialité, on s’est efforcé de ne retenir dans notre liste de cinq revues littéraires à consulter au moins une fois par mois que les revues nous paraissant les moins liées, si possible, à un quelconque parti pris autre que celui de la littérature.
Critères, on le voit, forcément discutables, comme tout critère de choix d’ailleurs, mais s’efforçant d’élargir au maximum l’angle par lequel on peut le mieux aborder la littérature, celle d’aujourd’hui et d’hier. Ajoutons, celle qui peut éclairer le présent et le futur.
Quelles sont les 5 revues littéraires à consulter au moins une fois par mois ?
Livre Hebdo
Ce que c’est :
Livre Hebdo est certes un média publié par un organisme professionnel, le cercle de la librairie, mais comme celui-ci est en quelque sorte œcuménique, et non rattaché à une société en particulier, on peut le considérer comme un bon outil pour explorer ce qui se fait à un moment donné dans le domaine littéraire.
Cette perception est renforcée par le fait que Livre Hebdo peut s’appuyer, entre autres, sur les informations rassemblées dans la base de données Electre Data services. Cela dit, un numéro de Livre Hebdo comprend notamment des rubriques consacrées à l’actualité du secteur, aux inévitables prix littéraires et meilleures ventes, à des propositions de lecture et à des dossiers sur un thème particulier.
Ce qu’on aime :
Livre Hebdo est une revue à la fois numérique et papier extrêmement complète. Elle donne des informations sur l’ensemble du secteur de l’édition tout en réalisant des focus très intéressants sur tel ou tel aspect de la création littéraire.
Ce qu’on n’aime pas :
Son prix ! Livre Hebdo est, en effet, une revue payante. La formule intégrale pointe même à près de 499 € par an. Cela dit, selon sa situation, l’abonné, notamment quand il est « particulier » ou « petite structure », peut obtenir une remise qui peut aller jusqu’à 50 % de l’abonnement choisi.
Lire Magazine
Ce que c’est :
Lire Magazine est une revue qui a dépassé l’âge canonique et a fait ses preuves. Elle a été créée en 1975 par Jean-louis Servan-Schreiber et Bernard Pivot. Excusez du peu ! Mais, vu son âge, elle a aussi évolué.
Elle appartient aujourd’hui aux Editions Médias Culture et Communication (EMC2). Le changement est majeur. Le propriétaire de EMC2 est Jean-Jacques Augier. Et ce n’est pas un inconnu. Quoi qu’il en soit, Lire Magazine est un magazine littéraire très actif qui ne laisse pas indifférent.
Ce qu’on aime :
L’éclectisme de la revue, ses hors séries, ses extraits de livre en avant-première et un prix d’abonnement, somme toute, modique. Au sommaire d’un des derniers numéros, sous le titre ; « Les écrivains et l’alcool : l’ivresse des des lettres » ; on trouve, entre autres, outre le dossier sur la thématique annoncée en première page, un grand entretien avec Hervé Le Corre, une rencontre avec l’univers de Cécile Coulon, un portrait de Nathan Devers et une enquête sur Sylvain Tesson.
Ce qu’on n’aime pas :
On a beau souhaiter tout le meilleur pour les apprentis auteurs à la recherche d’un éditeur, néanmoins on n’aime guère la promotion à 450 € que ceux-ci peuvent y faire dans les pages de la rubrique « Le coin des indépendants« .
Ou encore celle des ateliers d’écriture en visio conférence à 99 €. Le mélange des genres est quelque fois pernicieux, mais, s’agissant de l’aide qui peut être apportée aux jeune auteurs, on peut le comprendre.
Histoires Littéraires
Ce que c’est :
Avec Histoires Littéraires, au pluriel comme le soulignent ses promoteurs, on a une revue trimestrielle qui permet d’approfondir ses connaissances de la littérature française des XIXème, XXème et XXIème siècle. Et par conséquent d’en revisiter ses grands classiques, notamment féminins. L’ambition de la revue est élevée. Il s’agit, annonce-t-elle :
(D’) apporter des connaissances documentaires nouvelles sur la littérature des deux derniers siècles, ses sommets comme ses acteurs le plus modestes ; (de) contribuer à définir et raffiner les outils indispensables à cette entreprise; (de) réfléchir sur les fondements et les conséquences de ces choix; (de) se faire l’intermédiaire entre ceux qui y travaillent – professionnels de la recherche, érudits indépendants, collectionneurs ou curieux.
