Faut-il se soucier des pages de garde quand on pense à l’habillage de la couverture d’un livre ?


Ah bon ! Les pages de garde, ça peut servir à quelque chose quand on doit penser à l’habillage de la couverture d’un livre ? Et, puis d’abord, c’est quoi, en fait, une page de garde ?

Autant de questions qu’on peut se poser quand, tout d’un coup, au moment d’envoyer le fichier quadrichromie ou Word de son livre à son éditeur ou à son imprimeur. En général, quand il s’agit d’un éditeur, on ne s’en préoccupe quasiment pas, sauf s’il s’agit d’un album pour la jeunesse. Mais, quand il s’agit d’autoédition ou d’édition à compte d’auteur, mieux vaut y avoir pensé un minimum, avant.

Ne serait-ce que pour bien l’intégrer, entre autres, dans son logiciel d’écriture On peut donc légitimement s’interroger sur le rôle des pages de garde. Comme le fait, par exemple, Françoise Le Boular, une critique avisée : 

Anodines, les pages de garde ? Inaperçues, peut-être, discrètes, mais jouant un rôle plus subtil qu’il n’y paraît.  

Les pages de garde, qu’est-ce que c’est ? 

Il faut commencer par le commencement et, avant de chercher à savoir quels rôles peuvent jouer les pages de garde dans l’habillage de la couverture d’un livre, il faut savoir de quoi on parle. On dit pages de garde, au pluriel, parce qu’elles sont de deux sortes. Il y a les pages de garde placées au début d’un livre et les pages de garde placées à la fin du même livre.

Quelque fois, on dit feuillet plutôt que pages. Ce qui est techniquement plus juste, mais moins clair pour les non-techniciens.

Les pages de garde, qu'est-ce que c'est ? 
Les pages de garde, qu’est-ce que c’est ?

Bon, très bien, les pages de garde sont au début et à la fin d’un livre, mais comment et où exactement ? S’il s’agit notamment d’un livre relié, la réponse est facile. Les pages de garde au début du livre, ce sont celles qui correspondent à la page qui est collée sur la couverture et à celle qui précède la page titre ou la page faux titre.

 

 

Différentes dénominations des pages de garde

On l’aura compris, les deux pages correspondent aussi à un feuillet plié en deux. C’est pourquoi, on parle aussi de feuillet de garde. Même chose pour la fin d’un livre relié. Par suite, il y a la page collée à la couverture et celle qui précède le début du texte ou sépare la fin du texte de la couverture.

Pour la première, on peut dire également garde avant. C’est un synonyme. Quant à la dernière, collée sur le recto et qui contribue, de même, à l’habillage de la couverture d’un livre, on parle de garde arrière.

Cela dit, même un livre non relié peut avoir ses pages de garde. Au début et à la fin. elles se situent alors, tout bonnement, entre la couverture et le début ou la fin du texte. Avant le titre et après le mot fin.

Bref, en deux mots, les pages de garde sont des pages supplétives. En général, elles sont là, toutes blanches, et apparemment, on n’en fait rien. On se dit alors que c’est un truc d’imprimeur.

Voir même, qu’on gaspille inutilement du papier. C’est là qu’il faut revenir à l’interrogation de Françoise Le Boular qu’elle pose dans un excellent article de recherche bibliographique intitulé : « Dans le secret des pages de garde« .

 

Le rôle des pages de garde dans l’habillage de la couverture d’un livre

Techniquement, les pages de garde ont pour but de renforcer le lien entre la couverture et le texte. Autrement dit, d’éviter que la couverture et le texte finissent par se désolidariser. Comme tout lecteur le sait, ce n’est franchement pas terrible. Quand, malgré tout, ça arrive.

 

Le rôle des pages de garde dans l'habillage de la couverture d'un livre
Le rôle des pages de garde dans l’habillage de la couverture d’un livre

 

Ainsi, la première page de garde d’un livre relié correspond ainsi à la première page du premier cahier collée tout simplement sur le verso de la couverture. Et quand c’est bien fait, peu de chances que ça se défasse. 

