Drôle de question, n’est-ce pas ? Sans la percée fulgurante des chatbots et autres agents conversationnels, on n’aurait même pas pensé à la poser tant elle aurait parue incongrue. Oui, mais voilà, il y a presque un an maintenant Chat GPT d’Open AI est passé par là. Un vrai coup de tonnerre ! Tous les auteurs se sont vus, soudain, voués au chômage à plus ou moins brève échéance. Face à cette menace fantôme d’un nouveau genre, la résistance s’est organisée. A tel point qu’on peut se demander si tout ça n’était pas un peu exagéré. Peut-être bien que oui, peut-être bien que non.

Percée des « chatbots » ou agents conversationnels : une réalité

Percée des "chatbots" ou agents conversationnels : une réalité
Percée des « chatbots » ou agents conversationnels : une réalité

Poids financier d’Open AI, le père de Chat GPT

Ce dont on est sûr, c’est que les chabots sont entrés en force sur le marché et que cette entrée en force crée une nouvelle réalité aux mêmes effets que celle crée en son temps par la généralisation de l’utilisation d’internet ou des smartphones. Autrement dit, un nouveau mode de vie, avec un « avant » et un « après ».

En tout cas, si le moteur de recherche incontournable, c’est Google, le Chatbot, pour l’instant, c’est Chat GPT. En quelques mois seulement, l’application, car il s’agit seulement d’une application, a rassemblé des dizaines de millions d’utilisateurs. Effet de mode ou manifestation d’une incapacité, ça reste encore à voir. 

Toujours est-il, signe qui ne trompe pas, qu’un « truc » qui ne génère a priori pas de revenus vient de vendre pour 300 millions de dollars quelques actions pour récompenser ses concepteurs. 

Ce qui valorise toute cette affaire à près de 30 milliards de dollars  et représente un bonus de près de 1 million de dollars, en moyenne, pour chacun des membres du labo.

Retrait d’Eon Musk de Chat GPT

Eh oui, Open AI le maître d’œuvre de l’agent conversationnel qui fait couler un tas d’encre depuis novembre 2022, date de sa sortie officielle, n’est encore qu’un labo. A noter, par ailleurs, qu’Eon Musk, qui se voit facilement  comme le  chevalier blanc de la liberté d’expression et qui a fait partie, au tout début de l’aventure, de ses généreux donateurs, s’est retiré  de son conseil d’administration après en avoir été un membre actif.

Et pour que les choses soient bien « claires » concernant ses craintes, il a décidé de bloquer l’accès de tweeter -X aux algorithmes du dit agent. De même qu’il s’est fendu d’une tribune, il y a quelques mois à peine, avec d’autres signataires pour s’inquiéter de ce que :

Les systèmes d’IA dotés d’une intelligence capables de concurrencer celle de l’homme présentent de graves risques pour la société et l’humanité. 

Raison pour laquelle, il fallait faire une pause dans ce domaine. On peut néanmoins avoir quelques doutes sur la sincérité de cette demande et n’y voir tout simplement qu’une manière de protéger les premiers pas de sa nouvelle société dédiée à l’IA, dénommée xAI, et qu’il vient de créer après coup.

Multiplication des nouveaux projets de Chatbots

Autre signe qui ne trompe pas sur la réalité de la percée et de la menace : la multiplication des projets visant à concurrencer Chat GPT portés notamment par Google et Meta. Meta, c’est bien sûr la maison mère de Facebook.

Ces deux mastodontes ne peuvent faire comme si de rien n’était devant l’émergence d’une innovation dont ils savent très bien ce qu’elle peut rapporter. Ils en sont les vivants exemples. Et ils n’ont pas davantage envie de perdre leur statut de leaders de la high tech

Google Bard et Google Gemini 

Le premier, signe de sa grande réactivité, vient donc de lancer Google Bard. L’appli  ressemble à Chat GPT comme le Canada Dry ressemble au whisky, ça en a la couleur, mais pas le goût. De fait, plus sérieusement, Google prépare pour la fin de l’année, la mise sur le marché de son IA Gemini, déjà en phase d’essai en grandeur réelle.

Pour certains analystes dithyrambiques, ce nouveau Large Language Model (LLM), qu’on traduit communément par Grand Modèle de Langage (GML), serait 4 à 5 fois plus puissant que le Chat GPT 4 de Open AI. Et Meta, qui a besoin actuellement  de sortir d’une mauvaise passe, n’est pas en reste.

LLaMA et LLaMA2 de Meta-Facebook

Il a annoncé très vite le lancement de son propre LLM, baptisé LLaMA, et bientôt rebaptisé LLaMA 2, pour sa nouvelle version développée avec Microsoft. Pour ses promoteurs, elle est naturellement plus puissante que Chat GPT.

Apple GPT et GPT 5 d’Open AI

Et les autres Gafam du même genre ? Eh bien, elles s’activent aussi et cherchent à rattraper leur retard. Apple prépare donc, par exemple, un Apple GPT. Mais, la bataille des Chat GPT est loin d’être terminée. Open AI travaille déjà à la mise en service pour bientôt de son GPT-5 qui sera, évidemment, encore plus puissant que son GPT-4.

En bref, les enjeux tant financiers que technologiques sont colossaux et le métier d’auteur, quoi qu’on en dise, va forcément en être bouleversé. Reste à savoir où et comment.

