Les auteurs sont par nature des individualités qui répugnent à toute action collective et qui, donc, sont très peu nombreux à adhérer à un syndicat d’auteurs. Et, quand bien même, ils parviennent à passer outre à leur naturelle réticence, ils se trouvent alors confrontés à un enchevêtrement d’organisations qui toutes prétendent pouvoir les représenter et les défendre.

Cela dit, il est une chose certaine : contrat d’édition et montant des droits d’auteurs dépendent étroitement, d’une part, du poids relatif des auteurs dans les négociations avec les éditeurs et les pouvoirs publics et, d’autre part, de la qualité de ceux qui l’expriment par la voix syndicale. D’où l’intérêt pour les auteurs publiés, ou non, de consacrer un peu de leur temps pour en savoir un peu plus sur le syndicat d’auteurs convenant le mieux à leurs besoins. 

 

Les trois grandes catégories de syndicats d’auteurs

les syndicats d’auteurs se répartissent en plusieurs catégories. En effet, d’une manière générale, il y a les syndicats d’auteurs dépendant des grands syndicats professionnels dont ils constituent une branche.

Il y a aussi les syndicats d’auteurs indépendants, mais s’adressant à quasiment toutes les catégories de créateurs. Et enfin, il y a les syndicats d’auteurs indépendants, mais dont les adhérents sont exclusivement des auteurs professionnels ou des catégories d’auteurs professionnels.

Chacun a ses particularités en matière d’adhésion et de services rendus aux auteurs.

 

Syndicat d’auteurs dépendant d’une grande centrale syndicale

Trois syndicats d’auteurs de cette catégorie sont particulièrement actifs : le SFA-CGT, le SNAA-FO et le STAA CNT-SO

SFA-CGT ou Syndicat Français des Artistes interprètes

SFA-CGT
SFA-CGT

Ce n’est pas un syndicat d’auteurs proprement dit. Il s’adresse surtout aux intermittents du spectacle. Mais bon, cela vaut quand même la peine de le citer ici. 

En effet,  c’est sans doute grâce en partie à l’action syndicale que les intermittents ont pu mener avec le soutien de leur syndicat « mère », la CGT, que, notamment, le régime indemnitaire de leurs journées sans emploi leur est resté globalement favorable.

Et cela, malgré les différentes réformes des Assedic. Evidemment, si les auteurs peuvent s’en inspirer, le SFAA-CGT n’est pas franchement le syndicat idéal des auteurs.

 

SNAA-FO ou Syndicat National de Artistes Auteurs Force Ouvrière

SNAA-FO

 

Plus qu’avec le précédent syndicat, les auteurs peuvent, a priori, davantage trouver leur compte  au SNAA-FO. Au moins ils sont nommés à côté des artistes. Le syndicat tel qu’il existe aujourd’hui date de 1996. Et dans sa base, on trouve une masse d’artistes, non pas du spectacle, mais des arts graphiques. Et pas que !

Car, au final, comme le précise le syndicat lui-même :

Le SNAA-FO intègre depuis 1996 TOUS les artistes auteurs : plasticiens, graphistes, performers, photographes, auteurs-compositeurs, écrivains de toutes disciplines, scénaristes, réalisateurs, auteurs de logiciels, etc.

A noter que le SNAA-FO est également fédéré à la FASAP-FO qui regroupe un tas d’autres structures assurant la défense d’autres intérêts catégoriels propres aux métiers de la création.

L’adhésion est libre sous réserve de disposer d’un numéro d’identification SIREN  et coûte 120 euros par an, ramenés à 60 euros en cas de difficulté financière.

 

STAA CNT-SO ou Syndicat des Travailleur-euses Artiste-Auteur- ices de la Confédération Nationale du Travail – Solidarité Ouvrière

STAA CNT-SO
STAA CNT-SO

Le syndicat des Travailleurs Artistes-Auteurs a été créé pour répondre aux problématiques rencontrées par les travailleurs et les travailleuses relevant du régime d’artiste-auteur dans tous les secteurs culturels.

