Le mot magie est très évocateur. Et écrire un livre de magie, encore plus ! De sorte que suivant l’état d’esprit dans lequel on se trouve, le mot peut renvoyer à des réalités extrêmement différentes. Si on s’en tient à la définition qu’en donne le Larousse, la magie, c’est :

Un ensemble de croyances et de pratiques reposant sur l’idée qu’il existe des puissances cachées dans la nature, qu’il s’agit de se concilier ou de conjurer, pour s’attirer un bien ou susciter un malheur, visant ainsi à une efficacité matérielle. 

Question : comment écrire un livre de magie, si on ne fait pas partie de ceux qui pensent détenir un savoir magique ? Si son seul but est d’écrire une nouvelle ou un roman se déroulant dans un contexte magique ? Dans ce dernier cas, celui qui nous intéresse, comment faut-il s’y prendre ? Et d’abord, pour quoi faire ?

 

Pourquoi écrire un livre de magie ?

De notre point de vue, il ne s’agit donc d’écrire, ni un grimoire avec des formules incantatoires, ni un manuel de tours de passe-passe. Et encore moins, d’écrire un livre de développement personnel ou un guide de pratiques alternatives. En ce qui concerne ce dernier type, tous les genres sont possibles, de l’art de se faire des amis à celui de se créer un environnement favorable.

La magie y est implicite, mais l’approche, on ne peut plus raisonnable. Non, il s’agit bien d’écrire un livre avec réellement de la magie, mais sous une forme romanesque. 

 

Pourquoi écrire un livre de magie
Pourquoi écrire un livre de magie

 

Concourir pour l’une des catégories du Grand Prix de l’Imaginaire

Même ainsi réduit, le secteur qu’il recouvre est encore très vaste. C’est celui qu’on a pris l’habitude de qualifier de littérature de l’imaginaire. Laquelle a son Grand Prix depuis 1974.

Au début, il s’agissait du Grand Prix de la Science-Fiction. Ce n’est qu’en 1992 qu’il a été rebaptisé et qu’il a pris le nom de Grand Prix de l’Imaginaire, GPI pour les intimes, qu’on lui connait maintenant. Et cela, parce que les ouvrages qu’il récompense ne sont plus seulement de science-fiction, mais peuvent être aussi de fantastique, d’horreur ou de fantasy.

 

Suivre l’exemple donné par les auteurs primés

Il suffit d’examiner le palmarès de ses principales catégories, il y en a au total une douzaine, pour se faire une idée de ce qui « marche », en ce moment, dans ce domaine. Dans la catégorie roman francophone, par exemple, on a ainsi pour : 

  • 2021, Le sanctuaire, de Laurine Roux.
  • 2020, Les furtifs, de Alain Damasio.
  • 2019, Le cycle de Syffe, de Patrick K. Dewdney.

 

Le sanctuaire, de Laurine Roux, 
Le sanctuaire, de Laurine Roux

 

Autre exemple, également intéressant, celui de la catégorie nouvelle francophone, où ont été primés en :

  • 2021, Toxiques dans les prés, de Claude Ecken.
  • 2020, Helstrid, de Christian Léourier.
  • 2019, La déferlante de mères, de Luc Dagenais.

 

Helstrid, de Christian Léourier
Helstrid, de Christian Léourier

 

Enfin, derniers exemples, dans la catégorie roman pour la jeunesse, avec en : 

  • 2021, Steam sailors, de E.S Green.
  • 2020, L’arrache-mots, de Judith Bouilloc.
  • 2019, Roslend, de Nathalie Somers.

 

Steam sailors, de E.S Green
Steam sailors, de E.S Green

 

S’inspirer des auteurs à succès

J.K Rowling et la série des Harry Potter

Evidemment, sans se creuser la tête, on peut immédiatement penser à la célébrissime série des Harry Potter, de la non moins fameuse J.K Rowling. D’une certaine façon, on peut considérer que cette série, dont chaque tome correspond à une année d’études dans l’inoubliable école Poudlard, est un sorte d’archétype du livre de magie, tel qu’on l’a précédemment défini. 

 

Harry Potter
Harry Potter

 

En tout cas, les sous-titres de chaque tome sont, on ne peut plus, explicites. Pour le premier, on a « L’école des sorciers », pour le second, « La chambre des secrets », pour le troisième, « Le prisonnier d’Azkaban », etc.

