Cela fait longtemps que vous y pensez. Par suite, vous avez déjà longuement réfléchi à la forme que devait prendre le récit de votre vie. Ce ne sera ni des souvenirs, ni des mémoires.
Car, vous êtes décidé à vous y mettre à nu. De vous expliquer. D’expliquer vos choix.
Ce sera donc une autobiographie. Elle seule peut, en effet, vous rendre ce service. Un service que vous allez vous rendre à vous-même et rendre aux autres.
A vos proches. A toutes les personnes que vous avez connues et à toutes celles que votre parcours de vie peut intéresser. Mais, sous quel angle allez-vous la rédiger, avec quel degré de vérité et pour dire quoi ? Répondre à ces questions, entre autres, c’est tout l’enjeu du début d’une autobiographie.
Pourquoi débuter son autobiographie par des considérations sur le choix de son approche ?
Questions à se poser avant de commencer à écrire son autobiographie
Le grand titre est un peu long. On vous l’accorde. Mais, la question est d’importance et mérite qu’on s’y arrête un instant. Sans faire de théorie. Même si on peut s’y essayer.
Disons simplement que les premières lignes d’une autobiographie n’ont d’autre but que d’expliquer pourquoi on la fait. Et, notez bien que les explications qu’on y trouve s’adressent aussi bien à soi-même qu’aux autres. C’est bien par les questions qui s’y rapportent qu’il faut commencer avant d’écrire une autobiographie proprement dite.
L’autobiographie : des questions et des réponses d’abord pour soi-même
Une autobiographie est d’abord rédigée pour soi-même. En effet, si son but est d’apporter une contribution à une meilleure connaissance de certains évènements ou d’un environnement particulier, le cadre de ce qu’on y raconte n’est plus celui d’une autobiographie, mais celui de mémoires historiques. Et, c’est tout autre chose.
Mais, puisqu’une autobiographie est d’abord écrite pour soi-même, cela signifie aussi qu’on accepte qu’elle n’ait pas d’autre lecteur que soi-même. Tout en espérant, malgré tout, en avoir. C’est ce qu’on peut appeler le paradoxe de l’autobiographie. Raison pour laquelle, d’ailleurs, notez-le au passage, il n’y a pas d’âge, non plus, pour écrire une autobiographie.
L’exemple donné par Olivier Feumeschefe, auteur de Noir ou Blanc
Prenons, au hasard ; l’autobiographie peut se cacher là où on ne l’attend pas ; l’exemple donné par Olivier Feumeschefe, auteur de « Noir ou Blanc ». Dans ce livre, dans la préface à ce qu’il déclare n’être pas une autopsychographie ; c’est comme ça qu’il voit les autobiographies ; il livre la « recette » de ce qui n’est plus dès lors qu’une fiction, à la fois facétieuse et jusqu’au-boutiste.
Ses premiers mots sont :
J’ai 16 ans ; du haut de ces longues années de vie et de ces seize petites années d’histoire, j’ai pensé.
Cependant, même si l’autobiographie d’Olivier Feumeschefe n’est pas une vraie autobiographie, il n’en a pas moins brillamment perçu ce qui en fait la vérité. En effet, ce qui en fait la trame, c’est la manière dont on pense ce qu’on a vécu. Autrement dit, la manière dont on qualifie ce vécu.
De sorte qu’ici, dans ce qui est nommé, en sous-titre, « Fiction », car bien qu’ayant la forme d’une autobiographie, ce n’en est pas vraiment une, ce qui compte, c’est que l’intensité de la réflexion supplée à la brièveté de ce qui a été vécu. Et, en concluant son incipit, l’auteur nous livre, en deux courtes propositions, le fond de sa pensée « autobiographique » :
J’ai pensé et j’ai peur d’oublier.
Cette clef est celle qu’on retrouve au cœur de toute autobiographie et en est la première motivation. Naturellement, comme on le verra ci-après, cette clef peut avoir bien des tonalités différentes, selon le tempérament de l’auteur et son vécu. Cela dit, même si ce n’est pas vraiment la toute première des motivations, on écrit aussi une autobiographie parce qu’on a des choses à dire aux autres.
L’autobiographie : des explications pour soi-même et les autres
Cette clef, on la retrouve bien, par exemple, dès le début de l’autobiographie de Bertrand Russell. Précisément, dans son prologue qu’il a intitulé « Ce pour quoi j’ai vécu« . C’est un texte court.
