A l’heure de l’écriture inclusive, du refus des codes genrés, de l’émergence du wokisme, le soin apporté à la qualité orthographique de son écriture, pour ne parler que de cet aspect formel, peut apparaître bien ringard. Voire réactionnaire ou antiprogressiste. Après tout, peut-on considérer  comme étant une écriture libre et authentique, une écriture qui ne s’est pas encore débarrassée de ce souci ?

L’expérience vaut autant finalement que celle des écrivains oulipiens, véritables précurseurs dans ce domaine, jouant à occulter systématiquement certains mots ou certaines lettres de leur production littéraire. Car l’essentiel n’est-il pas de se faire comprendre le mieux possible, au plus près de la réalité et sans filtre ? Une écriture trop bien « léchée » n’est-elle pas alors  le premier signe d’un récit dont le contenu ne peut être qu’artificiel ?

En bref, avoir une bonne orthographe est ce que c’est encore vraiment utile ?

 

« To be or not to be » un champion d’orthographe ? 

Pas besoin d’être un as en orthographe pour écrire un livre

Disons-le d’emblée, on peut écrire un livre sans savoir écrire une ligne sans faute d’orthographe. Il y a plusieurs raisons à cela. La première, c’est que ça permet de lever toutes les inhibitions qu’on pourrait avoir à cause de ça. On écrit, voilà tout. C’est facile et ça coule de source.

Mais surtout, et c’est là le deuxième effet d’une écriture que l’orthographe n’embarrasse pas, c’est que le ton y est naturellement familier. Ce qui la rend ainsi proche de la façon de parler de la plupart des lecteurs. En tout cas, ça aide à construire de bons dialogues et à éviter certaines lourdeurs comme dans l’exemple ci-après tiré d’un best-seller : 

-Pourvu qu’il ne soit pas trop tard. – A présent n’y pensez plus, dit-elle, essayez de dormir, et demain nous échafauderons un plan de bataille. 

Pas sûr que le « échafauderons » trouve immédiatement sa place dans un dialogue réel. Et puis faut-il faire dire à son personnage  « échafauderons » ou « échaufauderons » ? Après ça, de fait, on a tout à craindre pour le « plan de bataille » qui doit suivre. Évidemment, on peut toujours répondre que c’est la faute au personnage et que c’est comme ça qu’il parle. 

Bref, manquer d’orthographe n’a pas que des désavantages

Mais, une bonne orthographe, ça aide 

Cela dit, il faut bien l’avouer, si une mauvaise orthographe, ça n’empêche pas d’écrire, ça empêche, à coup sûr, de vendre. Les éditeurs n’aiment pas et les lecteurs, pareil. 

Pour beaucoup de maisons d’édition, une mauvaise orthographe, c’est-à-dire une orthographe approximative, est une cause quasi automatique de rejet. Elles n’ont pas de temps à perdre à faire des corrections. Car, comme chacun sait, le temps, c’est de l’argent

Dans ces cas-là, les manuscrits n’arrivent même pas jusqu’au sacro-saint comité de lecture. Parce qu’ils n’arrivent tout simplement pas à franchir le barrage du bureau d’accueil.

À peine sortis de l’enveloppe, s’ils arrivent par la poste, un coup d’œil de la personne chargée de cette tâche, somme toute mineure, suffit pour juger de leur état orthographique et les envoyer direct à la poubelle, suivant les directives reçues, si cet état désastreux.

Alors, comme dans la fable, « Adieu, veau, vache, cochon », et tant pis, pour le beau manuscrit dont l’histoire est sublime et qui a demandé tellement d’heures pour être écrit. La faute aux éditeurs ? Sûrement, mais pas que. 

De fait, fâché ou non avec l’orthographe et qu’on le veuille ou non, l’orthographe approximative fait partie de ces éléments qui font dire à un lecteur, avec certitude et sur un ton péremptoire, qu’un livre est mal écrit. Facile, non ?

Et, tiens, même les lecteurs les plus fâchés avec l’orthographe ont horreur de lire un livre « mal écrit ».  Quand ils s’en rendent compte, bien sûr !  Mais, ils finissent toujours par s’en rendre compte. Étonnant, non ?

