La question de savoir s’il y a un âge meilleur qu’un autre pour écrire un livre est une question que se posent souvent les apprentis auteurs avant de se lancer dans l’écriture de leur premier livre. Les uns vont s’estimer trop jeunes, les autres, trop vieux. Ou encore, ils aimeraient bien écrire, mais ils sont à un âge où ils sont trop pris par leurs occupations. Bref, l’âge est souvent le bon prétexte pour ne rien écrire. Mais, n’ y-a-t-il pas quand même une vérité derrière  ce qui apparait comme un prétexte ?

Les raisons de ne pas écrire un livre à cause de son âge

Avoir envie d’écrire un livre est une envie fréquente et toujours louable. C’est ainsi, de manière tout  fait justifiée, que Marc-Alain Ouaknin a sous-titré son livre  intitulé « Bibliothérapie » avec la phrase « lire : c’est guérir« . Il en est de même de l’écriture. Par conséquent, il n’y a pas vraiment de raisons valables pour ne pas écrire si on en a envie. 

Les raisons de ne pas écrire un livre à cause de son âge
Les raisons de ne pas écrire un livre à cause de son âge

Les fausses raisons pour ne pas écrire un livre à cause de son jeune âge

Naturellement, il faut être clair avec ses objectifs. S’il s’agit d’écrire pour répondre à une envie et pour répondre à un certain mal-être, se dire trop jeune, trop vieux ou trop occupé pour ne pas satisfaire cette envie ne sont donc, la plupart du temps, que des fausses raisons qui dissimulent, en fait, une forme de procrastination

Ecrire un journal intime

Se dire trop jeune dans ce cas, c’est méconnaître la masse de journaux intimes tenus pendant des années par une foule d’ados et de pré-ados qui prouvent tout le contraire. Comme on peut s’y attendre, la technologie est venue à la rescousse. Si vraiment il est difficile de tenir un stylo parce qu’on perdu l’habitude d’écrire à la main ou qu’on ne sait tout simplement plus écrire sans « plomber » ce qu’on écrit avec une multitude de fautes grammaticales en tout genre, on peut, en effet, désormais s’abonner à une plateforme quelconque pour écrire son journal en ligne.

Partager ou ne pas partager son journal intime

Et même le partager ! Bon garde fou pour éviter de tomber dans des comportements « hors sol » et de prendre des décisions hasardeuses. Le regard des autres, quand il n’est pas que celui d’un cercle étroit, peut jouer le rôle de juge de paix qu’on refuse à toute autre autorité. Mais, même sans ça, le seul fait d’écrire pour soi seul peut avoir cet effet.

Ecrire des historiettes

Et vous savez quoi ? Si on ne veut pas écrire de journal intime, mais plutôt des historiettes, on peut aussi le faire par le même biais. Pas de prof de français à l’horizon pour corriger quoi que ce soit, rien que, le cas échéant, des copains et des copines. Pas belle la vie ! Et en plus, si les copains et les copines trouvent ça bien, on peut faire de l’autoédition pour un prix ne dépassant même pas celui d’une paire de sneakers. Super, non ? 

Les fausses raisons pour ne pas écrire un livre quand on a un certain âge

Normalement, quand on a un certain âge, on a de quoi raconter, on a du temps libre et en principe, on n’a pas trop perdu la main pour « façonner » un texte de manière intelligible. Là, les réticences tournent plutôt autour d’expressions comme « ça ne va servir à rien », « ma vie est faite », « je n’ai rien fait d’extraordinaire », etc.

Une fois de plus, on se méprend. Tout est encore question d’objectif et de réponse à la question : pourquoi écrire

En fait, passé un certain âge, il y a deux raisons principales qui poussent à écrire un livre, l’envie de formaliser une expérience pour soi-même ou ses proches, ou encore celle de se lancer dans un hobby comme d’autres font de la peinture ou du vélo. Activités qui d’ailleurs ne s’excluent pas. On peut écrire, faire de la peinture et faire aussi du vélo. En même temps. Il suffit de bien s’organiser.

