Franck Thilliez est un auteur comblé. Ses romans et ses histoires se vendent comme des petits pains.

Aux dernières nouvelles, il en aurait vendu près de 800 000 en 2022. Ce qui le place à un enviable 6ème rang des meilleures ventes de l’année.

Devant lui on retrouve les habituelles locomotives de l’édition, Guillaume Musso, au premier rang depuis 2010, Joel Dicker, qui a la particularité de s’éditer lui-même, Mélissa da Costa, Virginie Grimaldi et Pierre Lemaitre. Naturellement, la question qui vient immédiatement à l’esprit, c’est comment il a fait pour arriver là.

Autrement dit, être un écrivain à succès est-ce inné ou est-ce une affaire de bons choix de modèles d’écriture ? Que vaut donc l’expérience de Franck Thilliez dans ce domaine ?

Les atouts de Franck Thilliez à la base

Portrait de Franck THILLIEZ – CoolLibri.com

Facilité pour s’immerger dans les univers scientifiques

Le premier atout de Franck Thilliez, né en 1973, c’est sa formation. Il est, en effet, diplômé de l’ISEN de Lille. C’est une école d’ingénieurs spécialisée dans le numérique. Ce n’est évidemment pas neutre et ça permet à Franck Thilliez de donner facilement une coloration scientifique à ses romans. Il suffit de pousser un peu pour que la trouvaille scientifique devienne cauchemardesque.

Ajoutons que cette formation est sans doute aussi une des raisons qui peut expliquer son goût pour la recherche documentaire. On le voit particulièrement bien à l’œuvre dans son roman Pandemia, inspiré par le contexte lié à la pandémie du covid 19. De même que dans son prochain roman à paraître en 2025.

Ce dernier se déroulant dans le milieu des hôpitaux psychiatriques, l’auteur a pris la peine de s’y immerger un certain temps pour bien s’en imprégner. Cela dit, si une formation scientifique, ça peut aider quand on écrit des romans, dont le contexte est de nature technique, elle n’en constitue tout de même pas une condition sine qua non. 

 

De grands auteurs de policiers comme sources d’inspiration 

Autre atout de Franck Thilliez, au moins aussi important que sa formation, sa connaissance de la littérature policière. Avant d’écrire des romans policiers et des thrillers, Franck Thilliez en a beaucoup lus. 

Parmi les auteurs du genre, écrivains ou réalisateurs, qui l’ont marqué, il cite volontiers, Jean-Claude Grangé, Stephen King, Joël Schumacher, en l’occurrence réalisateur de l’iconique  » Chute libre »,  et Maurice Leblanc, le père d’Arsène Lupin. Entre autres ! Sur ce point, il est fréquent de s’interroger sur les risques de plagiat que l’on prend quand on se laisse ainsi inspirer. 

Ce n’est pas un point sans importance. Régine Deforges, auteur du célèbre bestseller « La bicyclette bleue »  a dû se défendre contre les accusations de plagiat qui lui ont été faites par les ayant-droits de Margaret Mitchell, auteur de « Autant en emporte le vent« . 

Cela dit, dès lors qu’on veille à élaborer un schéma narratif original, le risque de tomber dans de tels travers est quasi inexistant. À noter, par ailleurs, que Stephen King est l’auteur de deux essais intéressants.  L’un sur l’art d’écrire en général, « Ecriture : Mémoires d’un métier« , et l’autre, sur un genre particulier, celui de l’horreur, avec « Anatomie de l’horreur« . Cela peut aider si on veut écrire un livre d’horreur.

 

Une persévérance à toute épreuve

Franck THILLIEZ Une persévérance à toute épreuve - CoolLibri.com
Franck THILLIEZ Une persévérance à toute épreuve – CoolLibri.com

Le premier roman,  « Conscience animale« , de Frank Thilliez qu’il a écrit tout en poursuivant ses études à l’ISEN, n’a pas eu de succès. On y trouve pourtant, un certain Sharko, qui deviendra son personnage fétiche, le tout à la sauce « vampire ». Pas grave.

Il récidive avec Train d’enfer pour Ange rouge publié, c’est astucieux, par les éditions la vie du rail.  Sharko y prend de l’épaisseur et Frank Thilliez finit de mettre au point la recette qui va faire son succès.

Lequel ne viendra qu’avec son troisième roman, couronné par le prix SNCF du polar,  « La Chambre des morts » et l’entrée en scène de son autre personnage fétiche, Lucie Henebelle. Entre le premier et le troisième roman, il se sera écoulé trois ans.

Autrement dit, Franck Thilliez écrit trois romans en trois ans et ce n’est qu’au troisième essai que ça marche ! Par ailleurs, il a su, entre temps, nouer des relations privilégiées avec un éditeur.

 

Le modèle d’écriture de Franck Thilliez

Franck Thilliez n’a pas trouvé tout de suite la bonne formule. Celle qui lui convient et celle qui marche. Autrement dit, il ne faut pas hésiter à remettre cent fois sur le métier ce qu’on vient d’écrire. Quitte même à l’effacer complètement pour être sûr de repartir sur de bonnes bases.

