Comment le point de vue omniscient peut m’aider à démarrer mon roman


Le point de vue adopté pour raconter une histoire n’est pas une mince affaire. Faut-il dire « je », « il », « tu »ou « nous » ? Et « il », comment ? « il » en parlant de soi ou « il » en parlant de lui ? La question posée est tellemenent épineuse qu’elle peut devenir un obstacle, quasi insurmontable, pour beaucoup d’auteurs. Pour sortir de l’impasse, autrement dit de la page blanche où la plupart finissent par échouer, il faut se rappeler, qu’après tout, l’auteur est tout puissant. C’est lui qui décide. De ce que sont ses personnages, de ce qui leur arrive, de comment ça a commencé et de comment ça va finir. En bref, son point de vue est, fondamentalement, un point de vue omniscient. Alors, comment bien se servir de ce point de vue naturel pour lancer son récit et le mener jusqu’à son terme ?

Définition des différents points de vue narratifs  

Le point de vue narratif dépend de la place donnée au narrateur dans le récit. Ce qui revient à se demander qui est le narrateur, qui est celui qui raconte l’histoire. Pour faire simple, ou court, il y a deux grands types de narrateur. Le narrateur interne et le narrateur externe.

Le narrateur interne

Il fait partie des personnages du récit. En principe, il se signale par l’emploi du pronom « je ». Ce « je » peut être celui de l’auteur ou celui d’un personnage de fiction. Cela dépend du genre littéraire. Et il raconte tout ce qui lui arrive et ce qu’il en pense. Mais, il peut aussi être remplacé par un « il ». Dans ce dernier cas, il frôle alors le dédoublement de personnalité. On peut compliquer le tout, en gardant le même point de vue, mais en passant d’un personnage à un autre.

 

Le narrateur interne
Le narrateur interne

 

Le risque, c’est que l’auteur du récit et ses lecteurs finissent par s’y perdre. Pas très cool ! Mais, des auteurs comme Virginia Woolf ont su atteindre des sommets littéraires dans la description de la subjectivité des individus, en adoptant systématiquement ce point de vue. A noter que, par ailleurs, c’est un bel exemple de l’influence des idées humanistes dans un environnement romanesque.

Le narrateur externe 

C’est souvent le point de vue le plus simple. Il y a cependant deux façons de le considérer.

Le narrateur « caméra »

La première est celle de la « caméra ». Le narrateur joue le rôle d’une caméra. Il regarde ce qui se passe et le raconte. Sans parti pris, ni interprétation. Il est neutre et objectif. C’est le point de vue  du journaliste qui assiste à un évènement, se contente de rendre compte, par exemple, des costumes portés par les personnes qu’il croise et s’efface lui-même en tant que personne. Le « il » règne en maître dans le récit et l’ensemble peut être, évidemment, empreint d’une certaine sécheresse. Et il faut tout l’art et le savoir-faire d’un Gustave Flaubert, quand il présente, par exemple, les deux héros de son roman Bouvard et Pécuchet, pour qu’il n’en soit pas ainsi. Ou alors, faire partie d’un roman policier et être un élément des actions qui composent son intrigue.

 

Le narrateur externe 
Le narrateur externe

 

La seconde est celle du narrateur omniscient. Le narrateur sait tout ; c’est l’étymologie même du mot omniscient ; de ses personnages, de ce qu’ils pensent, de leur passé, de leur futur, et le fait savoir à ses lecteurs. Tout cela peut créer quelque chose d’assez désincarné et finalement, de peu empathique. A utiliser donc avec une certaine modération. En tout cas, avec habileté.

 

Le narrateur sait tout
Le narrateur sait tout

 

Comment se servir du point de vue omniscient pour booster son récit

L’analyse des points de vue narratifs est un des sujets de prédilection des critiques littéraires et leurs distinctions peuvent être extrêmement détaillées. Mais, si on veut rester pratique, le point de vue omniscient est un des plus productifs. A condition de savoir l’utiliser correctement et à bon escient. En effet, il présente au moins deux intérêts. 

Rédiger un plan, un scénario ou un synopsis avec un point de vue omniscient

Avant et après la rédaction proprement dite, notamment, d’un roman, le point de vue omniscient est de service.

