Ecrire un journal intime est la façon la plus simple et la plus rapide pour se préparer à devenir un écrivain à part entière. D’autant qu’il y a journal intime et journal intime. En effet, les formes que peut prendre un journal intime sont nombreuses. Il y en a, au fond, pour les goûts et pour tous les âges. Souvent, c’est un journal d’adolescente ou de jeune femme. Ce peut être aussi un journal de chroniqueur racontant au jour le jour ses ressentis au vu de l’actualité. Mais, un journal intime peut prendre encore bien d’autres formes. Comme, par exemple, un carnet de bord, un journal de classe, un cahier thérapeutique, etc. Dès lors, Comment classer les différentes formules de journaux intimes et comment les rédiger ?

 

Définition du journal intime

On peut classer les journaux intimes selon leur finalité. Mais, avant d’en faire le tour, que faut-il entendre par journal intime ?

Un journal intime est d’abord, un texte qu’on écrit au jour le jour et dont le titre donné à chaque fragment est celui de la date à laquelle il a été écrit. Cela pour le cadre formel. En ce qui concerne les thèmes abordés par le journal intime, c’est tout aussi simple. Ce sont les ressentis de l’auteur. Sur tous les sujets qui lui passent par la tête. D’où le qualificatif « intime ». A noter, cependant, comme l’a écrit Agnès Desharthe

En fait, un journal intime, c’est fait pour être lu : on le cache mal en espérant que quelqu’un le trouvera. 

 

Définition du journal intime
Définition du journal intime

 

Agrégée d’anglais, évoluant dans un milieu familial de médecins pédiatres et d’artistes, Agnès Desharthe a écrit un trentaine de livres pour la jeunesse après sa rencontre avec une éditrice de la maison d’édition « L’école des loisirs« . Mais, elle a aussi publié de nombreux ouvrages pour adultes aux Editions de l’Olivier. A ce jour, elle est lauréate d’une dizaine de prix, dont le prix Renaudot des lycéens en 2010 et le prix Anna-de-Noailles de l’Académie française en 2014. Son dernier ouvrage, publié par les éditions de l’Olivier, est « L’éternel fiancé ». 

Du fait de cette arrière-pensée, on a donc tout intérêt à savoir dans quelle catégorie on « joue ». Selon cette catégorie, on n’écrit pas tout à fait les mêmes choses, même si de l’une à l’autre, les principes restent les mêmes. Ainsi, d’une approche strictement personnelle à une approche généraliste, on peut classer les journaux intimes dans deux grandes catégories qui se subdivisent elles-mêmes en plusieurs sous-catégories.

 

Les journaux intimes à vocation strictement personnelle. 

Cahiers d’autothérapie ou d’introspection

Ici, l’auteur ne s’intéresse qu’aux émotions qui surgissent des tréfonds de lui-même. Et pour l’essentiel, ces émotions n’ont pas d’autres origines que lui-même. Par exemple, on peut ressentir un spleen, seul, sans raisons apparentes et s’en libérer en le notant. Le journal intime se fait alors cahier d’autothérapie ou d’introspection. C’est un peu comme « vider son sac« , sans craindre le regard d’autrui. Inquiétudes, regrets, remords, tous facteurs de stress et d’anxiété, quittent la conscience, libèrent l’esprit et vont s’enfermer dans le journal intime. Forcément secret ou confidentiel. Forcément valable pour tous les âges.

Journal d’adolescent

Sans qu’on soit menacé par quelque facteur de stress ou d’anxiété que ce soit, on peut être envahi par la colère, l’agressivité, le découragement, mais aussi, par la joie et les attirances que suscitent les évènements quotidiens. En général, ces évènements sont limités à son environnement immédiat, familial ou scolaire. C’est là qu’on trouve la plupart des journaux intimes d’adolescents. On peut avoir une bonne idée de leurs contenus dans le livre d’Irvin Anneix, « Mots d’ados« , dont il a tiré le film ci-après.

Journal scolaire

De là à utiliser le procédé comme exercice d’apprentissage scolaire, il n’y a qu’un pas. De nombreux professeurs y ont recours pour entraîner leurs élèves à écrire et, par suite, à lire. En général, ils insistent sur le rythme quotidien de l’écriture, ou en tout cas, régulier et limité à un nombre réduit de mots. Par ailleurs, ils leur montrent combien c’est facile, quand on utilise des structures de phrases simples, avec un vocabulaire familier et quand on parle de soi.

Journal livre de « comptes »

On peut, enfin, se contenter de faire le décompte des jours et de la manière dont on occupe ses journées. Le journal intime se fait alors livre de suivi des tâches, accomplies ou oubliées. Autrefois, on qualifiait ce type de journal intime, ou plus exactement d’économie domestique, de livre de raison.

Du latin « liber rationum », autrement dit, livre de comptes avec des notations à caractère familial ou local. Comme on peut s’en douter, ils constituent une source inépuisable d’informations pour les historiens. 

 

En général, tous ces journaux ne sont pas destinés à être publiés, si ce n’est en autoédition. En effet, ils sont écrits en ne pensant pas du tout à une quelconque publication chez un éditeur classique. Cependant, s’ils ont été écrit sur un ordi, il est recommandé de les autoéditer pour assurer au moins leur conservation. En effet, les relire, de loin en loin, au fur et à mesure que le temps passe, est une excellente façon de relier son présent à son passé et de préparer ses choix futurs.

