La crise est là. Inédite. Crise de société aussi bien que sanitaire. Mais, aussi, source de nouvelles perspectives.

L’occasion de s’interroger sur notre quotidien. Et pour cela, quoi de mieux que de passer à l’écriture ? C’est un acte simple. Libérateur. Fondateur.

Cela s’accompagne aussi de lectures. Car, écrire et lire participent du même mouvement, appartiennent à la littérature. Et c’est aussi, à la fois un acte intime, mais également un acte collectif, familial.

Alors, comment ordonner tout cela ? Comment faire pour que le temps de crise devienne la matrice d’un autre mode de vie ?

Grâce à la lecture, grâce l’écriture, un monde nouveau, une nouvelle conscience, peuvent émerger des turbulences qu’engendre ce temps hors norme.

 

En quelques titres:

Lecture par temps de crise

Lire est ce qu’il y a de plus simple. Prendre un livre, c’est prendre un chemin qui libère. Qui libère de l’ignorance, de l’ennui ou de l’anxiété.

Quel que soit son âge, son expérience, il y a un livre pour chacun. Et, miracle de la technologie, cette lecture peut se faire facilement, en numérique ou en audio, à défaut de pouvoir se faire en version papier. Les lecteurs « confinés » l’ont d’ailleurs bien compris.

 

magazine Le point
Elle fera ce qu’elle voudra, mais lira trente pages par jour.

 

Car, tous les éditeurs le reconnaissent, les ventes des e-books et des livres audio ont augmenté de près de 50 % au mois de mars 2020. Même une entreprise comme la SNCF s’y est mise avec la voix suave de Simone Hérault, bien connue des voyageurs attendant leur train sur les quais des gares, et maintenant, partenaire de choix de sa plateforme gratuite SNCF e-livres.

 

Livres pour la jeunesse

Certes, les ventes de jeux vidéo en ligne ont également bondi au tout début du confinement. Mais, les ventes de livres pour cette catégorie de public ne sont pas en reste. Et, comme on peut s’y attendre, elles sont de deux sortes. Il y a d’un côté, les ouvrages de soutien scolaire et de l’autre, les ouvrages de divertissement.

 

Mon cahier d'activités à la maison
Mon cahier d’activités à la maison

 

C’est que confinement ne doit pas se traduire par oubli de l’école. Impératif catégorique voulu par le Ministre de l’Éducation nationale, mais aussi par les parents soucieux de l’avenir de leur progéniture. Marie Darrieussecq qui raconte son confinement au jour le jour dans le magazine Le point se fait l’écho de cette légitime attention quand elle fixe des objectifs de lecture à sa petite :

Dans l’immédiat, la petite joue de la guitare au sous-sol. J’ai un contrat avec elle : elle fera ce qu’elle voudra, mais lira trente pages par jour.

 

Marie Darrieussecq ne dit pas quel genre de livre. Une chose est sûre, c’est que ce sont des livres bien sérieux qui figurent dans les meilleures ventes, tels que :

  • « La petite encyclopédie des comment ? » de Sophie Lamoureux.

 

  • « Bescherelle l’essentiel » d’Adeline Lesot.

 

  • « Bescherelle la conjugaison pour tous » de Collectif.

 

Ajoutons que dans le même esprit, pour faire face à la demande, Youtube a regroupé ses vidéos d’apprentissage sur un site unique intitulé « Apprendre à la maison ».

 

Pour ce qui est des livres de divertissement, le choix est immense, mais, en général, il se réduit vite à quelques séries ou à quelques titres qui ont fait leurs preuves, comme par exemple :

  • « Le Petit Prince » d’Antoine de Saint-Exupéry.
  • L’inaltérable bibliothèque verte et son « club des cinq« .
  • Mais aussi, pour les passionnés de foot, sevrés de matchs, les belles séries « Foot2rue« .

 

Livres pour jeunes adultes et adultes

Trois tendances se dessinent en ce qui concerne les lectures des jeunes adultes et des adultes.

Livres « tout venant » ou à succès

Dans cette catégorie, on trouve, notamment, parmi les meilleures ventes :

  • « La vie secrète des écrivains » de Guillaume Musso.

