Difficile d’imaginer un livre sans suspense. Etonnant, non ? Car, qui dit suspense renvoie quasiment automatiquement à roman policier. Alors, quel suspense peut-on trouver dans un livre autre qu’un roman policier ? Quoique, à la réflexion, du suspense, il peut y en avoir dans un thriller, dans un roman historique, dans une enquête, etc. Bref, le suspense est partout. A condition, bien sûr, d’avoir bien pris conscience que le suspense n’est rien d’autre que la tension narrative et n’est donc pas lié à un genre en particulier. Mais, au fait, à quoi ça sert le suspense ? Eh bien, à pousser le lecteur à lire le livre jusqu’au bout ! Et, accessoirement, à le recommander à d’autres lecteurs ! De sorte que le suspense est bien le premier facteur clef de succès d’un livre. Alors, comment fait-on pour devenir un maître du suspense, autrement dit, de tension narrative ?

Suspense et tension narrative 

Se libérer du suspense !

Le premier pas vers la tension narrative consiste à se libérer du suspense. Pourquoi ? Parce que le mot « suspense » est très connoté. Alors que l’expression « tension narrative » s’applique à tous les ouvrages. Et pourtant, c’est la même chose ! Cependant, chercher à faire du suspense, sans passer par la case tension narrative peut être source de bien des malentendus. 

On veut écrire une biographie, un mémoire, et on entend dire qu’il faut y mettre du suspense pour rendre le texte intéressant. Pourquoi pas, mais on se dit quand même qu’il va être bien difficile d’y placer un meurtre, une disparition ou un complot ! Alors, à quoi ça sert ? 

 

Se libérer du suspense
Se libérer du suspense

 

Pour sortir de l’embarras et retrouver la liberté de l’écriture, il faut pouvoir sortir du carcan du suspense. Et cela n’est possible que si on substitue au mot « suspense », l’expression « tension narrative ».  

Albert Camus aimait à dire, à ce sujet : 

Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde.

Certes, en principe, le malheur du monde n’augmentera pas beaucoup avec un livre dont la tension narrative aura été enfermée dans un faux suspense, mais, à coup sûr, elle ne diminuera pas.  Ce qui est bien dommage. Qui sait si le livre dont la narration aura été, de ce fait, mal élaborée n’aurait pas aidé tel ou tel lecteur à mieux vivre ou à accroître ses connaissances. S’il avait eu, bien sûr, la patience d’aller jusqu’au bout de sa lecture ! 

Se référer à la tension narrative

 

Se référer à la tension narrative
Se référer à la tension narrative

 

Pousser le lecteur d’un livre à aller au bout de sa lecture est bien la raison d’être de la création d’une tension narrative. Autrement dit, la tension narrative, c’est ce qui permet d’éviter que le lecteur ne finisse par s’ennuyer au bout de quelques pages de lecture. Le contraire donc d’un « page turner« .

Ce qui revient à dire que tout auteur doit, en permanence, penser à relancer l’intérêt de son lecteur. Alors comment faire pour faire ça ?  Comment créer une tension narrative ?

Comment créer une tension narrative ?

 

Comment créer une tension narrative
Comment créer une tension narrative

 

Principe général 

Au fond, le principe général de toute tension narrative, c’est de ne donner qu’à la fin du livre la solution au problème posé à son début. Une fois cela dit, c’est quand même un tout petit peu plus compliqué. On peut avoir dès le début une idée de la solution. Voire même la solution complète, tout dépond de la nature du texte.

Par exemple, dans ce dernier cas, un mémoire. Mais, quoiqu’il en soit, reste à savoir comment on y arrive. C’est là le rôle des péripéties ou des éléments de démonstration. Mais, pour que ça marche bien, il faut savoir les amener et apprendre à se servir de quelques trucs.

Exemple de truc : le cliffhanger

Définition du cliffhanger

Le cliffhanger est un des meilleurs trucs qui soient pour entretenir l’intérêt des lecteurs. En deux mots, un cliffhanger, c’est une « personne suspendue au bord d’une falaise« . Naturellement, quand on se trouve confronté à une telle situation, on est envahi par un sentiment d’incertitude ou d’appréhension, au mieux. Et, au pire, d’anxiété, de peur ou d’angoisse. Etat qui correspond à la définition même du suspense. 

