Un quoi ? Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? A quoi ça sert d’écrire un préambule ? Et puis, c’est quoi la différence avec l’intro, l’avant-propos ou la préface ?

Ah, et puis aussi, tant qu’à faire, avec l’avertissement ? La confusion peut être telle qu’on peut être tenté de tout envoyer promener et de dire comme certains experts qu’après tout il n’est pas nécessaire d’établir une différenciation nette entre ces termes. Parce qu’ils sont pratiquement toujours confondus et qu’au fond, personne ne sait véritablement les distinguer.

Autrement dit, comme on n’a pas trop les idées claires à ce sujet : circulez, il n’y a rien à voir ! Pourquoi pas ? Et tant pis pour les constituants qui ont jugé indispensables de faire précéder leur texte constitutionnel d’un Préambule.

Sauf que si le mot existe, c’est qu’il recouvre bien une notion. Et une notion utile.

Utilité d’un préambule

Définition du préambule

Tout texte est précédé d’un paratexte ou d’un texte liminaire. La nature de ce texte dépend de ce que son auteur veut dire aux lecteurs en plus du texte principal qu’il s’apprête à lire. Et tous ces textes supplétifs, et de ce point de vue, effectivement, ils se ressemblent tous, n’ont qu’un seul but : aider les lecteurs à mieux apprécier ce qu’ils vont lire.

Par suite :

• Si on veut dire que celui qui a écrit ce texte principal est quelqu’un de formidable, le paratexte est une préface.
• Si on s’étend sur les raisons personnelles pour lesquelles il a été écrit, on parle alors d’avant-propos. 
• Mais, quand on veut être sûr que le lecteur n’aille pas croire ceci ou cela, on écrit un préambule. 

Bref, un préambule est une sorte de dissertation qui positionne le texte principal dans un débat général. C’est en quelque sorte une exorde. Lequel terme correspond à une partie d’un discours établi en respectant une articulation rhétorique. Autrement dit, le préambule situe le texte dans un contexte qui contribue à lui donner plus de sens.

Exemples de préambule 

Préambule de la constitution de 1958

Sous le titre de Préambule, la constitution française de 1958 dispose que : 

Le peuple français proclame solennellement son attachement aux Droits de l’homme et aux principes de la souveraineté nationale tels qu’ils ont été définis par la Déclaration de 1789, confirmée et complétée par le préambule de la Constitution de 1946, ainsi qu’aux droits et devoirs définis dans la Charte de l’environnement de 2004.

Un texte pour rien ? Non, car comme le précise le Conseil constitutionnel, et cela, depuis une décision datant du 16 juillet 1971 : 

Tous les textes cités dans le Préambule sont de même valeur et constituent le siège des droits et libertés constitutionnellement garantis.

Préambule de la fable de La Fontaine, les deux rats, le renard et l’oeuf

Quand il s’adresse à Iris en Préambule à sa fable « Les deux rats, le renard et l’œuf », La Fontaine s’adresse en fait à Madame de la Sablière et prend position contre Descartes qui ne voyait dans les animaux que des machines à ressort. Et après quelques phrases introductives, il commence ainsi son plaidoyer : 

Ne trouvez pas mauvais, qu’en ces fables aussi j’entremêle des traits, de certaine Philosophie, subtile, engageante et hardie. On l’appelle nouvelle. En avez-vous ou non ouï parler ? Ils disent donc que la bête est une machine, qu’en elle tout se fait sans choix et par ressort…

Puis, suivent les différents arguments à l’appui de sa thèse qui est que les animaux ont une forme d’intelligence et d’esprit. Et enfin seulement, il donne libre cours à son talent habituel, en illustrant son point de vue avec son texte principal qui est la fable intitulée « Les deux rats, le renard et l’œuf« .

Quel préambule écrire pour un roman ?

Alors, faut-il rédiger un préambule à un roman. Ce n’est certes pas une obligation. Mais, si on veut mettre un peu plus les lecteurs dans sa poche, dès lors qu’on écrit ce qu’on appelle un roman à thèse, ou à idées, si on préfère, un tel paratexte est plutôt bienvenu. 

Dans ce cas, le préambule a pour fonction de rappeler les différents termes du débat et d’indiquer quelle position l’auteur a choisi de défendre. Qu’on la partage, ou non, on ne peut qu’être satisfait de voir illustrer, de manière romanesque, tous les arguments qui la soutiennent. C’est très commode. 

Autrement dit, un préambule bien pensé, c’est un texte qui, en cas de doute, oriente la manière dont il faut voir, ou comprendre, le texte écrit par un auteur. Pas mal, pour un texte qu’on ne sait pas toujours distinguer d’un avant-propos ou d’une préface. Voire même d’un prologue !

Cela dit, n’avoir aucune idée pour écrire un préambule n’empêche pas d’écrire son livre et de vouloir l’imprimer. Et mieux vaut faire l’impasse sur un préambule que d’écrire un préambule laborieux. Finalement, contre-productif !

Car, comme l’a si bien résumé un auteur anonyme : 

Lorsque le mensonge arrive en préambule, la confiance dès le départ déambule, et en conclusion, elle devient incrédule.