 

  • « Changer l’eau des fleurs » de Valérie Perrin.

 

  • Et, le bestseller de Raphaëlle Giordano, « Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une ».

 

  • Enfin, pour faire bonne mesure, on peut rajouter à la liste, « Ghost in love » de Marc Lévy.

Ce sont des valeurs sûres, bien faites pour redonner confiance dans l’avenir.

 

écrire et lire participent du même mouvement, appartiennent à la littérature.
Écrire et lire participent du même mouvement, appartiennent à la littérature.

 

Les classiques

  • Parmi les classiques, Albert Camus fait un tabac. Son roman « L’étranger » est une des meilleures ventes du mois, mais « La peste » en audio livre a fait, sur la même période, près de 4000 exemplaires.

 

  • Plus ou moins étonnamment, on trouve aussi dans le palmarès la pièce « noire » de Jean Anouilh, écrite en pleine occupation allemande, »Antigone« .

 

  • A noter, de même, « 1984 » de George Orwell. On peut utilement en prolonger la lecture par celle de « Théorie de la dictature« , de Michel Onfray. Ce dernier s’y livre à une analyse fouillée du livre d’Orwell, mais aussi de son autre ouvrage, moins connu, « La ferme des animaux » pour en déduire et isoler les fondamentaux de toute dictature. Quelle que soit la forme qu’elle peut prendre.

 

 

Les essais sur notre temps et utopies

Les temps de crise portent à la réflexion. Le « jour d’après » sera-t-il comme le « jour d’avant », tout juste « ripoliné », comme le pense le commissaire européen Thierry Breton, ou bien quelque chose d’autre, d’inattendu ou de conforme à l’attente d’activistes comme Stop Extinction ? Nul ne le sait. Mais, de nombreux auteurs s’efforcent de répondre à la question posée par cette crise moderniste et rencontrent un certain succès, comme, par exemple :

  • Naomi Klein, auteure du célèbre « La stratégie du choc » et du non moins célèbre « Tout peut changer : capitalisme et changement climatique ».

 

  • Et plus près de chez nous, « Qui vivra, qui mourra : quand on ne peut pas sauver tout le monde  » de Frédérique Leichter-Flack.

 

  • Ou encore « Les délaissés » de l’économiste Thomas Porcher, également auteur d’un remarqué « Traité d’économie hérétique ».

 

  • Et pour finir, deux ouvrages, l’un, d’Edwy Plenel, sur le rôle d’une presse libre et honnête en tant que cinquième pouvoir, avec comme titre « La sauvegarde du peuple : presse, liberté et démocratie ». Ce dernier peut, d’ailleurs, être vu comme une suite à la problématique posée par Michel Onfray, dans l’ouvrage précité.

 

  • Et l’autre, de Aymeric Caron, sur l’intérêt de formuler des utopies, radicalement différentes du monde dans lequel nous vivons, avec « Utopia XXI ».

N’oublions pas que nommer le problème, c’est déjà en sortir.

 

Écriture par temps de crise

Par temps de crise, on a vite fait d’être débordé. D’être stressé. Car, les cadres habituels font défaut.

Lire est un bon moyen d’évasion et de lâcher prise. Mais, ce n’est pas suffisant quand la lecture est une lecture qui interpelle. Il est alors conseillé de lui adjoindre l’écriture.

De fait, c’est une bonne façon de se « vider la tête » et de mettre de l’ordre dans ses idées. A condition, toutefois, que cela soit l’occasion d’un plaisir renouvelé et non pas celle d’une contrainte supplémentaire.

On vous propose trois formules.

 

Le scrapbooking de crise

C’est la plus simple. Elle n’exige aucun talent d’écriture particulier. Elle fonctionne comme la confection d’un album souvenir.

Il suffit de prendre un cahier ordinaire et de coller ou de reproduire sur ses pages, articles, mails, lettres, fiches de lecture qui font sens pour vous, recettes de cuisine, photos, illustrations, art, culture, etc. Tout ce qui vous intéresse.