 

Le Petit prince, d’Antoine de Saint-Exupéry

Eh, oui ! Ce non moins célébrissime roman, dont on peut dire que le public va de 7 à 77 ans, tant il s’adresse à tous les âges, est, en effet, « bourré » d’allégories et les histoires des deux principaux protagonistes ne sont rien moins que magiques. 

 

Le petit Prince
Le petit Prince

 

En résumé, qu’est-ce qu’on aime dans un livre de magie ?

Pour répondre à cette question, on peut s’inspirer, cette fois, de l’incipit du prologue à Steam Sailors, de E. S Green quand elle écrit :

On situe cette histoire au début du Vème siècle après la grande fracture. La date exacte des évènements sera laissée à la libre imagination du lecteur, qui devra souvent faire appel à sa fantaisie, s’il suit ce récit. S’il ne goûte guère l’absurde, l’impossible, l’irrationnel, l’illogisme et le fantasque, alors il lui faut abandonner ici la lecture. 

Certes, ça en dit long, en peu de mots, sur ce que c’est qu’un livre de magie et pourquoi on en écrit un, mais, concrètement, comment fait-on ?

 

Comment écrire un livre de magie ?

Puisqu’il n’y a pas de magie sans secrets, quels peuvent donc être les secrets qu’il faut connaître pour écrire un livre de magie, mais surtout pour le réussir. Disons-le tout de suite, il y en a au moins cinq.

 

Secret de la cible, c’est-à-dire comment choisir son public

Le premier secret est celui de la cible. Autrement dit, à qui veut-on s’adresser ? A un public jeune adulte, comme on dit souvent, pour parler d’un public ado, lequel s’étend facilement de 12 à 18 ans. A un public adulte-adulte. Ou encore, à un public caractérisé par son genre ou son ethnicité ?

 

Comment écrire un livre de magie
Comment écrire un livre de magie

 

Ce choix est primordial. D’abord, parce qu’on n’écrit bien que sur ce que l’on comprend bien. Ensuite parce que chaque public a ses problématiques qui lui sont propres. Les problématiques d’un public sénior, le vieillissement, la fin de vie, les regrets et les remords, n’intéressent qu’à la marge un public jeune adulte.

En ce qui concerne ce dernier, on n’obtiendra d’autant plus son attention qu’on lui donnera des clefs qui l’aideront à guider son existence. A noter qu’il est plus facile d’écrire un livre de magie pour un public jeune adulte que pour un public adulte-adulte. En effet, il est des âges plus propices ou réceptifs que d’autres aux rêves et à l’imaginaire.

 

Bien choisir son univers

C’est un autre des secrets pour écrire un livre de magie. Evidemment, mieux vaut écrire une histoire qui se déroule dans un univers qu’on aime, plutôt que dans un qu’on déteste. Ce qui ne signifie en rien que cet univers doit être toujours plaisant.

Non, mais ses règles de fonctionnement, ses mondes, sa société, ses langues, ses animaux, constituent un ensemble dans lequel l’auteur doit se mouvoir avec aisance et cohérence.

 

ISABELLE BAUTHIAN
Isabelle Bauthian

 

Comme le dit Isabelle Bauthian, auteur des Rhéteurs : 

Ce n’est pas parce que votre monde n’est pas réaliste qu’il ne doit pas être cohérent : la magie, le bestiaire, le climat … tout obéit à des règles que vous n’avez pas à divulguer, mais qu’il vous faut connaître pour offrir un réel immersif. 

Pour vous y aider, vous pouvez vous reporter à tous ces ouvrages qui traitent avec grand sérieux, voire avec un grand souci de recherche, d’alchimie, d’astrologie, de magie blanche, et pourquoi pas, de physique moderne. Les règles, les pratiques et les effets attendus y foisonnent.

 

Secret de la thématique

On n’écrit pas pour rien. La description d’un univers, si génial soit-il, ne suffit pas à faire un livre de magie. En vérité, cet univers n’est, d’une certaine façon, qu’un prétexte pour voir les choses différemment, en changeant d’angles et de perspectives.

Par suite, les thèmes qu’on y expose renvoient à des sujets bien réels et bien contemporains.

Comment y traite-t-on, par exemple, les différences entre les êtres ? Qui y exerce le pouvoir ? Comment s’y règlent les conflits ? Etc.

