Y aurait-il des livres saisonniers comme il y a des fruits et des légumes de saison ? A voir les recommandations de lectures de livres d’été, à lire sur la plage, au bord d’une piscine ou encore au fond d’un hamac, on pourrait le croire. La question se pose alors de savoir ce que sont ces livres, ce qu’ils ont de particulier, en dehors du fait qu’ils paraissent la plupart du temps au moment des vacances d’été. Ce qui n’empêche pas de les lire après pour tenter de les prolonger. Par suite, question qui l’emporte sur toutes les autres, quels livres d’été choisir. 

Un livre d’été, c’est quoi ?

Ce sont les livres qui ornent prioritairement les vitrines des libraires de la semaine 23 à la semaine 33. Autrement dit, de la mi-juin à la mi-août. Et même un peu après. Sur ce petit laps de temps, le chiffre d’affaire du secteur augmente sensiblement avant de connaître une décrue jusqu’à la saison des prix.

Le livre d’été, un livre de saison 

 Chiffre d’autant plus significatif que côté format, pour l’essentiel, les livres vendus sont des livres de poche. Evidemment, c’est plus pratique sur une plage et on ne risque pas d’être chagriné si le petit dernier vient s’ébrouer dessus après s’être bien agité dans les vagues ou y laisse tomber sa tartine de nutella. Forcément du mauvais côté !

Quant aux thèmes des livres d’été, sans surprise, on trouve principalement des romances ou des polars, écrits par des auteurs à succès. Est-ce à dire qu’en dehors de ces livres point de salut pour le lecteur « plagiste » ? 

Evidemment, non.  Le livre d’été peut être bien autre chose. Et si on s’attarde sur ce dernier aspect, on se rend vite compte que le livre d’été peut recouvrir une multitude de thématiques déterminées indépendamment de leur nature.

Un livre d’été, un livre aux multiples thématiques

Il s’agit alors de livres que l’on met dans sa valise avant de partir ou de se mettre en vacances parce qu’on n’a  pas eu le temps de les lire auparavant. On cherche ainsi à rattraper le temps perdu.  Ou encore, on se persuade que grâce à eux on va pouvoir formaliser un futur projet. Ou pour toutes autres raisons.

Partant de là on peut considérer que les livres d’été entrent dans quatre grandes catégories : les romances, les polars, les grands prix et les livres recettes.

Notons que d’une manière générale, on fait entrer dans chacune des catégories  des ouvrages marquant, que l’on peut qualifier de classiques et d’autres dont le principal mérite est d’avoir séduit de très nombreux lecteurs.

Livres d’été alias Romances 

Virginie Grimaldi - coollibri.com
Virginie Grimaldi – coollibri.com

Les heures fragiles, de Virginie Grimaldi

Dans la catégorie bestseller, sans hésiter, citons « Les heures fragiles » de Virginie Grimaldi. Reprenant l’avis critique de Baptiste Beaulieu, le bandeau de l’éditeur annonce qu’il s’agit là  » d’une épopée d’humour et de larmes et que c’est son meilleur roman. « 

Baptiste Beaulieu est un blogueur romancier, animateur du site « Alors voilà« , par ailleurs médecin généraliste. Le profil n’a rien d’exceptionnel. Louis Ferdinand Destouches (1894-1961), plus connu sous le nom de Louis-Ferdinand Céline, auteur du classique « Voyage au bout de la nuit », prix Renaudot, 1932,  était aussi médecin.

L’histoire est celle d’une rupture inattendue à un moment où tout semble aller pour le mieux. Mais toute crise est aussi facteur de renouveau. Les animateurs en ressources humaines adorent rappeler à ce sujet que l’idéogramme chinois signifiant « crise » signifie aussi « opportunité ».

En tout cas, pour résumer le livre, l’éditeur commence par mettre en scène, Diane.

Diane a toujours eu des rêves simples, dit-il. Un mari, deux enfants, un métier qui plait, c’est plus qu’elle osait espérer. 

Et patatras :

Le jour où Seb la quitte, son monde vacille.

Mais :

Absorbée par sa peine, elle ne voit pas que le drame se joue ailleurs.

S’ensuit alors une belle romance autour de la rédemption et de la relation mère fille. Notons que cette relation est une source inépuisable d’inspiration pour tous les auteurs.

Quant à l’autrice, Virginie Grimaldi, c’est une habituée des listes des meilleures ventes. Née en 1977, elle s’est spécialisée dans la littérature dite « feel good« , autrement dit qui donne le moral et dont on a quelques beaux exemples classiques, notamment anglais. Les « heures fragiles » est son onzième roman.