Pas question donc pour un éditeur, même peu scrupuleux, de prendre le risque de soumettre un bouquin bourré de fautes à son lectorat habituel. C’est comme ça ! Bon, Ok, alors comment on fait pour régler le problème ?

Les différentes solutions pour corriger une mauvaise orthographe 

Ce qu’il faut entendre par mauvaise orthographe 

Commençons par le commencement. Quel sens le dictionnaire Larousse donne-t-il au mot orthographe. Il en donne quatre. C’est d’abord un ensemble de règles et d’usages définis comme normes pour écrire les mots d’une langue donnée. Ce qu’il faut retenir ici, c’est la notion de règles.

Puis, le Larousse passe au sens donné à l’orthographe en tant que maîtrise de ces règles et de ces usages. Autrement dit, il y a des règles et il faut non seulement les connaître, mais aussi, bien les utiliser. Et à ces règles, il ajoute, dans un troisième et quatrième sens, la manière d’écrire les mots, phonétique ou non, et la graphie correcte d’un mot

Ce qui donne, en bref, la définition suivante, l’orthographe, c’est un ensemble de règles, correctement appliquées, avec des mots écrits de manière correcte. Ajoutons-y, respectant, de plus, les règles typographiques en usage quand on destine un texte à l’impression. 

Alors, une mauvaise orthographe, qu’est-ce que c’est ? C’est une écriture qui ne respecte rien. Ni la grammaire, ni la ponctuation, ni les mots. Et par conséquent, qui ne respecte pas ses lecteurs. Est-ce que c’est grave, docteur ?  Non, tant qu’on reste au stade de l’écriture pour soi et de la création.  Oui, à coup sûr, si on veut publier un manuscrit. 

Les trois solutions 

On l’aura compris, on ne peut pas envoyer « dans la nature » un manuscrit avec une mauvaise orthographe. C’est comme lancer un bateau sur l’eau avec un trou dans la coque. Si on n’est pas sûr de son orthographe, il y a trois manières d’y remédier. La première, c’est d’en revoir les règles. 

Revoir les règles de l’orthographe

Dans bien des cas, il s’agit même de les apprendre. Car leur apprentissage a été bien souvent délaissé. Et malheureusement, il est plus difficile d’apprendre des règles qui ne sont, la plupart du temps, que des automatismes, quand on a un certain âge que lorsqu’on est plus jeune.

Alors, quand on n’a pas eu la chance de bénéficier, à temps, d’un enseignement approprié, ouvrir un livre de grammaire est une expérience assez déprimante. Mais, on peut passer outre. Si on comprend bien deux choses :

  • La première, c’est qu’une bonne maîtrise de l’orthographe aide à mieux penser et donc à mieux agir. Pour une simple et bonne raison, qui vaut bien des conseils donnés dans un séminaire ou un livre de développement personnel, c’est qu’une bonne orthographe, autrement dit une expression claire, est une excellente façon de lutter contre la confusion. 
  • La seconde, c’est qu’on n’aborde pas l’apprentissage de l’orthographe, comme ça. Il faut aller droit au but. C’est-à-dire se concentrer sur ce qu’on ne maitrise décidément pas. Comme par exemple, la règle de l’accord du participe passé avec l’auxiliaire avoir. Rappelons-là, à tout hasard. 

Le participe passé des verbes conjugués avec l’auxiliaire avoir ne s’accorde jamais avec le sujet. 

C’est simple comme bonjour. Et ça donne, par exemple, « Ils ont écrit des articles toute la journée ». Et pas, « ils ont écrits des articles toute la journée. » Oui, mais voilà, la règle a une exception.

C’est quand le participe passé est précédé d’un complément d’objet direct. Ce qui donne la phrase suivante  » Ils ont envoyé à l’impression les articles qu’ils ont écrits toute la journée ». Et là, l’accord est permis !