Une page seulement, sur une autobiographie qui en fait plus de 900. Il s’agit, ici, de l’autobiographie, écrite par l’un des plus grands esprits du 20ème siècle.
Et, dans ce prologue, d’évidence, il s’adresse aussi bien à lui-même qu’aux autres. En quelques mots, il y résume ce qui a donné du sens à sa vie et tout le reste de l’ouvrage en est l’illustration. Comme le fait un théorème dont on découvre ensuite la démonstration. Ses tout premiers mots sont ainsi les suivants :
Trois passions, simples mais irrésistibles, ont commandé ma vie : le besoin d’aimer, la soif de connaître, le sentiment presque intolérable des souffrances du genre humain. Ces passions comme de grands vents m’ont poussé à la dérive, de-ci de-là, sur un océan d’inquiétude, où je me suis parfois trouvé au bord même du désespoir.
Il s’agit donc plus que des pensées à ne pas oublier, mais aussi d’actes et de circonstances qui les ont éprouvées. Avec son autobiographie, Bertrand Russell invite ainsi ses lecteurs à vérifier avec lui ce que ses passions ont eu de vrai et de faux. Intéressant, non ?
Différents types d’approche pour écrire une autobiographie
On peut le voir avec les deux exemples précédents, l’un fictif, mais bien réel, et l’autre, réel, mais qui peut être fictif ; c’est là qu’intervient le regard des autres ; il y a bien des façons d’aborder une autobiographie. Indépendamment du fait que, quoi qu’il en soit, elle débute toujours par les raisons pour laquelle on la fait. C’est-à-dire, mettre au clair, d’une manière ou d’une autre, « ce pour quoi j’ai vécu ».
Pour qualifier cette partie cruciale d’une autobiographie, certains auteurs critiques parlent de pacte autobiographique. Ainsi pour Philippe Lejeune, l’auteur de « L’autobiographie en France », :
Ecrire un pacte autobiographique (quel qu’en soit le contenu), c’est d’abord poser sa voix, choisir le ton, le registre dans lequel on va parler, définir son lecteur, les relations qu’on entend avoir avec lui. C’est comme la clef, les dièses ou les bémols en tête de la portée : tout le reste du discours en dépend. C’est choisir son rôle.
De ce point de vue, on comprend qu’il n’y a pas de modèle unique à suivre pour écrire une autobiographie. Et que de la fiction réelle, « Noir ou Blanc » d’Olivier Feumeschefe ; mais on pourrait y adjoindre, par exemple, les « Mémoires d’Hadrien », de Marguerite Yourcenar ; à la très classique « Autobiographie (1872 -1967) » de Bertrand Russell, bien des formes sont possibles, dont le choix doit être explicité dès le début de l’ouvrage. Qu’on appelle cette explicitation, clef, bémol, ou autre chose, il s’agit toujours d’indiquer au lecteur, le parti pris de l’auteur pour rédiger le récit de sa vie. Et cela, avant qu’il n’en commence la lecture.
Choisir une clef avant de commencer à écrire une autobiographie
Comme l’a pointé Philippe Lejeune :
Parler de soi ne va pas de soi.
Et, donc, suivant les auteurs, on aura, par exemple, une proximité ou une certaine distance de l’auteur par rapport à son sujet. C’est-à-dire lui-même. Il peut le faire dans un style austère, se voulant très objectif ou bien, à l’inverse, dans un style décousu et emporté.
On peut trouver encore bien d’autres variantes. Ce qui permet, suivant l’option retenue par l’auteur, de classer les pactes autobiographiques en différents types.
Philippe Lejeune distingue ainsi :
- Les pactes classiques, à la manière de Russell.
- Le pacte dramatisé à la manière des « Confessions » de Jean-Jacques Rousseau.
- Les pactes distanciés comme l’a fait Stendhal avec ses « souvenirs d’égotisme ».
- Le pacte analytique. Là, on peut se reporter aux nombreux textes intimes d’un auteur tel que François Mauriac.
- etc.
Peu importe, au fond, la classification. Son principal mérite est de souligner trois choses :
- Une autobiographie parle nécessairement de soi et intimement.
- On peut le faire de beaucoup de façons différentes.
- Et on annonce son parti pris dès le début.
