Waouh ! Voilà qui peut faire peur ! De quoi s’arrêter d’écrire avant même d’avoir commencé. Parce que, franchement, s’il faut suivre des schémas, être pertinent, autrement dit, un schéma narratif, ce n’est pas très réjouissant et ça peut faire peur. D’abord les schémas, on trouve ça quand on fait de l’électricité, de la géométrie, des tableaux, et dans plein d’autres choses encore. Rien de très littéraire, en tout cas, dans tout ça. Et puis, c’est quoi être pertinent ? Ce qui est pertinent pour l’un ne l’est pas forcément pour l’autre. Rien de plus banal ! Ouh là là, stop arrêt ! Il s’agit ici de faciliter les choses, pas de les compliquer. Or, respecter un schéma narratif, on n’a pas d’autres mots pour parler du truc, c’est très commode. Quant à la pertinence, on pourrait tout aussi bien parler de lisibilité. Il n’y a donc aucun jugement de valeur là-dedans. Commençons par le commencement. 

C’est quoi le schéma narratif ? 

Allez, on la fait très courte. Le schéma narratif, c’est un feuille de route. Pas mal, non ? Il ne viendrait à l’idée de personne de partir pour un long voyage, et même pour un court, à pied, en vélo, ou en voiture, sans une feuille de route. C’est-à-dire sans itinéraire, sans avoir pensé aux haltes, aux étapes, etc. Et qu’est-ce que c’est d’autre que l’écriture, sinon un voyage ? Plus ou moins long. Selon ce qu’on a à dire.

 

C'est quoi le schéma narratif
C’est quoi le schéma narratif

 

Eh bien le schéma narratif, ce sont les étapes d’un récit. Et, on a beau faire, elles sont toujours au nombre de cinq. Même si quelque fois on les ramène à deux grands actes. Mais, bon, cinq, c’est bien. Cela a le mérite d’être facile à retenir. Encore une fois, le but est de se faciliter la vie, d’écrivain, s’entend, pas de se la compliquer. 

Les cinq étapes du schéma narratif

Le début du récit

Pour commencer, c’est simple. La première étape est toujours une étape d’exposition. On y décrit le monde comme il va, avec ses routines, ses personnages clefs, son environnement. Rien de sensationnel, donc. D’où l’importance d’un incipit bien choisi. Il s’agit uniquement d’aider le lecteur à se mettre au diapason de l’histoire. On comprend que cette partie ne doit pas être trop longue. Sinon, elle peut être lassante.

 

Le début du récit
Le début du récit

 

Le corps du récit

C’est avec la deuxième étape que les choses se corsent. Là, quelque chose arrive qui remet en question tout le bel ordonnancement du début. On appelle ça un élément déclencheur. Il peut prendre de multiples formes, disparition, désastre, rupture, etc. L’important est qu’il soit suffisamment perturbant et troublant pour forcer les personnages clefs à réagir. Et principalement, bien sûr, ses héros

Mais le gros du schéma narratif, ce sont les péripéties. Ce sont elles qui vont donner du rythme au récit. On va y voir le héros obligé de faire front face à l’adversité. Il va devoir évoluer par la force des choses, s’il veut survivre et achever sa quête. Car, il faut le noter, toutes ces péripéties ne sont, au fond, que les différentes épreuves qui jalonnent le « voyage » du héros et conduire à sa transformation.

Cette transformation n’est achevée qu’à la quatrième étape du schéma narratif. Celle du climax. Là, on monte aux extrêmes. Le héros va-t-il vraiment finir par s’en sortir ? On peut encore en douter. Tout a l’air de mal tourner. Ce qu’il a appris en ayant surmonter les difficultés des épreuves précédentes sera-t-il suffisant pour lui permettre de franchir les derniers obstacles qui se présentent sur sa route ? La réponse dépend de la morale de l’histoire. Celle que l’auteur veut que ses lecteurs retiennent. 

La fin du récit

C’est l’objet principal de la cinquième et dernière étape du schéma narratif. Là, on revient à une nouvelle situation d’ordre. Ce n’est plus la même que la situation initiale. Les personnages clefs ont évolué. Certains ont disparu. D’autres ont grandi. Et, une synthèse aide les lecteurs à mieux comprendre pourquoi ls choses se sont déroulées de telle ou telle façon. C’est la morale de l’histoire. Parfaite pour un excipit bien senti.

Comment s’exercer à mettre au point un schéma narratif pertinent

A la lecture de l’exposé des cinq étapes du schéma narratif, tel qu’il est présenté ci-dessus, on aura reconnu, en filigrane, le déroulement de bien des contes avec leurs rois, leurs fées, leurs sorcières, etc. Le fait est que ce schéma narratif, à ne pas confondre avec un schéma actanciel, dont on parle souvent en narratologie, lui va comme un gant. Comme on peut s’en rendre compte en faisant un détour, par exemple, par les contes de ma mère l’Oye, de Charles Perrault. Même chose avec les dessins animés inspirés de ces contes comme Cendrillon, de Walt Disney. Est-ce à dire qu’il lui est spécifique ? Non. 

Suivre un schéma narratif en écrivant un conte ou une nouvelle

En effet, s’il lui convient très bien, au point que la meilleure façon de se l’approprier, c’est de s’y exercer en se lançant, à son tour, dans l’écriture d’un conte. Ce qui suppose qu’on sache jongler avec l’accord du participe passé en français, et plus sérieusement, avec des temps comme l’imparfait, le plus que parfait, le passé composé ou l’infinitif.

