Le rythme d’un livre, c’est exactement comme le rythme d’une symphonie.
Les notes, ce sont vos mots. Les agréger forme la musique de votre livre. Mais point de musique sans rythmique. Ici, une description déployée forme un rythme lent. Là, une action soudaine se traduit par deux ou trois mots qui se choquent.
La partition n’est-elle pas marquée par la mesure pour que tout le monde puisse la jouer et la comprendre ?
Le tempo maintient l’attention de votre lecteur, qui ne pourra s’empêcher d’aller au bout d’un chapitre, marquant la fin de son épisode de lecture.
L’importance du plan et du découpage
Les explorateurs seront probablement mis en difficulté avec le projet du découpage du livre en amont. Mais qu’ils se rassurent, ils savent pertinemment qu’ils devront de toute façon retoucher leur livre de très nombreuses fois, et passer par cette étape.
Rythmer le livre grâce aux chapitres
La structure doit être équilibrée et, comme le cerveau humain a besoin de repères pour se sentir serein et donc attentif, vous créerez des chapitres qui seront bien proportionnés.
Si vous faites un premier chapitre de 100 pages, le deuxième de 30 pages et un autre de 10 pages, vous imaginez sans peine que le lecteur soit troublé et ne comprenne pas comment il doit vivre votre intrigue. Même chose pour un recueil de nouvelles qui auront toutes la même longueur afin de maintenir le rythme général de l’ouvrage.
L’attention de votre lecteur est inconsciemment liée à la forme de votre ouvrage.
Le premier chapitre
Le primordial chapitre déclenche chez votre lecteur l’envie de continuer à vous lire. C’est là que vous dévoilez votre intrigue, mais aussi où l’on découvre votre ton (comique, tragique, romantique) et enfin l’univers du texte. C’est l’ouverture de votre symphonie.
Déciderez-vous d’entrer dans l’action dès maintenant, ou vous lancerez-vous dans de longues explications du contexte ?
Pensez à votre lecteur et imaginez s’il va reposer ou non, le livre sur la table. Si vous le captivez dès le premier chapitre avec l’action, il sera plus à même de chercher à comprendre l’univers du livre.
Haruki Murakami évolue souvent en univers complexe, difficile à appréhender au premier abord. Il utilise l’altérité pour provoquer (parfois) une forme de malaise. C’est un univers à la limite du roman de fiction. Pour remédier à cela, l’intrigue démarre rapidement et il déploie un véritable génie dans la description des lieux pour “ancrer” le lecteur au moment même où il pourrait se perdre dans son monde.
La fin de chaque chapitre est importante
Comme quoi une structure à la façon d’un architecte est quand même bien pratique. Si le plan est préconçu, il sera d’autant plus facile de lier la dernière phrase de votre chapitre à la première phrase de votre chapitre suivant.
Si le lecteur doit suivre deux personnages qui évoluent parallèlement et que votre construction est polyphonique, alors il faudra terminer le chapitre par un retournement de situation, qui poussera le lecteur à aller chercher 2 sections plus loin ce qui arrive à son héros.
Les paragraphes
Nous nous situons au niveau de la lisibilité. Le cerveau a besoin de marquer des pauses visuelles, ou de voir d’autres formats qu’une succession de mots sans fin.
Tony Buzan, le créateur du mindmapping (en français les cartes heuristiques), explique d’ailleurs que le cerveau lit plus naturellement de la droite vers la gauche, qu’il est attiré par les lignes incurvées et non les lignes droites. La rétention d’informations se fait par l’image et la couleur. C’est un concept très intéressant qui nous permet de dire que, pour lire longtemps, il ne faut pas ennuyer notre encéphale avec des pavés de lignes droites noires sur blanc.
Comment faire alors ?
Utiliser les dialogues pour rythmer le livre et casser un visuel monotone
Le dosage des dialogues doit être mis en balance avec l’action, la narration, et les descriptions.
Pour parfaitement maîtriser ses dialogues, il faut s’intéresser de très près au caractère de vos personnages.
Il existe une technique qu’a dévoilée Nadia Bourgeois dans ses cours d’écriture : envoyer une lettre à ses personnages.
Ainsi, vous imaginerez vous-même la réponse à cette missive, et pourrez inventer leur façon de réagir, d’interagir et leur donner un ton et une coloration.
Le chapitre est ce que le temps d’une croche est à la portée : l’unité de mesure. À l’aide du schéma narratif, vous serez capable d’évaluer si votre incipit, votre élément déclencheur, vos péripéties et votre dénouement ont bien un intérêt.
Savoir diluer le temps : l’attente
Dans votre symphonie il y a des moments vifs et des temps lents. Créer la lenteur pour générer l’attente, c’est tout un art. Car le meilleur ami de l’inertie étant l’ennui, comment passer cette étape avec brio ?
Il faut distinguer deux temps : le temps de l’histoire (TH), qui est le temps qui rythme la vie des personnages avec comme unité de mesure, le temps horaire ou annuel.
Et le temps du récit (TR) qui correspond à celui que vous souhaitez passer sur un événement, un chapitre ou un paragraphe.
C’est le parfait métronome pour décider et aussi conceptualiser le rythme de la narration.
- Ménager le suspense, créer un ralentissement : TR > TH.
- Communiquer une impression d’immédiateté et d’intensité : TR = TH.
- Suspendre l’intrigue, donner une information : TH = 0.
Utiliser le mystère
La curiosité fait vendre. Donnez avec parcimonie, dévoilez sans tout montrer. Laissez penser que le meilleur est à la fin.
Créer des sous-intrigues
Pour servir le scénario de fond. Ces éléments de quêtes dans la quête donnent au lecteur l’impression qu’il avance vers le dénouement. Chaque résolution doit apporter des clés pour soutenir l’intrigue générale.
Les intrigues secondaires permettent d’éclairer les relations entre les personnages, de changer le temps de narration ou de point de vue. Pour exemple, les flash-back couramment utilisés dans les mangas.
Vous pourriez en créer :
- Autour des personnages.
- Sur leurs rencontres.
- Avec les lieux.
On apporte de la fraîcheur et de la nouveauté en introduisant un personnage et en variant les lieux : c’est aussi un parfait anti-ennui.
Écrire, c’est réécrire
Quand bien même vous auriez passé un temps fou sur un passage, que vous le trouviez extraordinaire, s’il assassine la rythmique et qu’il rend la lecture cacophonique, vous devriez le réécrire ou le supprimer. Si c’est trop long, coupez. Si c’est trop court, déployez. Et bien sûr, en écriture, autant pour le récit que pour le style, on tend vers la progression. Nos correcteurs sont disponibles pour vous aider dans la création de votre livre.