Une chose est certaine, que ce soit pour l’une ou l’autre raison, écrire permet de bien vieillir. Et bien vieillir, ça revient à mettre en œuvre toute une stratégie, plus ou moins explicite, pour ralentir le processus de vieillissement et repousser le plus possible les pathologies liées à l’âge

Et quand on fait les comptes, ce qu’on fait facilement quand on est vieux, on s’aperçoit vite qu’écrire et s’autoéditer, de ce point de vue, revient moins cher que le total des compléments alimentaires ou des crèmes anti-âge qui pullulent sur les rayons des parapharmacies et dont on finit par encombrer ses propres étagères.

Ne pas écrire parce qu’on est trop occupé 

« On le ferait bien, mais franchement avec tout ce que j’ai à faire, c’est carrément impossible. » On comprend alors qu’on a affaire soit à quelqu’un qui est effectivement « surbooké », soit à quelqu’un qui veut montrer qu’il est tellement sollicité, du fait de sa considérable compétence, qu’il ne peut rien faire d’autre que de remettre à plus tard, beaucoup plus tard, cette envie d’écrire qui le taraude, régulièrement, depuis longtemps. Souvent, d’ailleurs, à mesure qu’il se rend compte de l’inanité de ce qu’on lui demande de faire. Seule façon, finalement, d’échapper au sort funeste du « héros » houellebecquien tel qu’il apparait dans un roman comme Sérotonine.

Ministre et écrivain 

Mais, bon, bon, toutes ces raisons pour ne pas écrire quand on a des responsabilités ;  parce que sinon, où est le problème ? ;  Ah, oui, les enfants, la maison, etc., Hum ; ne sont là encore que des fausses raisons. Prenons le cas, pour l’illustrer, de Bruno Lemaire, ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, voilà quelqu’un d’assurément très occupé. Et depuis longtemps.  

Cela ne l’a pas empêché d’écrire. Depuis 2004, date de son premier livre, intitulé « Le Ministre« , évidemment, il a écrit pas moins de 12 livres !  Le dernier publié en 2021  s’intitule « Un éternel soleil« .  Autrement dit, 12 en 18 ans, soit un tous les 18 mois, Pas mal pour quelqu’un avec toutes les responsabilités qui sont les siennes. Oui, mais c’est quelqu’un de surdoué, sûrement, mais on n’est pas obligé de suivre son rythme, ni de chercher à être publié chez Gallimard. 

Ecrire en train ou en avion

Par contre, rien n’empêche de suivre son exemple et de s’organiser pour pouvoir écrire tranquillement malgré ses impérieuses obligations. Un voyage en avion ou en train suffit largement à ça. Et n’oublions pas, avoir son nom sur une couverture de livre, c’est toujours bon pour une carrière professionnelle. Enfin presque, tout dépend de ce qu’on écrit. Mais, ça c’est une autre histoire. 

 

Pas d’âge pour écrire un livre

En réalité, il n’y a pas d’âge pour écrire. mais, entendons-nous bien, tout dépend de ce qu’on veut écrire.  S’il s’agit d’écrire par pur plaisir, cela ne fait aucun doute. Et l’autoédition est une bonne façon de conclure et de valoriser un travail mené avec opiniâtreté pendant de longs mois. 

Pas d'âge pour écrire un livre
Pas d’âge pour écrire un livre

Cependant, on peut voir les choses un peu différemment, si le but est de jouer dans la « cour des grands », autrement dit, de se faire remarquer par les critiques littéraires. Quels qu’ils soient. Là, indiscutablement, l’âge de l’écrivain va jouer. Non pas pour le dissuader ou l’encourager, mais pour orienter le choix de sa thématique et celui de son style.

On n’attend pas, par exemple, d’un jeune auteur qu’il écrive un roman de « vieux loup de mer », ni d’un auteur expérimenté qu’il se noie dans des histoires de lycéens et de lycéennes. Et ni, allons jusqu’au bout du raisonnement, d’un professionnel qu’il raconte des « trucs » qui sont en dehors de son domaine de compétence pour peu qu’il en fasse état. Donnons-en quelques exemples. 

Exemple de jeune auteur ayant pleinement réussi à passer le barrage de la critique littéraire

Le meilleur exemple dans cette catégorie d’écrivain, on parle bien d’écrivain, plutôt que d’auteur, est donné par Raymond Radiguet. Né en 1903, il publie ses deux chefs d’œuvre, car il s’agit bien de chefs d’œuvre, le Diable au corps, en 1923, et le Bal du comte d’Orgel, en 1924.