Sans même parler du bon emploi des substantifs ! Le B.a. -Ba, d’ailleurs, certes pour tout rédacteur de blog en « langues romanes », mais, à coup sûr, plaisanterie mise à part, pour tout auteur rêvant d’égaler les frères Grimm et d’écrire un nouveau conte aussi populaire que Hansel et Gretel.

 

Suivre un schéma narratif en écrivant un conte ou une nouvelle
Suivre un schéma narratif en écrivant un conte ou une nouvelle

 

A noter, en passant, qu’il y en a pour tous les publics. Cependant, il ne lui est pas strictement réservé. En fait, il convient bien à tous les textes courts. Et, donc, outre les contes, aux nouvelles

Son gros avantage, c’est de contraindre leurs auteurs à faire preuve de rigueur. Sans cette rigueur, le schéma narratif devient rapidement incohérent et ça se voit tout de suite quand on écrit un texte court. De l’incohérence au manque de pertinence, il n’y a qu’un pas, qui est vite franchi, et qui mène droit au « pilon ».

Pour autant, un écrivain peut également s’en servir pour d’autres types de texte, beaucoup plus longs, comme les romans. A plus forte raison quand ils font parti d’une série ou d’une saga. Bref, dès lors qu’on a une histoire à raconter et une morale à illustrer. 

 

dès lors qu'on a une histoire à raconter et une morale à illustrer. 
dès lors qu’on a une histoire à raconter et une morale à illustrer.

 

Au fond, l’objectif en pratiquant des exercices d’écriture de textes courts, en respectant un schéma narratif, seul, ou dans le cadre d’un concours d’écriture, d’un forum, ou encore, d’un atelier d’écriture, est de parvenir, à force, à se forger une habitude rédactionnelle. Comme on a pu le faire, en d’autres temps, également à force, en pratiquant l’écriture de dissertations.

Quoi qu’il en soit, c’est là qu’un bon logiciel d’écriture peut s’avérer bien utile.

Reconstituer un schéma narratif

Une fois qu’on a bien compris ce qu’est un schéma narratif et qu’on s’y est essayé en rédigeant au moins un texte court pour voir comment ça marche, il n’est pas mauvais non plus de décortiquer plusieurs textes de taille différente pour voir comment leurs auteurs s’y sont pris. Ce qui revient à faire la bonne vieille analyse de texte. Le résumé en moins ! Quoique ça puisse être toujours utile. Prenons le cas du célèbre Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry. Belle façon de revisiter l’archétype du prince charmant et le thème de l’amour.

  • Le chapitre 1 y décrit la situation initiale. c’est-à-dire l’enfance du narrateur et sa décision de devenir pilote.
  • Le chapitre 2 est celui de l’élément déclencheur. Le narrateur tombe en panne en plein désert et fait la rencontre du Petit Prince.
  • Puis commencent les péripéties et le récit des voyages et des rencontres faits par le Petit Prince dont chacun est source de réflexion. Cela du chapitre 3 au chapitre 23. Eh oui, ça fait pas mal de choses à méditer. C’est ce qui a fait le succès planétaire du Petit Prince qui est loin d’être un conte pour les seuls enfants.
  • Arrive le climax avec les chapitres 24 et 25. On est au 8ème jour de panne et il n’y a plus d’eau.
  • C’est bientôt l’heure de la morale de l’histoire et de la séparation. Laquelle n’en est pas vraiment une. Comme la soif d’ailleurs. Si on sait bien re-garder, et non regarder, la rose qui est en soi.

Superbe, non ? Et le tout dans un langage très accessible. Nul doute que le respect strict du schéma narratif y soit pour beaucoup. Mais, on peut aussi en analyser la structure selon d’autres paramètres. Comme les quatre éléments. C’est ça la force des grands textes !

Raconter une histoire

Bon, cela dit, structurer une histoire est une chose, l’écrire en est une autre. On a envie de dire que l’important c’est d’abord d’écrire. Sans s’occuper de structurer. Ni de verser dans un structuralisme mal à propos. D’une certaine façon, l’écriture ressemble à la marche. Cette dernière n’est possible que si on accepte de passer d’un déséquilibre à un autre, sans y penser, bien sûr. C’est pareil, pour prendre un autre exemple, quand on veut débuter l’équitation. Sinon, c’est la chute assurée. 

 

débuter l'équitation
débuter l’équitation

 

Même chose pour l’écriture. On écrit et on voit après. C’est à ce moment-là qu’on peut commencer à structurer. Et même avant cela, à rédiger un scénario ou un synopsis de ce qu’on est entrain d’écrire. Et, pas grave si on y revient sans cesse et que le scénario final n’ait rien à voir avec le premier qu’on a écrit. 

Autrement dit, pour écrire, il faut savoir oublier tout ce qu’on a appris sur le sujet. Car ce savoir, et l’impression qu’on n’arrivera jamais à le maîtriser, est aussi un des facteurs du syndrome de la page blanche

Se lancer et publier

Ce qu’on doit retenir de tout ça, c’est que la réflexion sur l’écriture, ses conditions, ses manières, etc. ne doit pas se faire au détriment de l’acte d’écrire lui-même. Mais, ce n’est pas suffisant.

 

Se lancer et publier
Se lancer et publier

 

L’envie d’écrire est d’autant plus puissante qu’elle s’accompagne de celle de publier. Ecrire n’est pas une punition. D’ailleurs, on serait bien en peine d’en trouver des exemples dans les lourds traités de pénologie

Et la meilleure façon d’en être sûr, ce n’est pas d’envoyer, au hasard, son manuscrit à une maison d’édition classique, mais, c’est de se dire qu’on peut toujours, mais absolument toujours, autoéditer ce qu’on a écrit. Et cela, sans que ça coûte une fortune.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.