L’adhésion annuelle au STAA CNT-SO est à prix libre à partir de 36 euros.

 

Syndicat d’auteurs indépendant à vocation généraliste

SNAC ou Syndicat des auteurs compositeurs

SNAC
SNAC

Avec le SNAC, on entre de plain-pied dans la défense et le service rendu aux auteurs au sens large. Le syndicat est ancien, il a eu 100 ans en 1919, et il a été présidé par des personnalités aussi prestigieuses que Jean Cocteau et Georges Duhamel.

Sa particularité est d’être présidée à tour de rôle par des représentants de chacun des groupements qui le compose. Ces derniers sont au nombre de cinq. Ils recouvrent tous les domaines de la création artistique, hors mis, grosso modo, l’interprétation et les arts plastiques. 

Il est actuellement présidé par Bessora issue de la section lettres. Celle-ci  correspond, avec 33,55 % des adhérents, à la plus grande des sections.

A noter que le SNAC propose un service de dépôt des manuscrits, alternative, entre autres, à l’enveloppe Soleau.  Et à titre payant il propose aussi ses services aux non adhérents. Le coût de l’adhésion est actuellement de 90 euros par an. Notons que s’y ajoute une part variable égale à 0,50 % proportionnelle au chiffe d’affaires réalisé. 

Enfin, dernière particularité, le SNAC assure la représentation des auteurs et des compositeurs dans pratiquement toutes les instances officielles du paritarisme social et professionnel.

 

CAAP ou Comité Pluridisciplinaire des Artistes-Auteurs et des Artistes-Autrices

CAAP
CAAP

Le CAAP est une organisation professionnelle ouverte à tous les domaines de la création. Organisation syndicale nationale, il défend les intérêts matériels et moraux des artistes auteurs et de artistes autrices quel que soit leur domaine de création artistique : œuvres littéraire et dramatiques, musicales et chorégraphiques, audiovisuelle set cinématographiques, graphiques et plastiques, ainsi que photographiques.

L’adhésion au CAAP est réputée acquise à partir du paiement de la cotisation de 30 euros. Elle est valable un an.

 

SELF ou Syndicat des Ecrivains de Langue Française

 

SELF
SELF

Comme les deux précédents syndicats d’auteurs, la vocation du SELF est généraliste. Il accueille, bien sûr, tous les écrivains.  Mais, pas seulement ! En effet, il s’est fixé comme mission de défendre tous les créateurs artistiques

Par ailleurs, il a pour particularités d’être ouvert aux créateurs francophones, donc pas uniquement français, de même qu’aux auteurs autoédités. De fait, ainsi que le précise ses statuts :

Peuvent adhérer au syndicat tous les écrivains et auteurs âgés de plus de 16 ans, de langue française (ou d’une langue parlée sur le territoire français), et ceux dont l’œuvre  a connu une diffusion ou une exploitation dans cette langue.

Ajoutons-y, ce qui ne manque pas d’intérêt, que ces mêmes statuts précisent que :

Peuvent également adhérer, avec voix consultative, les ayant droit d’écrivains ou d’auteurs décédés.

 

Syndicats indépendants s’adressant exclusivement aux auteurs

SGDL ou Société des Gens De Lettres

 

SGDL
SGDL

La société des gens de lettres a pour vocation la promotion du droit d’auteur et la défense des intérêts des auteurs.

Rien donc que de très banal dans l’univers de la protection des auteurs. Sauf que la SGDL, ce n’est pas rien ! C’est une vieille dame ! Elle est née en 1838, mais elle a su s’adapter à son temps et aux besoins des auteurs et uniquement des auteurs.

Elle leur propose aujourd’hui un service très diversifié.  Celui-ci va de leur protection, et notamment de leurs œuvres, jusqu’à leur formation et l’animation d’observatoires clef sur leur profession. Par ailleurs, les interventions de la SGDL auprès des pouvoirs publics, tant nationaux qu’européens, sont souvent déterminantes . 