Ce n’est pas un ado, ni un pré-ado, mais il n’a quand même que 20 ans au moment de la parution du premier. Il n’en fera pas d’autres, car il meurt en décembre 1923, après s’être malencontreusement baigné dans la Seine et avoir attrapé une fièvre typhoïde qui, mal soignée, va dégénérer.

Cela dit, le jeune homme ne manquait quand même pas d’expérience et à 15 ans, il avait fait la rencontre de Jean Cocteau qui l’a bien aidé pour se lancer dans la vie. Mais, on peut trouver trouver d’autres exemples plus récents comme Charles-Antoine Cros qui a publié son premier livre à 9 ans ou encore Chakib Baho qui a publié le sien, à 15 ans. 

Exemple de réussite littéraire tardive 

Michel Bussi

L’auteur de bestsellers à répétition, est un bel exemple d’écrivain ayant réussi tardivement. Il est né en 1965 et il ne commence à écrire que dans les années 90, alors qu’il est professeur de géographie à l’université de Caen. Il lui faudra attendre 2006, il a un peu plus de 40 ans, pour voir décoller sa carrière d’écrivain professionnel avec son roman Code Lupin, publié par un éditeur régional, les éditions des Falaises. Depuis, il est devenu le deuxième écrivain français en nombre de livres vendus.

Pierre Lemaître

Autre écrivain à succès, encore plus tardif que Michel Bussi : Pierre Lemaître. Il est né en 1951. Son premier roman date de 2009, il a alors 58 ans, et son premier succès date de 2010, avec les cadres noirs. Depuis, il ne cesse d’enchainer les succès et les records de vente. 

Dernier exemple, celui de Bernard du Boucheron, moins connu que les deux précédents. Il est né en 1928, il a donc 94 ans au moment où nous écrivons. Enarque, il a fait une longue carrière dans des postes de direction dans le transport, tant en France qu’à l’étranger.

Bernard du Boucheron

De ce fait, il est aussi un exemple d’écrivain ayant une vie professionnelle bien remplie. Cela dit, sa carrière littéraire ne commence qu’en 2004, à 76 ans, avec la parution de son premier roman, Court serpent. Le succès est immédiat et son roman est couronné par le grand prix de l’académie française. Son dernier livre publié date de 2016. Pas mal, non ?

Romancier à temps partiel 

On place dans cette catégorie, tous les auteurs qui exercent une activité professionnelle, quelque fois très intense, qui n’a rien à voir avec la littérature, comme Bruno Lemaire, cité plus haut, et qui néanmoins parviennent à écrire et à publier.

Citons, entre bien d’autres, Patrice Quélard, avec son polar historique « Place aux immortels« , qui exerce toujours en tant que directeur d’une école élémentaire, ou encore, Virginie Chaloux-Gendron, qui a publié « Fais de beaux rêves« , en 2020, tout en étant blogueuse pour le Huffington Post.

Notons, pour finir, que ce n’est bien souvent que la seule façon pour un écrivain de se lancer dans l’écriture que d’avoir un emploi autre que celui d’écrivain. Pour une seule et bonne raison, c’est que sans cet emploi, il lui est quasiment impossible de vivre de son travail d’écrivain. 

Y-at-il un âge pour écrire ? 

D’évidence, la réponse est non. Quel que soit l’angle sous lequel on aborde cette question. Si écrire, c’est se détendre, ça n’a évidemment aucun sens. Si on veut écrire pour vivre de son écriture, ça en a plus. 

Dans ce cas, il faut avoir des choses à dire qui puissent intéresser un public et, en outre, savoir les dire de façon compréhensible. Bref, là il faut un peu de métier, et il faut bien le dire, ça ne s’improvise pas. Donc, même si on est pleinement d’accord avec Rodrigue, dans le Cid, de Corneille quand il dit : 

Je suis jeune, il est vrai ; mais aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années

Il n’en reste pas moins que l’on écrit d’autant mieux qu’on a un peu de maturité.

 

"Je suis jeune, il est vrai ; mais aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années" Le Cid
« Je suis jeune, il est vrai ; mais aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années » Le Cid

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