Normal people, de Sally Rooney

C’est un roman publié en 2018. Le deuxième de Sally Rooney. Il est très vite devenu un bestseller. Au point qu’on en a fait une série TV diffusée par France TV en 2022. Dans son pitch, le distributeur résume l’histoire de la manière suivante :

Dans un lycée d’une petite ville de l’ouest de l’Irlande, Cornell est un jeune garçon séduisant, sportif et apprécié de tous. Marianne est une jeune fille solitaire, fière et intimidante, qui fait tout pour éviter les autres élèves et défier l’autorité de ses professeurs.

Pour faire court, la mère du garçon est femme de ménage pour la famille un tantinet aristocratique de la jeune fille. On voit là très bien l’amorce de l’intrigue. Donc, par le plus grand des hasards, ils se rencontrent en dehors du lycée, et c’est bien sûr le coup de foudre. Evidemment, comme on peut l’imaginer sans peine, ce n’est pas simple à vivre et à faire vivre. 

Cela dit, le roman mérite bien sa première place dans les listes des meilleures ventes. Outre les éléments propres à la romance, s’y ajoutent une certaine critique sociétale et un regard sur le monde contemporain non exempt de finesse. 

Née en 1991, à Castlebar, dans le nord ouest de l’Irlande, Sally Rooney a publié depuis, deux autres romans : « Où es tu monde admirable », en 2021, et « Intermezzo », en 2024.

Livres d’été alias Polars 

Les polars sont devenus un genre extrêmement florissant et, d’une certaine façon, constituent une nouvelle forme de littérature populaire. Leurs auteurs non seulement témoignent d’une grande maîtrise de l’art du suspens, mais aussi savent voir ce qu’il y à voir du monde qui sert de cadre à leurs histoires.

Les listes qui les présentent peuvent être ainsi très fournies et susciter un certain embarras au moment de choisir le polar qui va agrémenter les moments de lecture pendant ses vacances d’été. On a fait le choix ici de présenter deux auteurs particulièrement brillants dont on peut être quasiment sûr qu’ils ne décevront pas. 

Les ténèbres de Mörkret, de Camila Grebe

L’histoire se passe en Suède, à Storfosa, en plein hiver. On s’est habitué maintenant à ce que les auteurs scandinaves publient régulièrement des polars dont les intrigues dépassent largement les limites du grand nord et disent beaucoup sur le mode de vie contemporain des occidentaux.

Dans le roman de Camila Grebe, il est question de la disparition  d’une jeune fille, suivie un an plus tard de la découverte d’un cadavre, également d’une  jeune fille, en lisière de la forêt de Mörkret. 

L’inspectrice Pirjo est chargée de l’affaire, avec son collègue Kent et un autre venu de Stockolm, avec qui elle a déjà travaillé,  et peu à peu l’affaire se complique avec la disparition d’une troisième jeune fille et des indices troublants  délivrés par la lecture du journal intime de la première disparue.

A noter que suivant la tendance actuelle, il s’agit d’un roman choral qui alterne les points de vue des deux enquêteurs principaux et nous fait également part de leurs propres tourments. 

Camila Grebe est née en 1968, à Älvsjö en Suède. Ecrivaine, mais aussi économiste, elle est titulaire d’un MBA de l’université de Stockholm, elle est aussi  entrepreneure et éditrice.

Les ténèbres de Mörkret est son quinzième roman et met en scène des personnages qui figurent également dans son avant dernier roman « L’énigme de la stuga », grand prix des lectrices Elle, et variante suédoise du célèbre « Mystère de la chambre jaune« , publié par Gaston Leroux, en 1907. Elle a été récompensé par le prix du meilleur roman policier suédois en 2017.

L’espion qui venait du froid, de John Le Carré

Avec ce roman, publié en 1963, John Le Carré (1931-2020), de son vrai nom, David Cornwell, diplômé d’Oxford, ancien agent du MI5 et du MI6, a littéralement révolutionné le roman d’espionnage.

Avec ce 3ème roman, très vite bestseller mondial et premier d’une longue série d’adaptations cinématographiques, John Le Carré fait de ce genre littéraire un genre littéraire à part entière digne des plus grandes productions classiques. 

Rien de glamour dans ses personnages, mais une approche cynique et désabusée des relations entre Etats. Que l’action de ce classique de la littérature mondiale se déroule pendant les années de la Guerre Froide n’enlève rien à sa contemporanéité.

Au-delà de l’intrigue dans les entrelacs de laquelle le lecteur peut se perdre à certains moments, pour mieux en retrouver le fil un peu plus tard, les mécanismes de pouvoir qu’il y décrit sont toujours à l’œuvre aujourd’hui, et même plus que jamais.

Rien d’étonnant donc à ce qu’il figure en bonne place des listes recensant les meilleurs romans policiers de tous les temps.