Ce qu’on aime :
Le côté très sérieux de la revue. Les commentaires qu’on peut y trouver sont très fouillés et font l’objet d’une évaluation par les pairs avant publication. Ils sont répartis en une douzaine de rubriques toutes plus intéressantes les unes que les autres.
Citons, entre autres, celles consacrées à des documents inédits, à des études sur des écrivains en particulier ou des mouvements littéraires, ou encore, à des entretiens avec des passionnés de littérature française.
Ce qu’on n’aime pas :
C’est un peu l’inverse de ce qu’on aime. La revue peut sembler bien limitée dans sa manière d’aborder la littérature. En effet, elle est plutôt tournée vers le passé, un passé, de plus, réduit à la littérature française, et ses articles peuvent être quelque fois difficiles à lire.
Enfin, le prix de 80 € de l’abonnement aux quatre numéros annuels peut paraître élevé. Encore que.
Service littéraire
Ce que c’est :
Service Littéraire est un mensuel papier dont le format est celui d’un journal plutôt que celui d’un magazine ou d’une revue. Dédié à la défense et à l’illustration de la langue française, il se décrit notamment comme le mensuel de l’actualité romanesque.
Chaque numéro est dédié à un romancier français en particulier sans y être exclusivement consacré. Parmi les dernier numéros, on relève ainsi, entre autres, des dédicaces à Maurice Barrès, Paul léautaud, André Malraux et Léopold Sédar Senghor.
Ce qu’on aime :
Le journal est on ne peut plus littéraire et s’inscrit dans la tradition des Belles Lettres. Il aide aussi à mieux connaître les apports d’auteurs qui jalonnent l’histoire de la littérature romanesque en France et en ont fait quelque chose d’unique.
Le tout dans un langage parfaitement accessible. Et en plus, à un prix défiant toute concurrence, puisque chaque numéro est vendu au prix de 3 € seulement et que l’abonnement annuel à 11 numéros est de 35 €.
Ce qu’on n’aime pas :
On ne trouve pas Service Littéraire partout. Il faut se reporter à une liste d’adresses pour y identifier les points de vente. Par ailleurs, le format journal papier peut être gênant quand on aime conserver les revues ou magazines dont on a apprécié les articles de fond.
Ernest Mag
Ce que c’est :
Le mieux, c’est de commencer par laisser se présenter lui-même celui qui se considère comme un nouveau média littéraire.
Ernest est un média décomplexé, dit-il, accessible, passionné, festif, rêveur, turbulent, drôle et enjoué. Il vous parle d’égal à égal, ne cherche pas à vous épater et est pour vous, un bon copain ou une bonne copine qui donne des shoots de plaisir de lecture.
Tout un programme ! Mais, Ernest Mag, c’est quoi au juste ? C’est un média littéraire entièrement numérique et polymorphe, crée par David Medioni en 2017. Il a la particularité d’être, à la fois, un site, une newsletter hebdomadaire et une communauté de lecteurs qui peuvent échanger entre eux.
Ce qu’on aime :
A Ernest mag, on aime tout. L’équipe qui rassemble autour de David Medioni, des chroniqueurs, des journalistes et des écrivains tels que Alain Louyot, Thomas Hervé, Paul Vacca, Rebecca Benhamou, Pierre-Louis Basse et bien d’autres.
Les rubriques comme, entre autres, le livre du vendredi, l’apéro d’Ernest, les pépites de Thomas Hervé, tu vas aimer, etc., et les engagements. Pour la lecture et les libraires indépendants. Enfin, l’abonnement est de 5,90 € par mois ou de 55 € par an. Rien donc de prohibitif.
Ce qu’on n’aime pas :
Prétendre être un média engagé comme le fait Ernest mag peut être mal venu, si on n’aime pas se voir faire la morale pour avoir fait telle ou telle lecture. La lecture est avant tout un plaisir qui se partage, ou non.
Par ailleurs, le tout numérique a certes bien des avantages, mais il a aussi ses limites. Celles que rencontre inévitablement tout bibliomane amoureux de l’objet « livre » au point de pouvoir acquérir un livre sans nécessairement avoir l’intention de le lire. Du moins, dans l’immédiat.
Ce qu’il faut retenir sur les revues littéraires
Evidemment, la short list que nous présentons ici ne saurait être définitive. Elle est essentiellement une incitation à voyager dans les nombreuses contrées délimitées par la critique littéraire et à sortir des sentiers battus pour en découvrir de nouvelles que nous n’aurions pas sans elle eu l’idée d’aller explorer.
Et, quoi qu’il en soit, comme le disait Montesquieu :
Une heure de lecture est le souverain bien contre les dégoûts de la vie.