Ces trois choses sont constitutives du pacte autobiographique passé entre l’auteur et son lecteur.
Différents débuts pour écrire une autobiographie
Partant de là, d’une autobiographie à l’autre, bien qu’ayant les mêmes ressorts, on va avoir des débuts, autrement dit ; gardons cette appellation, somme toute bien pratique ; des pactes autobiographiques extrêmement variables.
A noter que cette variété va se retrouver, naturellement, dans le choix du titre donné à l’œuvre autobiographique.
En voici quelques exemples :
« Mes cahiers bleus » de Liane de Pougy
La première première page s’intitule ainsi : 1919 – Saint Germain-en-Laye – 1er juillet au 10 septembre. Sous ce titre, Liane de Pougy commence ainsi :
1er juillet. – Je viens de lire la vie de Marie Bashkirtseff ou plutôt son journal. Cette lecture m’a prise » à fond » et me voici emballée au point d’avoir une envie irrésistible de faire le mien. Mon mari est enchanté. Notre ami Salomon Reinach m’y pousse aussi.
Ce début est intéressant à plus d’un titre. D’abord, c’est celui d’un ouvrage intitulé « Mes cahiers bleus » et non pas, comme on pourrait s’y attendre, « Mon autobiographie ». C’est pourtant de cela dont il s’agit. Car, l’auteur prend exemple sur le journal de Marie Bashkirtseff, célèbre diariste dont le journal publié peu de temps après sa mort connut un succès immédiat.
Elle le présente, sans ambigüité, comme l’histoire de sa vie. Notons, par ailleurs, que sa décision d’écrire l’histoire de sa propre vie est un projet à long terme. Et, dans les pages qui suivent, elle rapporte bien des faits passés, en fonction des circonstances du jour.
Ainsi, elle précise très vite sa méthode. Comme le 2 juillet est le jour de son anniversaire, elle en profite pour rappeler les circonstances de sa naissance.
2 juillet. – C’est mon anniversaire. Je suis née le 2 juillet 18.. . Cherchez dans les registres de de La Flèche (Sarthe). Maman faisait une visite chez l’intendant militaire. Elle ne m’attendait que le 15 août suivant. Pourquoi ? Tout simplement parce que la Sainte Vierge lui était apparue en rêve ..
Le livre s’interrompt en 1941, 9 ans avant sa mort, en 1950. Et, il ne sera publié qu’en 1977 par les éditions Plon ! Liane de Pougy est une figure bien oubliée aujourd’hui, mais elle eut une vie bien remplie, comme on dit.
Née Chassaigne, elle fut danseuse aux Folies Bergère, sous le nom de Liane de Pougy, puis devint Princesse Ghika en se mariant avec un Prince roumain, neveu de la reine Nathalie de Serbie, avant de finir sa vie en tant que Sœur Anne-Marie de la Pénitence, Laïque du Tiers Ordre de Saint Dominique.
« Journal » de Marie Bashkirtseff
Le pacte autobiographique de Laine de Pougy est simple et tient en deux lignes. Les deux premières. Celui de Marie Bashkirtseff, qui lui sert de modèle, est un peu plus long. Elle le développe dans une préface écrite quelques mois seulement avant sa mort.
A quoi bon mentir et poser ? Oui, il est évident que j’ai le désir, sinon l’espoir, de rester sur cette terre, par quelque moyen que ce soit. Si je ne meurs pas jeune, j’espère rester comme une grande artiste ; mais si je meurs jeune, je veux laisser publier mon journal qui ne peut pas être autre chose qu’intéressant. – Mais puisque je parle de publicité, cette idée qu’on me lira a peut-être gâté, c’est-à-dire anéanti, le seul mérite d’un tel livre ? Eh bien ! non.
– D’abord j’ai écrit très longtemps sans songer à être lue, et ensuite c’est justement parce que j’espère être lue que je suis absolument sincère. Si ce livre n’est pas l’exacte, l’absolue, la stricte vérité, il n’a pas raison d’être. Non seulement je dis tout le temps ce que je pense, mais je n’ai jamais songé un seul instant à dissimuler ce qui pourrait me paraître ridicule ou désavantageux pour moi. – Du reste, je me crois trop admirable pour me censurer.
