Faire écrire de la poésie à ses élèves ? Le challenge paraît impossible à surmonter. Pourtant, la poésie est bien au cœur de l’enseignement du français. Du cycle 2 aux classes du collège et du lycée.

Quand le portail national d’informations et de ressources du ministère de l’éducation nationale, Eduscol, édite une fiche sur les enjeux de la lecture et de la littérature, il intitule son premier chapitre : « littérature, écriture, poésie ».

La poésie est bien au coeur de l'enseignement du français
La poésie est bien au coeur de l’enseignement du français

Autrement dit, la poésie figure bien, en bonne place, dans le cadre des piliers 1, 4 et 6 du socle commun de connaissances et de compétences à acquérir et à maîtriser. En bref, la maîtrise du français, dans toutes ses dimensions, fait partie des fondamentaux de l’éducation et la poésie en est un des facteurs essentiels.

Alors comment s’y prendre pour faire écrire de la poésie à ses élèves, point d’aboutissement de son enseignement, et quels conseils leur donner.

 

Comment s’y prendre pour faire écrire de la poésie à ses élèves ?

Il faut, bien sûr, leur en donner le goût. Ce qui signifie, au minimum, que le temps passé à faire de la poésie ne leur apparaisse pas comme une corvée qui n’aurait d’autre justification que celle de s’appliquer à suivre le programme défini par l’Académie.

De nombreuses expériences pédagogiques le montrent, souvent décrites dans des manuels scolaires auto-édités.  Le moment « poésie » peut devenir un moment d’excellence et de créativité, pour peu qu’on parvienne, notamment, à en faire aussi un moment de valorisation personnelle.

 

Comment faire écrire de la poésie à ses élèves de cycle 2 et de cycle 3

Habituellement, l’enseignement du français via la poésie pour des élèves de cycle 2 et de cycle 3 passe par la récitation d’un poème sur le thème du moment. Suivant les saisons, on a donc « l’automne », etc .. L’élève choisit son poème, lié au thème, parmi 2 ou 3 poèmes au choix, l’apprend, éventuellement, fait un dessin pour l’illustrer et le récite.

 

La récitation est au cœur de l’apprentissage de la poésie

Cette récitation permet d’évaluer si l’élève est capable, en particulier :

  • D’énoncer le texte et de le copier correctement.
  • D’articuler et de parler avec une voix assez forte.
  • D’enchaîner les mots et de réciter tous les vers.
  • De restituer le poème sans oubli, ni erreur.
  • De mettre le ton et de l’agrémenter d’une gestuelle.
  • D’établir un  contact visuel avec ses auditeurs.

A la lecture de ces critères, on voit bien combien la poésie peut être un outil pédagogique remarquable pour familiariser les élèves à l’usage de la langue. Mais, on comprend aussi combien l’exercice peut être fastidieux et répétitif.

Au bout de plusieurs récitations d’un même poème, dans la même séquence pédagogique, il y a de fortes chances pour que l’attention de la classe se relâche.

 

Comment apporter de la diversité à la récitation

Par suite, il est conseillé d’apporter de la diversité à cette séquence en augmentant le choix de poèmes à réciter, de s’affranchir d’une thématique banalisée, de réduire la durée de chacune de ces séquences tout en les multipliant et de valoriser collectivement la performance du récitant.

Ce dernier point s’effectue par une analyse critique du poème et de la récitation.

C’est à partir de là que l’on peut passer à l’étape suivante et faire écrire de la poésie à ses élèves en leur demandant d’écrire un poème inspiré par ce qu’ils ont entendu et analysé avec l’aide de leur professeur.

 

Comment faire écrire de la poésie à des élèves de collège, de lycée et à des étudiants

Les critères d’évaluation restent les mêmes, mais la partie critique est naturellement plus étoffée. De même que l’exigence en matière d’écriture. En général, les pistes pédagogiques suscitées par l’exercice portent sur :

  • La qualité d’écoute du poème.
  • Les illustrations qui l’accompagnent.
  • La fidélité de la copie.
  • La diction poétique.
  • La lecture à plusieurs.
  • Les études des formes poétiques.
  • La constitution de florilèges.
  • L’écriture poétique.
  • Les discussions avec un poète.
Comment faire écrire de la poésie à des élèves de collège, de lycée et à des étudiants
Comment faire écrire de la poésie à des élèves de collège, de lycée et à des étudiants

Deux programmes d’actions pour valoriser l’écriture de la poésie

Sur les cinq programmes d’actions privilégiés par Eduscol pour répondre aux enjeux de la lecture et de la littérature, deux concernent la poésie : le Printemps des poètes et Poésie en liberté. Ces programmes sont centrés sur une mise en scène concrète du fait poétique par les élèves eux-mêmes.

Si on s’arrête au programme « Poésie en liberté », il s’agit essentiellement d’amener ses élèves à participer, comme 4000 autres élèves le font chaque année, à un concours international d’écriture de poésie.