Le scrapbooking
Le scrapbooking

En ce moment, par exemple, écrire et imprimer vos recettes pour faire du pain et des gâteaux ont la cote. Il paraît que celle du « banana bread » fait un tabac. Quelle est celle que vous préférez ?

A supposer, bien sûr, que vous puissiez contourner le manque de farine et de levure. Quels sont vos trucs ?

Dans l’ordre qui vous convient. Chronologique ou thématique. Avec ou sans commentaire. Et quand vous voulez.

Mais, c’est mieux si vous vous imposez une discipline. Petit à petit, vous allez vous constituer un « book » qui va vous aider à faire le tri entre ce qui est important pour vous et ce qui ne l’est pas.

 

Plus tard, si vous vous sentez d’attaque, vous aurez là, la base pour écrire quelque chose de personnel et décrire une expérience qui pourra intéresser de nombreux lecteurs. Un auteur aussi éclectique que Pacôme Thiellement a fait un tri de cette sorte avant d’écrire son dernier roman, très autobiographique, « Tu m’as donné de la crasse et j’en ai fait de l’or » qu’il  qualifie lui-même de manuel de combat pour survivre dans un monde hostile.

 

Journal du confinement

Autre façon de procéder, tout aussi simple, mais plus littéraire, la tenue d’un « journal du confinement« . La technique est simple. Jour après jour, il suffit de retranscrire sur son ordi les évènements de la journée.

Ces évènements peuvent être de tous ordres. Tout dépend de l’importance que vous y attachez et de la vocation que vous allez leur assigner.

 

Le summum du romantisme? Offrir un livre de poésies bien sûr
Un livre-photos est une grande idée

 

S’agit-il d’un journal intime, avec un selphie quotidien, destiné à vous-même ou à quelques « happy few » ? Ou s’agit-il de quelque chose de plus ambitieux que vous souhaitez faire partager au plus grand nombre ? Dans un cas comme dans l’autre, l’autoédition vous permettra, le moment venu, de donner un côté achevé à votre travail.

Sans que cela vous coûte et sans que cela vous oblige à faire des démarches fastidieuses. Et, peut-être, pourrez-vous ainsi, selon votre envie et votre ambition, trouver un éditeur ou un lectorat prêt à acheter votre livre. Ou simplement, vous faire plaisir ou faire plaisir à ceux que vous aimez.

 

Témoignages de terrain

La crise n’est pas que confinement. Elle est pour beaucoup, poursuite d’activité, actions menées, souvent, dans des conditions difficiles et de pénuries à surmonter. Ces conditions ne sont, en général, connues qu’au travers de reportages limités dans le temps et surtout soucieux de s’inscrire dans une démonstration particulière.

Dans un sens ou dans un autre. Le besoin de vérité et d’honnêteté est donc bien réel. Il justifie que les principaux acteurs de ce temps de crise prennent la plume pour écrire leur histoire, décrire leur pratique quotidienne et faire partager leurs sentiments.

 

Témoignages de terrain
Témoignages de terrain

 

Cette description peut prendre la forme du témoignage. Du compte-rendu ou de l’enquête journalistique. Mais, elle peut aussi prendre celle du roman qui autorise une plus grande liberté dans le style, les lieux et la mise en scène des personnes.

Ce qui n’est pas à négliger quand les évènements qui servent de support à l’écriture sont encore très proches. Cependant, un roman basé sur des faites réels a une structure qui lui est propre, et à plus forte raison, si c’est un premier roman.

 

En bref

Écrire et publier pour garder la mémoire de ce qui s’est passé et le transcender est un acte essentiel quand ce qui s’est passé fait partie de ces évènements qui bouleversent des millions de vies.

Une série comme la série « The leftovers » qui décrit les conséquences de la sidération vécue par une population dont 2 % s’est, brusquement et de manière inexplicable, volatilisée illustre bien le poids de la culpabilité que fait peser un tel évènement sur la vie de ceux qui restent, les « leftovers ».

C’est par la lecture et l’écriture que ce poids peut être diminué. Avec espoir. Et, foi dans l’avenir et de nouvelles relations humaines.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.