 

ESTELLE FAYE
Estelle Faye

 

Autrement dit, ainsi que le précise Estelle Faye, auteur des Seigneurs de Bohen : 

Soyez sincère, écrivez sur ce qui vous parle, ce qui vous tient à coeur. Et en même temps, sortez de votre zone de confort, sortez de votre carcasse, essayez toujours de voir plus loin, d’élargir l’horizon.

Pas mal, non ? Et là, on comprend bien pourquoi de générations en générations on écrit toujours des livres. Il s’agit toujours des mêmes thèmes, mais sous des angles toujours nouveaux et différents. C’est ce qui les rend plus parlant aux dernières générations. Mais, pour le reste, l’Illiade, l’Odyssée, la Bible, le Mahâbhârata, et bien d’autres grands ouvrages anciens, sont, de ce point de vue, des références incontournables.

 

Bien rédiger 

Faut-il encore le rappeler ? Ce n’est pas parce que ce qu’on écrit se déroule dans un univers magique qu’il faut écrire n’importe comment. Et, le premier secret d’un livre réussi, de magie, ou pas, est d’être écrit de manière parfaite sur le plan syntaxique. Un vocabulaire approximatif, une grammaire mal maîtrisée, des phrases mal tournées, sont rédhibitoires pour tout éditeur qui se respecte.

S’imaginer que cet aspect de l’écriture est sans importance est indubitablement une erreur. Par suite, si on ne se sent pas en mesure d’écrire correctement, le remède est facile à trouver. Il ne faut pas hésiter, tout simplement, à se faire corriger et à s’entraîner pour réduire son handicap.

Car, sans conteste, c’est un handicap. 

La clarté doit être le maître mot.

 

FABIEN CERUTTI
Fabien Cerutti

 

dit Fabien Cerutti, auteur du Batard de Kosigan. En cela, il ne fait que remettre ses pas dans ceux de Nicolas Boileau. Dont tout écrivain se doit de connaître cette citation célèbre : 

Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement.

Ce qui revient à dire qu’il y a de forte chances pour qu’un texte mal rédigé soit aussi un texte mal pensé et donc de peu d’intérêt. Sinon d’apporter un certain témoignage. Comme bien d’autres. Dans ce domaine il n’y a pas de spontanéité qui vaille. D’autant qu’on peut toujours trouver ailleurs d’autres textes « spontanés », avec une thématique, identique ou comparable, et une rédaction parfaite.

Ajoutons même, qu’un texte excellemment rédigé constitue un réel plaisir en soi indépendamment de ce qu’il raconte. Car les mots ont leur musicalité propre … Mais, cela est déjà un autre sujet. En résumé, quoi qu’on écrive, il faut bien le rédiger.

 

Morale de l’histoire

Dernier secret qui rejoint le troisième, celui de la thématique. Où on dit qu’on n’écrit pas pour rien. Cela concerne bien sûr les péripéties. Mais, on ne saurait trop conseiller de veiller à construire son récit en respectant les composantes d’un schéma narratif.

Il y a ainsi une situation initiale, un élément déclencheur qui la bouleverse, des péripéties que ce bouleversement entraîne, pour aboutir à un climax et à une nouvelle situation. Cette dernière constitue la morale de l’histoire. La raison ultime pour laquelle on l’a écrite.

 

MANON FARGETTON
Manon Fargetton

 

Cette fin est si importante que Manon Fargetton, auteur des Illusions de Sav-Loar, dit pour sa part que : 

Réfléchir d’emblée à votre fin vous aidera à mieux définir votre début.

Le fait est.

 

Ecrire un livre de magie, c’est écrire pour un secteur porteur

On pourrait croire que le secteur de l’édition n’est pas en bonne santé quand on regarde certaines statistiques. Chiffres d’affaires stagnants, tirages moyens en baisse, etc. Mais, si on va dans les détails, on s’aperçoit que tous les secteurs n’évoluent pas de la même façon. En tout cas, une chose est certaine, la littérature de l’imaginaire, sous ses formes, audio, BD, numériques, romans, nouvelles, se porte plutôt bien. 

Résultat, beaucoup d’appelés, mais comme toujours, peu d’élus. Donc, si on veut percer dans ce secteur porteur, surtout quand on écrit pour un public jeune adulte, il est ultra conseillé de prendre le temps de bien y réfléchir avant d’écrire un manuscrit et, surtout, de l’envoyer à un éditeur. Ou de l’autoéditer, quand on sait combien l’autoédition peut constituer une excellente porte d’entrée pour se faire connaître.

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