Point de vue omniscient avant de commencer la rédaction d’un texte

Il est rare que son auteur ne réfléchisse pas à l’ensemble de ce qu’il va écrire. Et s’il ne le fait pas d’emblée, on ne peut que lui recommander de le faire. Cette réflexion peut prendre diverses formes. Cependant, d’une manière générale, on la formalise dans un plan ou dans un scénario. Plus ou moins développées, certes, mais l’une et l’autre de ces formalisations expriment nécessairement un point de vue omniscient. Car, l’auteur y annonce tout le cheminement qui va constituer le corps de son roman et les raisons pour lesquelles il va suivre tel cheminement et pas tel autre. 

Point de vue omniscient après avoir inscrit le mot fin sur la dernière page de son manuscrit

Après cette page, commence alors pour l’auteur le long voyage pour le faire publier. Et là, il va lui falloir rédiger d’autres textes à l’attention, en particulier, des éditeurs potentiels. S’il a le souci d’être efficace, ces derniers sont sélectionnés en fonction de l’adéquation entre leur ligne éditoriale et le genre littéraire qu’il a choisi. Pour cela, il lui est conseillé de rédiger un synopsis du texte qu’il veut envoyer à ces éditeurs. Et forcément, dans ce synopsis, qui est joint à son envoi, il va décrire, brièvement et en cherchant à répondre aux attentes de son destinataire, tout ce qui fait l’intérêt de son texte. Ici aussi, le point de vue à adopter est le point de vue omniscient.

Donner de la cohérence à un récit avec un point de vue omniscient

Dans une pièce de théâtre

Cela dit, quel que soit le genre de récit et son mode narratif principal, il peut être très utile d’y insérer des phases réservées à un point de vue omniscient. C’est pratiquement incontournable lorsqu’on écrit une pièce de théâtre

En effet, dans ce cas précis, il faut bien donner des indications aux acteurs et au metteur en scène qui vont leur permettre de jouer la pièce en respectant les intentions de son auteur. Ces indications vont être formalisées dans les apartés et les didascalies

Dans un film

Il en est de même pour le tournage d’un film ou l’envoi d’un scénario à une société de production. Dans ce cas, on parle plutôt de script et de synopsis. Ce dernier est naturellement différent de celui que l’on peut faire pour un roman. Les objectifs sont différents. Pour un film, l’objectif d’un synopsis est de donner tous les détails nécessaires pour faciliter la réalisation du film.

Bien évidemment, mieux vaut savoir à l’avance ce que doit être le message à délivrer, ses tenants et ses aboutissants, ce qui est le propre du point de vue omniscient, pour que le film, une fois réalisé, corresponde bien à ce que veut démontrer l’auteur du script ou du synopsis.

Pour un roman

Dans un roman, quel qu’il soit, le point de vue omniscient a sa place réservée dans le prologue ou dans l’épilogue quand ils existent. Quand le prologue dessine le contexte avant que le roman ne commence, l’épilogue, à l’inverse, donne aux lecteurs de quoi satisfaire leur curiosité sur ce que vont devenir, après coup, les personnages principaux du roman. Dans un cas comme dans l’autre, ce ne peut être fait que par un narrateur omniscient.

En résumé

Les points de vue narratifs font régulièrement l’objet des analyses des critiques littéraires. Soit pour en faire une classification la plus fine possible, soit pour servir de base à l’analyse d’un auteur particulier. Ou encore pour illustrer des aspects de sémiotique littéraire ou de sociologie de la littérature. Cela dit, plus généralement, un point de vue narratif se distingue plus particulièrement des autres, c’est le point de vue omniscient. La raison en est simple.

C’est, en réalité, un point de vue très polyvalent. Certes, il n’est guère recommandé de rédiger entièrement de ce point de vue. Mais, on peut l’employer, sans façons, à de multiples occasions et dans de nombreux contextes. De ce fait, c’est un point de vue très pratique qui permet de renforcer la cohérence des textes et, le cas échéant, leur mise en scène, par les informations primordiales qu’il donne et qui en facilitent la compréhension. Un peu comme une ponctuation.

 

 

 

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