Présidée par Christophe Hardy, la SGDL n’est cependant pas ouverte à tous les auteurs. Pour pouvoir y adhérer, il faut en effet avoir publié au moins un livre à compte d’éditeur. Pas si simple. Mais, comme le précise la direction de la SGDL, il n’existe aucun seuil, ni aucune condition de revenus préalable à une adhésion, contrairement à ce qui a pu être écrit, notamment par nous dans une version précédente de cet article.

Moyennant quoi la cotisation annuelle ne coûte que 50 euros.

 

Ligue des auteurs professionnels

Ligue des auteurs professionnels
Ligue des auteurs professionnels

Evoluant dans le même registre que la SGDL, mais beaucoup plus ouvert et peut-être plus militant, un autre syndicat d’auteurs mérite l’attention des écrivains professionnels ou amateurs : la ligue des auteurs professionnels.

Sans surprise, le but de la ligue des auteurs professionnels, créée en 2018, mais qui a adopté le statut de syndicat en 2021, est de  liguer les auteurs et autrices de livres pour :

sauvegarder leur métier et améliorer les conditions de création de tous les créateurs et créatrices.

Le syndicat, dont le secrétaire général est Frédéric Maupomé, écrivain et scénariste, compte actuellement un peu plus de 2500 adhérents. Leur âge médian est proche de la cinquantaine et ils se répartissent à peu près également entre hommes et femmes. Pour l’essentiel, ils sont de nationalité française et vivent en province.

Pour l’essentiel aussi, ce sont des écrivains qui se qualifient d’auteurs professionnels précaires ou désireux de devenir auteurs professionnels. A parts quasiment égales, ce sont principalement autant des auteurs pour la jeunesse que des auteurs de romans ou de BD. 

Il n’en reste pas moins qu’un petit nombre d’entre eux sont des auteurs de poésie et de pièces de théâtre. 

À noter enfin que :

La ligue accueille les auteurs auto édités s’ils ont déclaré leurs livres au dépôt légal.

Plus précisément, l’adhésion est ouverte à tout auteur francophone ayant publié au moins un livre avec un dépôt légal et un numéro ISBN. Quant à la cotisation, elle est seulement de 15 euros par an.

 

Réforme des droits d’auteur et élections professionnelles

Pour finir, est-il vraiment utile pour un auteur d’adhérer à un syndicat d’auteurs ?  N’est-ce pas une perte de temps et d’argent, si petite que soit la cotisation ? Peut-être, mais en attendant, bien des choses peuvent et doivent être faites sur le front de la rémunération des auteurs. 

Ne serait-ce, par exemple, en ce qui concerne les droits d’auteur, que par la mise en pratique effective de contrats d’édition faisant réellement la distinction entre les revenus tirés de la commande d’une œuvre et ceux tirés de son exploitation.

Ou encore, ne serait-ce, comme l’a expliqué dans un long communiqué Frédéric Maupomé critiquant la surreprésentation des Organes de Gestion Collective, les fameux OGC, dans le Conseil Permanent des Ecrivains (CPE) qu’en  se mobilisant lors des élections professionnelles à chaque fois que l’occasion en est donnée. 

Ce qui suppose, in fine, d’adhérer au syndicat d’auteurs de son choix. Et pour cela, compte tenu d’une offre syndicale assez pléthorique, en sus des syndicats qui viennent d’être évoqués, s’ajoutent, en effet, tous ceux qui s’adressent à une catégorie précise de créateurs, il convient de le faire en accord avec sa sensibilité et le souci d’être efficace.  

1 comment

  1. J’adhère au SNAC depuis 2015 (ai publié en 201 et 204), et n’ai jamais eu qu’à m’en féliciter.
    À plusieurs reprises, ils/elles m’ont donné un GROS coup de main… des plus efficace !
    Je n’ai jamais regretté ma cotisation…
    Grâce à eux, un certain nombre d’aiglefins ont plié boutique. Bon débarras !
    Merci, merci et encore merci.
    JM

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