Il est permis de rêver. Après tout, n’importe quel écrivain peut prétendre, un jour, à force de travail et de talent, être récompensé par le prestigieux prix. Le plus prestigieux de tous les prix Nobel :  le prix Nobel de littérature. A voire. Force est de constater que l’attribution du prix Nobel de littérature suit des « cours d’eau » souterrains qui, bien qu’invisibles, ou peu visibles, n’en sont pas moins bien réels. On peut presque dire qu’il y a un profil type du nobélisable. Ce qui est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle pour tout apprenti auteur à succès. Est-ce que ça vaut, alors, vraiment la peine de s’y intéresser autrement que par curiosité ? Sans aucun doute.

Combien rapporte un prix Nobel ? 

La question peut paraître bien triviale, tant il est normal de considérer que tout auteur écrit d’abord pour la gloire de la littérature et, à défaut, pour son seul plaisir. Certes, mais, pouvoir vivre de sa plume, c’est quand même bien et être un auteur reconnu, aussi. 

Et là, il faut bien admettre que recevoir le prix Noble de littérature, ça paie. Et de multiples façons !

Combien rapporte un prix Nobel ?
Combien rapporte un prix Nobel ?

Montant du prix Nobel de littérature

Incontestablement, le prix Nobel de littérature est celui qui est le plus richement doté. Annie Ernaux, à qui il a été attribué le 6 octobre 2022, va ainsi toucher 8 millions de couronnes suédoises, soit environ 740 000 euros. C’est moins que les années précédentes. En 2019, le montant du Prix était encore de 9 millions de couronnes suédoises, soit environ 830 000 euros. Presque 100 000 euros de moins, donc. Mais, de 2001 à 2012, il était de 10 millions de couronnes, soit 1,2 million d’euros !  Bref, même si ce n’est plus aussi payant que cela l’a été, le prix Nobel, de toute façon, ça paie. Et ça paie bien. 

Et en plus, le montant du prix n’est pas imposable ! En effet l’article 92 A du code général des impôts précise :

Ne sont pas soumises à l’impôt sur le revenu : 1° les sommes perçues dans le cadre de l’attribution du prix Nobel par les lauréats de ce prix.

Et comme le prix Nobel n’est pas imposable au titre de l’impôt sur le revenu, il n’est pas non plus soumis à cotisations sociales. Rien donc que du bénef !

Les autres avantages monétaires du prix Nobel 

Mais le montant du prix Nobel, même réduit, n’est pas le seul avantage monétaire que perçoit son heureux lauréat. Il faut y ajouter l’explosion des ventes qu’il suscite dans les librairies. 

Prenons, par exemple, le cas d’Annie Ernaux. Tout au long de sa carrière, commencée en 1974, elle a écoulé près de 4 millions d’ouvrages avec neuf titres : Les armoires vides (1974), La place (1983), Passion simple (1992), La honte (1997), L’occupation (2002), Les années (2008, L’autre fille (2011), Mémoire de fille (2016) et Jeune homme (2022).  

 

Annie Ernaux
Annie Ernaux

Ce qui n’est pas mal. Mais, le simple fait qu’on lui ait attribué le Prix Nobel a contraint ses éditeurs à réimprimer massivement certains de ses titres. Si on s’en tient, entre autres, à Gallimard, celui-ci a engagé une réimpression massive de près de 900 000 exemplaires ! Ce qui ne veut bien évidemment pas dire 900 000 exemplaires vendus ! Mais quand même ! 

A noter pour la petite histoire que dans la semaine précédent l’attribution du prix Nobel de littérature, Annie Ernaux n’avait vendu que 6200 exemplaires de son dernier ouvrage. Gageons qu’elles ont du être bien « boostées » depuis !

Les avantages non monétaires du Prix Nobel 

Mais, recevoir un Prix Nobel, ce n’est pas que recevoir de l’argent. C’est accéder à une notoriété planétaire. Et qui dit notoriété dit naturellement de nombreux avantages qui vont avec. Lesquels se traduisent, entre autres, par de nombreuses invitations, des conférences, etc. Chacun se traduisant indirectement par des ventes supplémentaires. Si ce n’est par de juteux cachets.

Autrement dit, quand on est un auteur professionnel, ou apprenti auteur professionnel, ça vaut le coup d’essayer de se faire attribuer un prix comme le prix Nobel de littérature. Il y a longtemps que les récompenses sont devenues parties intégrantes des démarches promotionnelles des maisons d’édition et y compris de l’autoédition. De ce point de vue, le prix Nobel est lui aussi devenu un prix comme les autres. Juste un peu plus particulier. Ou un peu plus dur à avoir.

Que faut-il faire pour avoir le Prix Nobel de Littérature ? 

 Critères d’attribution du prix Nobel de littérature

Comme pour toute récompense, le prix Nobel est attribué en fonction d’un certain nombre de critères. D’évidence, mieux vaut en avoir une idée avant de se lancer dans une démarche promotionnelle qui l’inclut. Par ailleurs, sans qu’il soit besoin de s’y étendre, une telle démarche est forcément une démarche de longue haleine. 

Les critères généraux d’attribution d’un prix Nobel

Quel que soit le secteur dans lequel on concourt, toute œuvre présentée, et donc toute œuvre littéraire, doit pouvoir être qualifiée comme « ayant apporté le plus grand bénéfice à l’humanité. » Et c’est comme ça depuis la création du prix en 1901. 