Les journaux intimes généralistes

Ce sont le journaux intimes dont la vocation littéraire est évidente. Pour leurs auteurs, le journal n’est ainsi qu’une forme particulière d’expression littéraire. On les qualifie alors de diaristes. Le mot vient du mot anglais « diarist« , autrement dit, auteur d’un « diary« , qui signifie précisément, en anglais, journal intime. 

Ils se vivent et se voient comme les témoins de leur temps, mais sur un mode intimiste. Comme ils ne cherchent pas à faire œuvre d’historiens, on ne peut pas les classer avec les mémorialistes. Ni avec les épistoliers, car ils ne partagent leurs ressentis qu’avec eux-mêmes.

Par ailleurs, pour préserver une totale liberté d’écriture, ils veillent, souvent, mais pas toujours, à ce que leur journal intime ne soit publier qu’après leur mort. Surtout, quand ils bénéficient d’une certaine notoriété.

Parmi les diaristes célèbres de la littérature française, on peut citer, entre autres : 

 

Les journaux intimes généralistes
Les journaux intimes généralistes

 

Les principes d’écriture du journal intime 

Au fond, on peut résumer les principes d’écriture d’un journal intime par la règle R2A : RégularitéAuthenticitéAccessibilité.

Régularité de l’écriture du journal intime

Pas de journal intime sans écriture quotidienne. Même si c’est pour y écrire la mention RAS. Rien à signaler. Ce qui est, somme toute, très rare, car il y a toujours quelque chose à noter. Même le fait d’écrire que tel jour, on n’avait précisément rien à dire. 

Par ailleurs, on peut y mettre des photos, des souvenirs, ou tout autre élément, ayant du sens pour l’auteur. On peut même aller encore plus loin et transformer certaines pages du journal intime en scrapbooking

 

Les principes d'écriture du journal intime 
Les principes d’écriture du journal intime

 

C’est cette absence d’obligation et cette régularité qui font la valeur d’un journal intime et le fait qu’on puisse le tenir pendant des années

Authenticité du journal intime

Un vrai journal intime n’est pas comme le journal de Bridget Jones. Il est authentique et ne raconte que des évènements qui ont effectivement eu lieu et ne fait état que de ressentis réels. Bref, ce n’est pas une œuvre de fiction.

Ce qui n’interdit absolument pas d’en copier la forme comme dans le cas du journal de Bridget Jones. Il s’agit alors d’un procédé littéraire. Preuve, s’il en est, que le journal intime n’a rien de ringard. Mais, pour être crédible, il faut qu’il en adopte tous les codes et qu’il ait réellement l’air authentique.

Atteinte de tuberculose et se sachant près de mourir ; elle mourra en octobre de cette même année ; Marie Bashkirtseff écrit, en mai 1884, dans sa préface en vue d’une édition posthume de son journal :

 Si je ne meurs pas jeune, j’espère rester comme une grande artiste ; mais si je meurs jeune, je veux laisser publier mon journal qui ne peut pas être autre chose qu’intéressant. Si ce livre n’est pas l’exacte, l’absolue, la stricte vérité, il n’a pas de raison d’être.

On ne saurait mieux dire. Cette exigence de vérité est la marque de tous les journaux intimes qui ont traversé les siècles. C’est aussi la principale raison pour laquelle, quand ils sont publiés, ils le sont, souvent, à titre posthume.

Pour ce qui concerne, Marie Bashkirtseff, c’est sa mère qui, pour respecter ses dernières volontés, fera en sorte que le journal intime de sa fille soit publié. Il le sera, 3 ans après sa mort, en 1887. Dans une version, il est vrai, tronquée. Il eut immédiatement un grand succès et fut traduit dans de nombreuses langues. 

Accessibilité du journal intime 

Pour être vraiment opérationnel, un journal intime doit être toujours à portée de mains. C’est-à-dire facile à ouvrir et « facile à écrire ». Si on bouge peu, un bon cahier et un bon stylo plume suffisent. On ouvre son « tiroir à secrets », on sort le cahier, on caresse sa couverture, ou on l’ouvre rageusement, on inscrit la date du jour, et tout de suite, on écrit.

Les mots fusent sans aucune difficulté. Peine de cœur, espoirs, bonheur, tout prend couleur et forme, dans l’instant, grâce à son journal intime. Difficile de faire de même quand on écrit un roman ! 

Plus moderne, quand on bouge, un peu ou beaucoup, le mieux est sans doute d’écrire dans un journal intime numérique. On peut le faire à partir d’une appli spécialisée téléchargée sur son ordi ou sa tablette. On peut aussi le faire sans ça, en ouvrant un compte sur un site web dédiée. Et, on peut combiner les deux ! 

Pour les premiers, on peut télécharger des applications telles que : 

Pour les seconds, on peut aller, par exemple, sur : 

 

Quoiqu’il en soit, avec un journal intime numérique, on se prive quand même du plaisir de dérouler ses phrases, à sa manière, avec l’encre et le papier de son choix.  Et il faut bien se faire aux rigidités des formats du clavier Azerty et de l’écran Word. Cela dit, clavier et écran d’ordi sont indispensables, si on veut s’autoéditer et encore plus, si on veut se faire éditer

 

Pour en savoir plus : 

On ne saurait terminer ce bref panorama sur la finalité des journaux intimes, leurs différentes formes et modalités, sans évoquer Michèle Leleu (1920-1975), à l’origine du mot « diariste » et auteur d’un livre qui a fait date dans ce domaine, intitulé « Les journaux intimes« . Dans ce livre, issu de ses recherches universitaires, et préfacé par René Le Senne, elle s’efforce de dresser une typologie des journaux intimes, à la lumière des types de caractère identifiés par le maître en caractérologie qu’a été René Le Senne

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