– Vous pouvez donc être certains, charitables lecteurs, que je m’étale dans ces pages tout entière. Moi comme intérêt, c’est peut-être mince pour vous, mais ne pensez pas que c’est moi, pensez que c’est un être humain qui vous raconte toutes ses impressions depuis l’enfance. C’est très intéressant comme document humain.
Née en 1858, Marie Bashkirtseff meurt de tuberculose en 1884. Elle avait 26 ans. Mais, en si peu d’années, elle avait réussi à s’affirmer comme une femme d’exception, féministe engagée, artiste peintre reconnue, polyglotte, ses talents étaient multiples.
Pourtant, c’est son journal, c’est-à-dire l’histoire de sa vie, qui fera sa célébrité. La fin de sa préface est également très éclairante sur ses motivations.
Si j’allais mourir comme cela, subitement, prise d’une maladie !… Je ne saurai peut-être pas si je suis en danger ; on me le cachera et, après ma mort, on fouillera dans mes tiroirs ; on trouvera mon journal, ma famille le détruira après l’avoir lu et il ne restera bientôt plus rien de moi, rien… rien… rien !… C’est ce qui m’a toujours épouvantée. Vivre, avoir tant d’ambition, souffrir, pleurer, combattre et, au bout, l’oubli !… l’oubli… comme si je n’avais jamais existé.
Si je ne vis pas assez pour être illustre, ce journal intéressera les naturalistes ; c’est toujours curieux, la vie d’une femme, jour par jour, sans pose, comme si personne au monde ne devait jamais la lire et en même temps avec l’intention d’être lue ; car je suis bien sûre qu’on me trouvera sympathique… et je dis tout, tout, tout. Sans cela, à quoi bon ? Du reste, cela se verra bien que je dis tout…
Cette préface est bien différente du prologue de Bertrand Russell, mais les deux textes, bien que très dissemblables, ont la même finalité. Au demeurant, si on reprend la classification établie par Philippe Lejeune, dans un cas, celui de Marie Bashkirtseff, on a un bel exemple de pacte autobiographique dramatisé, et dans l’autre, comme déjà indiqué, de pacte classique.
« La quête de l’absolu » d’Arthur Koestler
Arthur Koestler, d’origine hongroise, né en 1905 et mort en 1983, a eu une vie politiquement très engagée dans l’entre-deux-guerres et pendant la guerre froide. Son activisme politique se retrouve dans une œuvre très foisonnante qui aborde de multiples sujets. Au soir de sa vie, en 1980, il décide donc de revisiter ses engagements et les livres qui en sont issus en écrivant « La quête de l’absolu ».
Ce sera le tout dernier. Il le présente ainsi :
Le présent recueil appartient à un genre qu’on nomme en Angleterre « Omnibus ». D’après le dictionnaire d’Oxford, un omnibus est « un volume » contenant plusieurs ouvrages, nouvelles, pièces de théâtre, etc., d’un auteur et destiné à un large public. »
Bref, une anthologie. Donc quelque chose d’assez éloigné d’une autobiographie. Sauf que, et c’est ce qui ramène l’ouvrage dans le champs autobiographique, comme le dit lui-même, en suivant, l’auteur, :
En général, un éditeur se charge de l’anthologie, fait la sélection des textes, rédige les notes et explications nécessaires. Cette fois, c’est l’auteur qui choisit lui-même les extraits et qui les relie par un commentaire continu. Pour filer la métaphore, je dirais que l’omnibus offre une visite guidée : l’auteur sert de guide, signale les points de vue et ménage les arrêts convenables quand il y a lieu de regarder de près.
Bref, une autobiographie. D’ailleurs, les toute premières lignes de son chapitre premier sont sans équivoque :
Je suis né à Budapest, ce siècle avait cinq ans, enfant unique d’un hongrois et d’une viennoise. Mon père fut un industriel prospère jusqu’à ce qu’il fît faillite, victime de l’inflation qui suivit la première guerre mondiale. Habitant d’abord Budapest, nous avons aussi, à partir de 1914, résidé plusieurs fois à Vienne où nous nous sommes établis définitivement après la guerre. J’ai raconté mon enfance et ma jeunesse dans « La corde raide ». Les pages qui suivent sont extraites des chapitres VI et XII.
Le procédé est original et le lecteur en est dûment averti. Quant aux documents servant au points d’arrêt de l’omnibus, on voit bien qu’ils peuvent prendre beaucoup de formes différentes : lettres, mémos, photos, etc.