Citons parmi les derniers lauréats, Inès Doublier, élève au lycée Alexandre Dumas de Saint-Cloud, dont le poème « Insatisfaction feinte » a obtenu le prix spécial international des droits de l’enfant, en 2018.

 

Quels conseils donner pour faire écrire de la poésie à ses élèves ?

Évidemment, ils ne sont à considérer dans leur ensemble que par les élèves ayant déjà franchi plusieurs niveaux dans la maîtrise de la langue. Par ailleurs, il ne s’agit là que d’une sélection.

1 – Commencer par lire de la poésie.

Les récitations sont des déclencheurs de lectures. Elles imposent des choix et donc des lectures diverses. Elles peuvent se poursuivre avec la lecture de l’ensemble des poèmes du poète préféré. Plus tard, elles peuvent aussi conduire à la lecture d’anthologies qui ouvrent des portes sur toute la poésie d’une époque ou d’un pays.

 

2 – Lire des textes sur la poésie.

C’est une approche qui permet de mieux comprendre ce qu’est l’art poétique. Les explications données par un professeur aident à mieux faire comprendre aux élèves ce que représente tel ou tel poète dans cet art. De ce fait, elles constituent la meilleure amorce pour cette lecture analytique.

 

3 – S’immerger dans des situations inspirantes.

La poésie, c’est la vie. C’est un moyen d ‘expression privilégié pour traduire en mots des émotions, des idées, nées du réel et d’un vécu quotidien.

Il faut lire et regarder le monde avec un œil critique, comme si c’était un livre, écouter, observer, lire les journaux, la vie, la musique …Il n’y a pas de domaine qui soit indifférent. » nous dit Paul de Brancion

“Il faut lire et regarder le monde avec un œil critique, comme si c'était un livre, écouter, observer, lire les journaux, la vie, la musique ...Il n'y a pas de domaine qui soit indifférent."
“Il faut lire et regarder le monde avec un œil critique, comme si c’était un livre, écouter, observer, lire les journaux, la vie, la musique …Il n’y a pas de domaine qui soit indifférent. »

4 – Écrire sans contraintes.

Il n’est pas nécessaire pour écrire de la poésie de vouloir absolument faire des rimes. D’autant que la poésie contemporaine est la plus libre qui soit. Elle n’a pas de lexique particulier.

Mais, rien n’empêche, bien sûr, le poète en herbe d’écrire des alexandrins, des octosyllabes, des tercets ou des sonnets, si ces formes poétiques suscitent en lui un plus fort désir d’écrire.

 

5 – Écrire par plaisir.

C’est le fondement même de l’écriture d’un poème. Un poème est la traduction d’un moment intense vécu par celui ou celle qui l’écrit. C’est la retranscription de cette intensité qui donne de la beauté, du rythme, de la musicalité et de la vérité au poème.

Or, pas d’intensité, à l’arrivée, sans plaisir, au départ. Et c’est parce que l’on sait, ou que l’on comprend, qu’il peut y avoir cette intensité à l’arrivée que le plaisir peut naître au départ et entraîner une écriture dont le style peut être incandescent.

 

6 – Imprimer les poèmes.

Non pas pour gagner de l’argent. D’ailleurs, on ne fait pas fortune en écrivant de la poésie. Mais, simplement pour leur donner une vie complète. De fait, un poème qui reste enfermé dans un tiroir ne vit pas. Car un poème est avant tout un facteur de lien entre le poète et les autres.

Alors, quoi de mieux que d’imprimer en recueil les poèmes d’une saison ?  Célestin Freinet, le célèbre pédagogue, avait  fait de l’impression à l’école un élément clé de sa pédagogie innovante. Aujourd’hui, c’est facile, peu coûteux, grâce à des sites d’autoédition comme CoolLibri.

 

La poésie est à la portée de tout un chacun

 Comme le dit, très justement, Adeline Baldacchino, Présidente du jury Poésie en liberté, 2019 :

La poésie n’est pas affaire de règles, ni de conseilleurs

"La poésie n'est pas affaire de règles, ni de conseilleurs"
« La poésie n’est pas affaire de règles, ni de conseilleurs »

C’est effectivement, d’abord, une affaire de sensibilité et de cœur. Quant à la poésie contemporaine, c’est un domaine en plein essor, un nouveau monde à découvrir, si l’on en croit Isabelle Garron et Pierre Soletti, les auteurs de la remarquable anthologie, intitulé justement « Un nouveau monde, poésies en France (1960-2010)« , brillamment présentée dans le blog « Les vagabonds sans trêves ».

On y apprend, entre autres, que la poésie n’a pas dit son dernier mot avec le surréalisme.

Chacun peut donc s’y essayer et pourquoi pas faire imprimer son propre recueil de poèmes. Avec un site comme CoolLibri, cela n’a jamais été aussi facile.

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