Rappelons les ingrédients nécessaires à tout bon bestseller selon, notamment, Guillaume Musso : du suspense, de l’amour, de l’apprentissage et du sur naturel.

Si on trouve bien les deux premiers chez Franck Thilliez, à la place deux autres, on a  plutôt du rythme avec une certaine violence et des déviances scientifiques, en guise de surnaturel. 

 

Du suspense ou du suspens avec des déviances scientifiques

Un laboratoire de la police scientifique qui pourrait se trouver dans un polar de Franck THILLIEZ - CoolLibri.com

Pas de polar ou de thriller sans suspense. Il est donc central dans l’œuvre de Franck Thilliez. Mais, c’est quoi le suspense ? On dit aussi suspens. Sans « e ». Dans ce cas, on utilise bien l’expression française. Laquelle renvoie au sens de « en suspens » qui définit une situation indécise.

De ce point de vue, le mot « suspens » va de pair avec les idées d’attente, d’insoluble ou d’inachevé.  Mais, on peut aussi écrire suspense.  Avec un « e ». Il s’agit alors d’un anglicisme dont l’emploi est aussi correct que le mot français.

Il n’y a guère de différence entre les deux, si ce n’est dans la prononciation et les nuances qui s’y rapportent. On prononce « suspense », en effet, à l’anglaise. Cela donne du rythme et c’est beaucoup plus angoissant que le « suspens ».

 

De l’amour, mais contrarié ou rendu impossible

Plus que les personnages créées à l’occasion de chacune des histoires mises en scène par Franck Thilliez, ce sont les deux personnages récurrents, Franck Sharko et Lucie Henebelle, qui en sont l’illustration.

Au début, chacun mène son enquête de son côté, puis de roman en roman, ils finissent par se rencontrer et par travailler ensemble. Ce qui ne va pas sans mal car l’un et l’autre sont des rescapés de la vie. Pour ce qui est de Sarko, depuis la disparition de sa femme et de sa fille, il est limite schizophrène.

Evidemment, au-delà de l’histoire dans laquelle ils jouent les premiers rôles, le lecteur se demande toujours comment va évoluer leur relation. Oui, mais pour le savoir, il faut acheter le roman suivant. D’où l’importance d’écrire en ayant en tête de faire de chaque roman le jalon d’une série. De plus, les éditeurs aiment ça.

 

Un style cinématographique avec des scènes de violence

Autres grands facteurs du succès de Frank Thilliez, son style dérivé du cinéma et de la BD et les scènes de violence. En effet, le découpage de ses romans rappelle celui de scénarios ou de planches de BD.

Normal, il a co-écrit, ou inspiré, des films ou des téléfilms. Un des derniers en date est la série Vortex. Diffusée par Netflix, on y voit un inspecteur de police remonter le temps grâce à une faille temporelle et essayer de sauver de la mort, 27 ans plus tôt, Mélanie, son amour de jeunesse et la mère de sa fille. 

Côté BD, Franck Tilliez n’a pas hésité à y adapter un certain nombre de ses romans. Ce qui revient à dire qu’il les a écrit, là aussi, en y pensant à l’avance. Autrement dit, en visualisant les planches qui pouvaient en être tirées. 

C’est particulièrement net  avec sa trilogie de la violence. Celle-ci regroupe 3 albums : Le syndrome [E], Gataca et Atom[ka]. Les dessins sont de Luc Brahy.

 

Franck Thilliez, un maître de la littérature populaire

Ce qu’il faut retenir de tout ça, c’est que Frank Thilliez est bien un maître de la littérature populaire. Rien de péjoratif dans cette qualification. Bien au contraire, de grands noms l’ont illustrée. Citons, notamment, Eugène Sue et ses mystères de Paris, Alexandre Dumas et ses mousquetaires. Ou encore Georges Simenon et son commissaire Maigret.

Pour André Gide, auteur, on ne peut classique de la littérature française, incontestablement a-t-il écrit :

Simenon est un romancier de génie et le plus vraiment romancier que nous ayons dans notre littérature d’aujourd’hui.

Cela tient, sans doute, à ce qu’un bon polar ou un bon thriller décrit des situations et racontent des histoires finalement très proches de ce que peuvent vivre, ou craindre, ses lecteurs.

Enfin, notons, ce n’est pas non plus sans importance, que Franck Thilliez est membre du collectif « La ligue de l’Imaginaire« . Il ne s’agit pas à proprement parler d’un syndicat d’auteurs, mais plutôt d’une confrérie ayant pour but de faire la promotion de la littérature imaginative.

A l’origine, c’est-à-dire au moment de sa création en 2008, le collectif, c’est comme ça que se voient ses membres, s’appelait « Les marmottes exhibitionnistes« . Aujourd’hui l’expression désigne un gage. En effet, chaque nouveau membre du collectif doit la placer dans un de ses livres quand il entre dans le club.

Cela dit, vrai label rouge, la ligue de l’Imaginaire réunit quasiment tout ce qui compte dans son domaine. On y trouve, entre autres, Maxime Chattam, Bernard Minier, Jacques Ravenne, Bernard Weber, tous auteurs de bestsellers. 

Derniers entrants, pour 2023 :  Olivier Bal et Nicolas Lebel. A suivre naturellement.

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