« Petit traité de la désinvolture » de Denis Grozdanovitch
Avec ce « Petit traité « , premier d’une série de 13 livres publiés, à ce jour et de la même veine, Denis Grozdanovitch, né en 1946, se situe aux confins du champs autobiographique proprement dit, mais, d’après nous, toujours à l’intérieur de ses limites. En effet, l’auteur a écrit tous ses ouvrages à partir des carnets dans lesquels il a, minutieusement, jour après jour, noté ses réflexions, ses sentiments, ses observations, à partir de lectures très sérieuses ou de petits riens qui font le sel de la vie.
Il est certain que s’il s’était contenté de retracer les principaux évènements de sa vie, ses livres n’auraient pas eu le même succès. Ni même, sans parler de succès, le même intérêt. Car, enfin, ce fut un grand joueur de tennis amateur dans les années 60 -70, et il s’est distingué et se distingue toujours, d’ailleurs, comme joueur d’échecs. Et après ?
Oui, mais voilà, tout est affaire de perspective. Dans le chapitre premier de son « Petit traité », intitulé « L’infiniment singulier », Denis Grozdanovitch décrit sa méthode. Il commence par une citation de Michel Leiris puis par une anecdote.
Un violent orage d’arrière-saison s’abat à l’instant sur la Porte de Saint-Cloud. Le tonnerre ébranle, des éclairs zèbrent l’habituelle grisaille parisienne de novembre. Enfin, une volée de gros grêlons vient gifler la façade .. «
Et ainsi de suite pendant encore quelques lignes. Ce qui l’amène à la description de sa clef autobiographique :
Décrire ces menus incidents relevant de la plus stricte banalité m’apparaît souvent quelque peu oiseux, du moins au regard de ce que réclamerait sans doute un « véritable » journal littéraire, lequel devrait s’efforcer, j’imagine de recueillir des faits symboliques s’inscrivant dans la trame d’un sens général plus signifiant …
Autrement dit, libre à l’auteur d’écrire comme bon lui semble, sans s’occuper des définitions savantes, pour peu, toutefois, en ce qui concerne le genre autobiographique, d’être convaincu d’une chose. En effet, dit-il :
Je me console cependant, en me persuadant que sur quelque autre plan, cette tentative de rendre compte des moindres bribes d’une vie individuelle, si dérisoires puissent-elles être, si elle serre au plus près la réalité subjective du moment, si elle ne s’écarte pas trop d’une discipline d’exactitude et de sincérité, ne peut manquer de rejoindre la dimension de « l’Ens Commune », chère au « Docteur Subtil ». Ainsi nommait-on au XVI è siècle, Duns Scot, l’un des plus célèbres théologiens de la Chrétienté.
Autrement dit, derrière la simplicité apparente des choses de la vie, se cache quelque chose de bien plus grand encore qu’il nous appartient de découvrir. Un auteur comme Denis Grozdanovitch s’est fait un devoir d’y aider son lecteur.
En résumé
On l’aura compris, le genre autographique peut réserver bien des surprises. Nul besoin d’avoir atteint un âge canonique ou d’avoir fait des choses extraordinaires pour s’y risquer. Quelle liberté cela donne !
Le dernier exemple est, de ce point de vue, sans appel. Mais, il faut que, dès le début, les choses soient bien claires avec le lecteur. Quel qu’il soit.
On doit lui donner la clef qui va avec le récit autobiographique. Seule façon, pour lui, de pouvoir s’y plonger et s’en inspirer. C’est ce qu’a compris, d’emblée, Liane Pougy à la lecture du journal de Marie Bashskirtseff.
Cette clef, c’est le pacte autobiographique qui doit figurer, d’une manière ou d’une autre, au tout début du livre autobiographique.
Une fois cela bien mis au clair, on peut se lancer dans l’écriture comme narrateur de sa propre autobiographie. En fait, il n’y a rien de plus simple que d’écrire un livre sur sa vie. Quant au titre à lui donner, entre l‘intitulé « autobiographie » ou pas ou choisir d’autres intitulés, le choix est vaste. Et, encore plus simple, le fait de l’imprimer. Surtout, quand on ne la destine qu’à soi-même ou à ses proches.
je me prépare à rédiger mon autobiographie