Bouleversement à venir du métier d’auteur : une autre réalité

Bouleversement à venir du métier d'auteur
Bouleversement à venir du métier d’auteur

Comment échapper au bouleversement à venir annoncés par les chatbots ?

Récemment, une autrice, Dana Ziyasheva, travaillant pour des studios hollywoodiens et accessoirement romancière, s’est vantée de battre à plate couture n’importe quel agent conversationnel. Pour le démontrer, elle s’est servie d’un passage de son dernier roman et elle en a donné, pour voir, les paramètres à ChatGPT.

Naturellement, il n’y a pas photo. Ce qu’elle a écrit est de bien meilleure facture. Ce faisant elle donne la clef pour échapper à l’emprise des agents conversationnels. Pour elle, il ne fait aucun doute que si elle est meilleure écrivain que Chat GPT, en tout cas, pour l’instant, c’est, dit-elle, parce que :

Je préfère entrer en osmose avec mon personnage, revivre ces évènements extrêmes avec lui et à travers lui, et les décrire au lecteurs de mon roman. 

Et elle ajoute, dans la même revue numérique  :

Pour réussir mon roman, j’avais besoin de me nourrir des émotions de la vraie vie, de suivre le même chemin que mon protagoniste, de me retrouver dans ses pas. 

Raison pour laquelle, elle a quasiment fait le tour de la planète et joué aux aventurières. Il est certain que vu le mode de fonctionnement des agents conversationnels qui « pillent » ce qu’ils trouvent sur internet pour en faire quelque chose d’à peu près neuf et de conforme à l’air du temps, elle ne risque pas grand’chose. 

Quels sont les auteurs risquant d’être touchés par la concurrence des chatbots

Cela dit, sa recette n’est pas accessible à tout le monde et il y a des auteurs qui ont des raisons bien légitimes de s’inquiéter. Ce sont tous les auteurs, scénaristes, rédacteurs web, payés à la tâche, pour rédiger des textes dument formatés par des briefings issus des big data ou des desiderata des donneurs d’ordre.

Dans ce domaine, peu importe qu’un texte, scénario, post ou notice, ressemble à beaucoup d’autres. L’important est qu’il ne puisse pas être accusé juridiquement de plagiat et qu’il coche toutes les cases voulues par les « marketers ».

Attrait incomparable des chatbots pour les diffuseurs de textes pré-formatés

La pratique s’est développée à un point tel qu’elle a entrainé le développement d’une multitude de logiciels, gratuits ou payants, n’ayant d’autre but que de pister les « copier-coller » et les contrefaçons. 

Dans ces conditions, le recours à une IA a de quoi être séduisant. Grâce aux développeurs de Open AI et des autres acteurs de ce marché en forte croissance, les utilisateurs vont bientôt pouvoir disposer, quasiment à la minute, de textes tout à fait potables et fiables pour l’usage qu’ils en attendent.

Et cerise sur le gâteau, pour pas cher et sans avoir à « discutailler » avec quelque rédacteur grincheux que ce soit. Mais certains d’entre eux voient le danger et n’ont aucunement envie d’être le bébé qu’on jette malencontreusement avec l’eau du bain.

Résistance syndicale et judiciaire des auteurs menacés par les chatbots

Car, malgré tout, il y a scénario et scénario, comme il y a post et post, même si les uns et les autres passent sous les fourches caudines des mêmes briefings. Question, entre autres, de style, d’imagination et de culture.

C’est sans doute fort de ce constat que ça commence à s’agiter beaucoup du côté des syndicats d’auteurs qui n’ont, bien sûr, pas l’intention de laisser faire n’importe quoi. De même qu’il va sans doute falloir encore beaucoup de temps pour faire admettre que l’utilisateur d’une IA puisse aussi en toucher des droits d’auteur.

Que faut-il en conclure ?

En vérité, ça commence à « chauffer » pour les auteurs. Il est certain que quitte à n’avoir à se mettre sous la dent qu’une production de textes médiocre autant recourir à un bon chatbot.  C’est moins cher et plus rapide. Cependant, pour l’instant, ça ne peut pas être tout à fait le cas.

En effet, la qualité du travail des chatbots laisse encore à désirer. Mais, avec les différents projets en cours, ce n’est plus qu’une question de mois, pas d’années, pour que cette qualité soit, au moins, du même niveau que celle de la plupart des textes couramment publiés. 

Faut-il s’en plaindre? Pas sûr. D’une certaine manière, les « vrais » auteurs, ceux faisant, comme Dana Ziyasheva, l’effort de faire œuvre d’imagination et de création littéraire seront moins « parasités » par ceux se contentant de faire sur les mêmes sujets des plagiats sans éclat.  

A terme, les chatbots feront beaucoup mieux qu’eux. A ceci près, qu’un lecteur averti les décèle sans peine. Ce qui est très négatif pour susciter une boucle virale qui tienne la route.

Mais, ce n’est pas là où les productions des chatbots ont les plus beaux jour devant elles. C’est plutôt dans les productions universitaires et entrepreneuriales. Là où, par la force des choses, elles ne vont rien ajouter de plus à ce qui a déjà été dit ou écrit, mais où elles pourront régner pratiquement sans partage.

Alors oui, pour répondre à la question figurant dans le titre, la fin des auteurs est toujours d’actualité, mais seulement celle de certains auteurs, non créatifs ou compilateurs sans imagination. Et dans un tel contexte, l’autoédition, dans un sens ou dans l’autre, constitue, au choix, un véritable appel d’air ou une bouffée d’oxygène.

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