Le Bon usage, écrit par Maurice Grevisse
Le Bon usage, écrit par Maurice Grevisse

La dernière édition de la bible en la matière, celle écrite par Maurice Grevisse, Le Bon usage, compte pas moins de 1760 pages et de 40 000 citations. Une vraie somme ! Mais, l’effort qu’on fait en la consultant est toujours payant. Comme pour toute discipline. Évidemment, on peut chercher à y échapper et parer au plus pressé en ayant recours à un logiciel de correction orthographique. 

Le recours à un logiciel de correction orthographique

Preuve, s’il en est besoin, que la question orthographique touche beaucoup de monde, les offres de service des fabricants de logiciels sont innombrables. Le malheureux pénitent en orthographe a ainsi le choix entre des logiciels gratuits ou payants, des logiciels à télécharger ou à utiliser en ligne. Les uns, insistant sur leur grande capacité de traitement, les autres, sur leur facilité d’emploi. 

Difficile de s’y retrouver entre LanguageTool, MerciApp, Reverso, Cordial, Scribens, Correctiononline, Corrector.co, BonPatron.com, Françaisfacile.com, Lerobert.com, Antidote, Grammalecte, prepostseo, etc. De sorte que leur grand nombre a généré une multitude de sites pour aider l’internaute en panne orthographique à choisir le meilleur pour lui. 

Citons entre autres : 

Ce que cette masse de services signifie, c’est qu’aucun n’est réellement en mesure de régler totalement les problèmes orthographiques d’un auteur. Le fait est, tout simplement, qu’une IA, si sophistiquée soit-elle, n’est pas capable de saisir toutes les subtilités d’une langue qui s’expriment via son orthographe. 

Elle ne peut le faire, au mieux, qu’à 80 % et encore moins si le texte est ardu et nécessite des reformulations. D’où, à un moment donné, l’indispensable recours à un relecteur-correcteur professionnel. 

Faire appel à un correcteur

Un bon livre, ou un bon texte, c’est un livre ou un texte, sans fautes d’orthographe au sens large. Et, franchement, ne vous embarrassez pas avec l’écriture inclusive ! Il y a suffisamment à faire sans ça. Aucun éditeur digne de ce nom ne vous demandera, d’ailleurs, quoi que ce soit dans ce domaine. C’est carrément illisible. 

Alors, comment faire, si on veut être totalement sûr de son coup ? La solution est toute trouvée. Il suffit de faire appel à un correcteur professionnel. Ceux listés, par exemple, dans l’annuaire des correcteurs ou un que l’on connait et en qui on a confiance. 

A noter que beaucoup d’auteurs finissent par s’orienter vers la relecture-correction faute de parvenir à vivre de leurs ouvrages. Et ce n’est pas un si mauvais choix que ça si on sait s’organiser pour le devenir et se faire connaître. 

 

Derniers conseils pour un auteur souffrant du mal orthographique

Bon, écrire sans s’occuper de son orthographe, ce n’est pas un drame et ça aide même à passer le syndrome de la page blanche. Mais, dès qu’on veut rendre son écriture publique, il faut faire un effort. Disons-le, sans ambages, un texte bourré de fautes d’orthographe, ça passe mal et ça ne fait pas sérieux.

On peut, évidemment, trouver un logiciel correcteur à tout faire. Mais, ce n’est jamais sûr à 100 %. Alors avant de recourir à un correcteur professionnel, qu’il faudra naturellement payé, autour de 20 à 25 € de l’heure, on peut aussi s’appliquer à soi-même une sorte de routine. Comme, par exemple : 

  • S’astreindre à faire des phrases courtes. 
  • Laisser reposer son texte avant de le relire.
  • Appliquer un correcteur pour « déblayer ».
  • Etre totalement concentré pendant sa relecture.
  • Faire un premier passage pour les fautes et un deuxième pour les formulations.

C’est déjà ça. Ce qui échappera à votre vigilance pourra alors être mis sur le compte de malencontreuses coquilles et non de votre désinvolture. Libre à vous, à partir de là, de passer à l’étape suivante, celle de l’autoédition et de la vente de votre ouvrage par une bibliothèque ad hoc

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