 

Les critères généraux d'attribution d'un prix Nobel
Les critères généraux d’attribution d’un prix Nobel

Les critères particuliers liés à l’œuvre

Pour ce qui concerne une œuvre littéraire, indépendamment du « grand bénéfice apporté à l’humanité », celle-ci sera d’autant plus retenue qu’elle sera dans l’air du temps et répondra aux préoccupations des contemporains. Ainsi l’académie suédoise a été particulièrement sensible :

(au) courage et (à) l’acuité clinique avec laquelle Annie Ernaux découvre les racines, les éloignements et les contraintes collectives de la mémoire personnelle. »

A tel point qu’elle a pu y voir une « anthropologue d’elle-même » comparable à Marcel Proust !

Données implicites liées à l’auteur

Cela dit, au-delà de ces critères particuliers qui peuvent se révéler décourageants pour beaucoup, il semble qu’il y en ait d’autres plus prosaïques, mais qui, néanmoins, peuvent être tout aussi rédhibitoires, notamment selon l’année, comme, par exemple, la nature du sexe de l’auteur. 

Ainsi, mise à part l’attribution du Prix à Bob Dylan, en 2016, on observe que, depuis 2013, l’habitude a été prise d’attribuer le prix, une année sur deux, à un auteur féminin. Entre cette date et 2022, le prix a donc récompensé :

La règle répartissant équitablement la récompense entre les hommes et les femmes n’est apparemment écrite nulle part, mais elle semble bien effective. Et là, ça n’a rien à voir avec les caractéristiques de l’œuvre, ni avec le talent de l’auteur.

 

Soumettre sa candidature 

Evidemment, quand on est adepte de la démarche promotionnelle, en général, on ne va pas attendre que le comité Nobel s’intéresse spontanément à son œuvre littéraire, sauf si on est persuadé d’être un créateur unique. Ce qui veut dire qu’on a déjà été lauréat de nombreux  prix. Mais, même ainsi, on a toujours besoin d’un petit coup de pouce. 

Candidature spontanée au prix Nobel

Hé oui, ça peut se faire. Il suffit d’envoyer sa candidature aux 18 membres composant l’Académie suédoise. On peut l’adresser, soit à la fondation Nobel au 14, Sturegatan, à Stockholm, soit au siège de l’académie, 4  Källargränd, également, bien sûr, à Stockholm.  Et pas de fausse honte à avoir ! L’ Académie sait à quoi s’en tenir. Le scandale qui a défrayé la chronique, en 2018, du petit landerneau culturel suédois avec l’implication du français Jean-Claude Arnault est là pour l’illustrer. 

Parmi les 18 membres actuels, on compte :

Faire proposer sa candidature au Nobel

Bon, on veut bien l’admettre s’adresser de soi-même directement à chacun des membres de l’Académie suédoise, c’est certes possible, mais ce n’est pas, à vrai dire, simple à mettre en œuvre. On peut facilement imaginer pourquoi.  On a donc tout intérêt à compléter la dite mise en œuvre par d’autres moyens. Et notamment en prenant contact avec des personnalités, comme on dit, bien introduites dans le milieu éditorial qui convient.

Parmi les noms qui circulent, on cite souvent William Marx, Michel Zink ou Daniel Louvard. William Marx est professeur au Collège de France et il a reçu en 2010 le prix Montyon de l’Académie française pour son livre « Vie du lettré« . Tout un programme et on n’est guère surpris de voir son nom figurer dans cette liste confidentielle. 

Autre personnalité essentielle, Michel Zink,  il est secrétaire perpétuel de l’Académie des inscriptions et des belles lettres et, sans surprise, il a des liens privilégiés avec l’Académie suédoise. 

Quant à Daniel Louvard, c’est certes un scientifique, mais en tant que membre de l’Académie des sciences, mais également de l’Académie européenne des sciences, il a forcément des liens privilégiés, lui aussi, avec l’Académie suédoise. 

Enfin, reste les anciens lauréats qui, si on parvient à les approcher, peuvent être naturellement de bon conseil, à défaut de pouvoir recommander directement des candidatures en tant que tel. 

 

Quelles sont les chances d’un écrivain français ? 

Le prix Nobel de littérature est un prix français. Du moins, c’est ce qu’on pourrait croire quand on regarde les statistiques. En effet, Annie Ernaux est le 16 ème auteur français à recevoir la prestigieuse récompense. Comme un français, Sully Prudhomme, aujourd’hui, bien oublié, a été le premier à en être le lauréat en 1901. 

De sorte que sur 119 lauréats, les lauréats français représentent près de 14 % du total. Cocorico ! Les lauréats américains ou anglais viennent bien après ! On peut donc en déduire qu’un auteur français, ou à tout le moins francophone, a plus de chances qu’un auteur d’une autre nationalité d’obtenir le fameux prix.

 

Peut-on refuser le Prix Nobel ?

 

Jean-Paul Sartre
Jean-Paul Sartre

A vrai dire, le chiffre exact serait plutôt de 15 lauréats français sur 119. A cause de Jean-Paul Sartre à qui il a attribué en 1964, mais qui, pour des raisons philosophiques, l’a refusé. Donc, oui, on peut toujours refuser le prix Nobel, mais en dehors du refus de Jean-Paul Sartre, on n’en connaît pas d’autre. Difficile quand même de résister à ses sirènes monétaires et autres. On a beau être philosophe, et tout et tout, on en reste pas moins homme.

 

En résumé

Le  prix Nobel de littérature est plus accessible qu’on ne pense. Cela dit, il faut quand même avoir produit une œuvre d’importance ! Mais, et c’est là qu’on peut faire la différence, il n’est pas inutile de faire quelques démarches pour en faire la promotion. Quoi qu’il en soit, être lauréat d’un prix, qu’il s’agisse, ou pas, du prix Nobel, est un objectif à intégrer dans tout plan marketing destiné à promouvoir un livre

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