A la suite de ce premier volume, il en écrira entre temps près d’une trentaine, on peut aussi lire « L’héritage des espions », publié en 2018, qui en constitue en quelque sorte la suite.

Les grands prix transformés en livres d’été

Dès le mois de septembre, la saison des prix littéraires s’avance à grands pas et les premières sélections des prix les plus prestigieux sont annoncées à grand renfort de publicité par les éditeurs et tout ce que le secteur de l’édition compte de personnalités influentes. 

Mais, les mois passant, les sélections succédant aux sélections à un rythme effréné, on peut s’être précipité sur le dernier Goncourt ou le dernier Fémina, à l’automne 2024 et n’avoir jamais pris le temps d’en lire autre chose que les compte rendus parus lors de la proclamation des résultats. 

L’été est alors le moment idéal pour remédier à cette subite indifférence. Il est peut-être temps alors de découvrir vraiment le dernier roman de Kamel Daoud.

Houris, de Kamel Daoud, prix Goncourt 2024

Dans ce livre, l’auteur raconte l’histoire d’Aube, une coiffeuse victime des années noires en Algérie. Elle est la seule rescapée de sa famille et elle-même, bien qu’ayant survécu, conserve des atrocités subies, une large cicatrice à la gorge qui la prive de la parole. 

Le sujet est grave, c’est celui des suites de l’indépendance de l’Algérie, et le fait d’en parler sous un angle qui remet en question des certitudes bien acquises n’est pas sans conséquences. Sans surprise, le roman de Kamel Daoud a ainsi suscité de vives polémiques.

Sa commercialisation et sa lecture sont interdites en Algérie et le personnage réel, Saâda Arbane, qui a semble-t-il inspiré celui d’Aube a déposé plainte contre l’auteur pour violation du secret médical.

Plainte qui s’est traduite au final par deux mandats d’arrêt internationaux émis par l’Etat algérien envers Kamel Daoud et sa femme, psychiatre, pour violation de la vie privée.

Ce que révèle le roman de Kamel Daoud, c’est combien un roman peut être dérangeant et combien les années noires de la guerre civile en Algérie de 1992 à 2002 continuent toujours à peser sur les attitudes individuelles et les relations entre Etats.

Mais, si on veut s’adonner à une lecture plus sereine, on peut essayer de deviner le prochain lauréat du prix du roman de la Fnac, le premier des  grands prix à être connu, en piochant dans la liste de sa sélection publiée au début de l’été.

Des trente romans figurant dans cette sélection, nous avons pour notre part, retenu celui d’Adélaide de Clermont -Tonnerre, « Je voulais vivre ». 

Je voulais vivre, d’Adélaide de Clemont-Tonnerre, possible prix du roman de la Fnac 2025

Issue d’une grande famille de la noblesse française, diplômée de Normale Sup, propriétaire du journal  Point de vue, mariée à Laurent Delpech, un temps directeur de France Info, Adélaïde de Clermont-Tonnerre a réussi à se faire un nom en tant que romancière en l’espace d’une quinzaine d’années et après avoir publié quatre romans, dont deux ont été largement récompensés. 

« Je voulais vivre » est son dernier livre. Il prend le parti original de réécrire l’histoire de Milady, l’héroïne malfaisante des trois mousquetaires d’Alexandre Dumas et âme damnée du cardinal de Richelieu. 

Ici, elle devient une femme aux prises avec un monde d’hommes dont la survie et la liberté dépendent de sa capacité à jouer mieux qu’eux dans les allées du pouvoir. Le portrait qu’en dresse Adélaïde de Clermont-Tonnerre ne manquera pas de dérouter les inconditionnels du roman d’Alexandre Dumas. 

Mais, nul doute que celui-ci vaut bien finalement celui du maître du roman historique dont la réalité est tout aussi fictive. Sauf qu’en remaniant l’histoire bien connue des trois mousquetaires et notamment la fin de Milady, Adélaïde de Clermont-Tonnerre en fait un personnage bien actuel dont le combat peut être celui de beaucoup de femmes engagées dans le cursus honorum.  

Les livres d’été, recettes à tout faire

Cela dit, à défaut de trouver son bonheur avec un roman d’amour, un polar ou un grand prix, on peut se rabattre sur une de ces lectures utiles qui préparent un futur voyage, aident à améliorer son intérieur ou encore son épargne. 

Evidemment, ces lectures sont rarement romanesques, raison pour laquelle on a tendance à les laisser un certain temps prendre la poussière sur une étagère de bibliothèque, jusqu’à ce qu’on se décide enfin, lorsqu’arrivent justement les vacances, à en retirer la substantifique moelle. 

On peut en trouver, par exemple, d’excellents dans la bibliothèque de CoolLibri.

 

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