Origine du mot cliffhanger

La technique du cliffhanger a été utilisée pour la première fois, dit-on, par l’auteur Thomas Hardy, dans son roman, paru sous forme de feuilleton de 1872 à 1873, « A pair of blue eyes« . Il y laisse effectivement son héros, Henry Knight, accroché au bord d’une falaise, et ses lecteurs, libres d’imaginer la suite. 

 

THOMAS HARDY
Thomas Hardy

 

Mode d’emploi du cliffhanger

Une bonne utilisation de la technique du cliffhanger consiste à finir chaque chapitre de son livre avec une situation de type cliffhanger. C’est-à-dire par une menace, une urgence ou une interrogation.  Ce qui ne peut manquer de pousser le lecteur à chercher à en savoir plus. En lisant, bien sûr, le chapitre suivant. Et ainsi de suite.

Autres trucs : le twist et le hasard

Le twist porte bien son nom. L’auteur, Michel Bussi, passé maître dans l’art de l’utiliser, et dont c’est quasi la signature, le définit ainsi : 

Qu’est-ce qu’un twist ? C’est un retournement de situation. En fait, j’aime bien qu’entre le point de départ de l’histoire et la fin, la résolution paraisse impossible, qu’il existe une connotation mystérieuse. 

Et pourquoi pas aussi ce bon vieux hasard. Jules Verne en donne un bel exemple dans les premières pages de son roman Mathias Sandorf, sous le chapitre intitulé le « Pigeon voyageur ». Après avoir brièvement décrit ses personnages principaux, Sarcany et Zirone, il écrit ceci : 

Aussi tous deux ne savaient-ils que devenir. Ils ne pouvaient compter que sur le hasard, et comme cette Providence des gueux ne se pressait pas de venir à leur rencontre le long du môle de San Carlo, ils résolurent d’aller au-devant d’elle à travers les rues de la nouvelle ville. 

Et fort heureusement pour le lecteur que la déambulation désoeuvrée des deux acolytes risque de lasser promptement, tombe à leurs pieds un pauvre pigeon bien fatigué, mais porteur d’un étrange message.

Car, il s’agit, bien entendu, d’un pigeon voyageur. L’histoire se passe à Trieste en 1867. Et voilà l’affaire lancée grâce à un message « pigeonnier » indéchiffrable et totalement imprévisible.

Atelier d’écriture

Malgré tout l’intérêt présenté par le principe général d’une tension narrative et son expression par différents trucs, ce n’est pas toujours facile à mettre en oeuvre.  Surtout quand on est un auteur encore novice ! 

Un peu d’aide dans ce domaine ne peut donc pas faire de mal. Parmi ces aides, il y a les blogs littéraires, les forums d’écriture, les livres spécialisés et plus fondamentalement les ateliers d’écriture. Lesquels « balaient » toutes les techniques d’écriture créative.

Ce que les Anglo-saxons, pionniers en la matière, appellent « creative writing« . Dont, évidemment, toutes celles qui ont trait à la tension narrative. Seul chemin qui peut mener véritablement au succès et à un lectorat toujours plus étendu, de parution en parution.

 

Atelier d'écriture
Atelier d’écriture

 

Suspense or not suspense ?

On peut, sûrement, écrire sans s’occuper de toutes ces techniques. Comme toujours, il ne faut pas que le souci de la technique littéraire nuise à l’écriture elle-même, en tuant l’envie d’écrire. Ecrire, c’est comme la marche. Si c’est en marchant qu’on apprend à marcher, c’est aussi en écrivant qu’on apprend à écrire

Alors, c’est vrai qu’un livre écrit sans réel souci de tension narrative a de fortes chances de finir au pilon. 

 

Suspense or not suspense ?
Suspense or not suspense ?

 

Et après ? Qu’est-ce que ça fait ? L’essentiel est d’écrire le livre que l’on porte en soi. Puis, d’en écrire un second, en tenant compte des erreurs commises en écrivant le premier. Mais aussi de ses bonnes choses.

Et cela d’autant plus que même pour un auteur chevronné, le succès n’est pas non plus toujours au bout de la route. Mais, écrit-on pour cela ? Evidemment que non ! Retraité, on écrit pour ses petits-enfants, ado, on écrit son journal intime, témoin d’un évènement, on le raconte, etc.

Et ne reste plus que le plus important. A savoir, le plaisir d’imprimer ce que l’on a écrit. Sans s’occuper des critiques.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.