Mais indépendamment de ce rôle technique. Autant en profiter pour que l’habillage de la couverture d’un livre, avec les pages de garde, puisse jouer d’autres rôles comme le rappelle très justement Françoise Le Boular.

 

Pages de garde des albums pour la jeunesse

Dans les albums pour la jeunesse, sujet de prédilection de Françoise Le Boular, les pages de garde jouent un rôle irremplaçable dans l’imaginaire des jeunes lecteurs. En effet, les pages de garde y sont illustrées et leurs illustrations reprennent des éléments du texte de l’album.

 

Pages de garde des albums pour la jeunesse
Pages de garde des albums pour la jeunesse

 

Ces éléments peuvent être ainsi des personnages ou des objets défilant, de manière répétitive, comme sur le papier peint collé sur les murs d’une chambre d’enfant, par exemple. Ce peut être aussi carrément une illustration d’ensemble ou une vue panoramique annonçant, dans un cas, le texte à venir et, dans l’autre, synthétisant, de manière imagée, la morale de l’histoire ou son idée générale. Rien donc d’anodin et quelque chose de nature subliminale.

 

Pages de garde des livres reliés

Pour ce qui est des livres reliés, les pages de garde sont souvent l’occasion d’exprimer l’esthétisme du relieur. Les motifs que reproduisent les pages de garde leur donnent souvent l’aspect de papiers peints avec des motifs or, argent ou encore, avoir une texture qui fait penser à de la soie.

 

Pages de garde des livres reliés
Pages de garde des livres reliés

 

Si on prend, par exemple, un livre ancien, comme Les fêtes galantes, de Paul Verlaine, beau in-8, en demi-reliure de basane maroquinée, avec des illustrations de Paul Bécat, et publié en 1953, par Le livre de qualité, on ne manquera pas d’être surpris par ses pages de garde.

D’abord, on en compte trois entre la couverture et la page du faux titre, puis encore trois, entre cette page et la page de titre. Six en tout donc avant de débuter la lecture des poèmes de Verlaine. Cela peut paraître beaucoup, mais s’agissant d’une impression sur du papier vélin de Lana d’une certaine épaisseur, ressemblant à du parchemin, techniquement, ça peut se comprendre. 

Mais surtout, ces pages sont l’occasion de créer une atmosphère. Les deux premières ressemblent à un papier peint moiré d’un beau rouge rubis. Quant à celle qui précède la page titre et lui fait face, elle est ornée d’une belle gravure de Paul Bécat qui en illustre finement ce que peuvent être ces fêtes galantes.

Enfin, le nombre de pages n’est pas anodin. Les tourner prend un certain temps. Surtout qu’elles sont épaisses. Celui, nécessaire justement, pour entrer dans l’atmosphère créée par les poèmes.

 

L’essentiel sur les pages de garde et leur rôle dans l’habillage de la couverture d’un livre

Les pages de garde sont loin d’être anodines. Elles jouent un rôle certes technique, mais aussi de subtile « mise en bouche » et d’aide-mémoire. Elles constituent donc un support de plus à l’écriture. Cela, quand les pages de garde ne sont pas vierges, bien entendu. Comme c’est le cas le plus fréquent.

Cependant, quand les pages de garde sont des pages blanches, notons simplement que ce sont des « pages-services » bien utiles. 

 

Écrire les dédicaces
Écrire les dédicaces

 

C’est, en effet, sur ces pages qu’un auteur pourra écrire les dédicaces demandées par ses lecteurs ou encore donner ses références, si son texte est un mémoire, un rapport ou une thèse. Sans oublier que c’est sur ces pages qu’un bibliophile averti imprimera son ex-libris.

En somme, les pages de garde sont, comme le dit si bien Françoise Le Bouar dans l’article précité, des pages sans être des pages, dans un espèce d’entre-deux qui relie la couverture d’un livre au texte qu’elle habille. Et pour cette raison, il convient de bien réfléchir au rôle qu’on veut leur faire jouer avant de faire le choix d’une couverture pour son livre. Surtout quand on sait combien une couverture de livre est déterminante pour les lecteurs. 

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